mourir
5e édition
MOURIR.
v. n. Conjugaison : Je meurs, tu meurs, il meurt Nous mourons, vous mourez, ils meurent. Je mourois. Je mourus. Je mourrai. Meurs. Que je meure. Je mourrois. Que je mourusse.■
Cesser de vivre. Mourir d’une mort naturelle. Mourir de mort violente. Mourir de vieillesse. Mourir de maladie. Mourir d’un coup d’épée. Mourir subitement. De quoi est-il mort ? Il est mort d’apoplexie, d’une fluxion de poitrine. Mourir en chartre. Il va mourir. Il s’en va mourir, il s’en va mourant. Mourir avec fermeté. Mourir en homme de cœur, en Philosophe, etc. Mourir chrétiennement. Mourir en homme de bien. Mourir en bon Chrétien. Mourir comme un Saint. Mourir dans la grâce de Dieu. Mourir de la mort des Justes. Il faut bien vivre pour bien mourir. Jésus-Christ est mort pour tous les hommes.
On dit, Mourir de sa belle mort, pour dire, De sa mort naturelle ; Mourir au lit d’honneur, pour dire, Être tué à la guerre en faisant son devoir ; et, Mourir dans les formes, pour dire, Mourir en se faisant traiter selon les règles ordinaires de la Médecine. Il est ironique et du style familier.
On dit, qu’On a fait mourir un homme, pour dire, qu’Il a été exécuté à mort par autorité de Justice.
On dit, Mourir tout en vie, pour dire, Mourir d’une maladie vive et prompte ; être emporté par la violence du mal, lorsqu’on a encore toute la force et la vigueur que l’on avoit en santé.
On dit d’Un homme qui meurt en souffrant de grandes douleurs, qu’Il meurt martyr.
On dit d’Un homme mort sans vouloir témoigner le moindre repentir de ses fautes, Il est mort comme un chien. Il est du style familier.
On dit proverbialement, Mourir d’une belle épée, pour dire, Succomber sous un ennemi à qui il est glorieux de céder.
On dit encore proverbialement, Va où tu peux, mourir où tu dois, pour dire, Que quelque chose qu’on fasse, on ne sauroit éviter sa destinée.
On dit, qu’Un homme mourra dans sa peau, pour dire, qu’Il ne changera jamais ses mauvaises habitudes. Il est familier.
On dit par menace, Il ne mourra que de ma main, pour dire, Je le tuerai.
On dit, pour marquer qu’On ne veut point démordre de ce qu’on a entrepris, Je viendrai à bout de mon dessein, ou je mourrai à la peine.
On dit, quand on demande des assurances de quelque chose par écrit, On ne sait qui meurt, ni qui vit.
On dit proverbialement, Les envieux mourront, mais non jamais l’envie.
On dit, Nous mourons tous les jours, pour dire, Chaque jour nous avançons en âge, nous faisons un pas vers la mort.
On dit encore proverbialem. qu’Un lièvre va toujours mourir au gîte, pour dire, qu’Après avoir beaucoup voyagé, on est bien aise de retourner dans son Pays.
On dit, que Les Communautés ne meurent point, pour dire, qu’Elles se renouvellent sans cesse, et que le corps de la société entière ne meurt jamais.
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Mourir, se dit aussi par exagération. Ainsi l’on dit : Mourir de chaud. Mourir de froid. Mourir d’impatience. Mourir de chagrin, d’inquiétude. Je meurs de faim, de soif. Vous devriez mourir de honte. Mourir de douleur, de regret. Il meurt mille fois le jour. Cela le feroit mourir de joie. Il pensa mourir de rire. Il meurt d’amour pour cette femme-là. Il meurt d’envie de le voir. Mourir d’ennui. S’ennuyer à mourir.
On dit proverbialement et figurément, Vous me faites mourir, pour dire, Vous m’affligez beaucoup, vous m’impatientez extrêmement.
On dit par forme de serment, Je veux mourir, que je meure tout présentement, si cela n’est comme je vous le dis.
On dit d’Un homme qui traîne ses paroles, et qui parle trop lentement, que Les paroles lui meurent dans la bouche.
On dit d’Un homme qui quitte le monde, pour vivre dans la retraite et dans les exercices de piété, qu’Il est mort au monde.
On dit d’Un homme condamné au bannissement ou aux galères perpétuelles, qu’Il est mort civilement, pour dire, qu’Il est privé à jamais des droits et des avantages de la société.
On dit aussi des Religieux et des Religieuses, qu’Ils sont morts civilement, pour dire, qu’Ils ont renoncé pour toujours aux droits et aux avantages de la société.
On dit à peu près dans le même sens, Mourir au péché. Mourir au vice. Mourir à ses passions.
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Mourir, se dit aussi Des choses morales, des passions, des productions de l’esprit, et des ouvrages de l’art. Sa gloire, sa mémoire, son nom ne mourra jamais. Les ouvrages de cet Auteur, de ce Peintre, de ce Sculpteur, ne mourront jamais. Ses passions ne durent guère, elles meurent bientôt ; on dit en ce sens, Faire mourir le péché en soi, faire mourir ses passions.
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Mourir, se dit aussi Des arbres et des plantes. Ces arbres ne viennent pas bien dans les sables, ils y meurent tous. J’avois planté des poiriers, des pommiers, qui sont morts. Le froid, la sécheresse les a fait mourir.
Il se dit encore De certaines choses dont le mouvement finit peu-à-peu. Ce feu mourra, si l’on n’y met du bois. Laisser mourir le feu. Laisser mourir un sabot. Le boulet de canon vint mourir là. La boule est allée mourir au but.
Il se dit pareillement De plusieurs choses qui finissent par une dégradation insensible, comme les sons, les couleurs, etc. Il faut, lorsque l’on peint, que les couleurs se perdent en mourant les unes dans les autres.
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Mourir, s’emploie aussi avec le pronom personnel, et alors il signifie, Être sur le point de mourir ; mais en ce sens il ne se dit guère qu’au présent et à l’imparfait de l’indicatif. Je me meurs. Il se mouroit. Votre feu se meurt. Votre chandelle, votre lampe se meurt.
On dit aussi figurément, Se mourir d’amour, se mourir de peur.
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Mort, orte. participe. Il est mort. Il a ordre de le prendre mort ou vif. Il est aussi adjectif.
On dit d’Un malade ou d’un moribond, de la guérison duquel on désespère, C’est un homme mort.
On dit qu’Une personne a le teint mort, les yeux morts, les lèvres mortes, pour dire, qu’Elle a le teint décoloré, les lèvres pâles, les yeux éteints.
On appelle Chair morte, Une chair p. 136insensible, qui est dans les escarres des plaies, ou qui tient encore au corps de l’animal.
On dit d’Un médisant, d’un fanfaron, d’un grand parleur, à qui il est arrivé quelque mortification qui l’empêche de parler aussi librement qu’à l’ordinaire, qu’Il a la gueule morte. Il est populaire.
On dit familièrement, Frapper sur quelqu’un comme sur bête morte, pour dire, Le frapper outrageusement.
On dit, en parlant de Certaines choses que l’on n’épargne point, parce qu’on en retrouve facilement de semblables, La mère n’en est pas morte. Il est populaire.
On dit proverbialement, Morte la bête, mort le venin, pour dire, que Quand un ennemi est mort, il ne peut plus nuire.
On dit proverbialement, qu’Un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort.
On dit, Cote morte, pour dire, Les meubles qu’un Religieux laisse en mourant, et tout ce qui est provenu de ses épargnes. Il y a un procès pour la cote morte d’un tel Religieux.
On appelle en termes de Pratique et de Jurisprudence, Gens de mainmorte, Les gens d’Église, les Communautés séculières ou régulières, les Hôpitaux, les Couvens, etc. Et l’on dit, qu’Une terre est en mainmorte, pour dire, qu’Elle est possédée par des gens d’Église, à raison de leurs Bénéfices.
On appelle aussi absolument, Mainmortes, Les gens d’Église qui possèdent des Domaines en France. Les Mainmortes ne peuvent acquérir aucun Domaine sans la permission du Roi.
On dit familièrement d’Un homme qui frappe rudement, qu’Il n’y va pas de main morte. On le dit aussi figurément d’Un homme qui se porte à quelque chose avec ardeur.
On appelle Eau morte, De l’eau qui ne coule point, telle que celle des étangs ; et, Morte eau, La saison des marées les plus basses : ce que l’on dit par opposition au Vif de l’eau, qui se dit Des marées quand elles sont les plus hautes. Nous sommes en morte eau.
On appelle aussi Argent mort, De l’argent dont on ne tire aucun profit.
On dit, Saison morte, en parlant de Certains temps de l’année où le commerce, les affaires, le débit, ne sont pas si vifs que dans un autre temps. Le temps des Vacations est une saison morte pour les affaires du Palais. On dit plus communément dans ce sens, Morte saison.
On appelle, en termes de Gruerie, Mort-bois, Les épines, les ronces et le bois blanc, qui ne peuvent servir aux ouvrages ; et, Bois mort, Tout le bois qui est effectivement séché sur pied, et qui ne tire plus aucune nourriture de la terre.
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Mort, est quelquefois substantif. Enterrer les morts. Ensevelir les morts. Il a eu la charge du mort. Prier Dieu pour les morts. Le service des morts. Oraison pour les morts. Quand Dieu viendra juger les vivans et les morts. Le jour des morts. L’Office des morts. Il ne faut point insulter aux morts. Après le combat, il fut trouvé parmi les morts. Les ennemis envoyèrent un trompette demander leurs morts. Tête de mort. Il est pâle comme un mort.
On dit proverbialement, Plus de morts, moins d’ennemis.
On dit aussi proverbialement, que Les morts ont toujours tort, pour dire, qu’On excuse toujours les vivans aux dépens des morts.
On dit proverbialement, Les morts ne mordent plus, pour dire, qu’Ils ne sont plus en état de faire du mal.
On dit en termes de Jurisprudence, que Le mort saisit le vif, pour dire, qu’Un homme en mourant laisse son héritier possesseur de son bien, sans qu’il soit besoin d’un acte de Justice.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- moulineur, -euse, n.
- moulinier, -ière, n.
- moult, adv.
- moulu, -ue, adj.
- mouluration, n. f.
- moulure, n. f.
- moulurer, v. tr.
- moumoute, n. f.
- mouquère, n. f.
- mourant, -ante, adj.
- mourir, v. intr.
- mouroir, n. m.
- mouron [I], n. m.
- mouron [II], n. m. [4e édition]
- mourre, n. f.
- mouscaille, n. f.
- mousmé, n. f.
- mousmée, n. f.
- mousquet, n. m.
- mousquetade, n. f.