nourrir

5e édition

NOURRIR.

v. a.
■  Sustenter, servir d’aliment. Les alimens les plus propres à nourrir l’homme. Le sang nourrit toutes les parties du corps.
On dit familièrement, que La soupe nourrit le soldat.
Nourrir, s’emploie encore absolument. Il y a des alimens qui nourrissent trop. Le pain nourrit beaucoup. Les fruits, les légumes ne nourrissent pas tant que la viande. Ces viandes-là nourrissent plus que d’autres. Cela est fort succulent et nourrit beaucoup. Le vin nourrit.
Nourrir, se dit aussi De toutes les choses dont les plantes et les arbres tirent leur suc pour la végétation. La bonne terre nourrit les plantes, les arbres. Mettre du fumier au pied d’un arbre pour le nourrir.
Il s’emploie souvent avec le pronom personnel ; et alors il signifie, Repaître, prendre de la nourriture. L’homme se nourrit de pain, de viandes, de légumes, etc. Les chevaux se nourrissent de foin et d’avoine.
On dit d’Un enfant, qu’Il se nourrit bien, qu’il se nourrit mal, pour dire, que Les alimens lui profitent bien, ou ne lui profitent pas ; et d’Un arbre planté dans une mauvaise terre, qu’Il n’a pas de quoi se nourrir, pour dire, qu’Il n’y trouve pas un suc convenable et suffisant.
Nourrir, signifie aussi, Entretenir d’alimens. Je l’ai vêtu et nourri dix ans durant. Les enfans sont obligés de nourrir leur père et leur mère dans le besoin. Il nourrit tant de valets. Je lui donne tant par an pour me loger et pour me nourrir. Il nourrit tant de chiens, tant de chevaux. Si on veut faire bien p. 168travailler des chevaux, il faut les bien nourrir. Nourrir des bestiaux. Nourrir des poulets, des pigeons. Nourrir des vers à soie, etc.
On dit, que Des enfans ne sont pas nourris dans une maison, que des écoliers ne sont pas nourris dans un Collége, pour dire, qu’Ils n’y sont pas suffisamment nourris, qu’on ne les y nourrit pas comme il faut.
On dit, qu’On est bien nourri, qu’on est mal nourri en quelque endroit, pour dire, qu’On y fait bonne chère, mauvaise chère. Cela ne se dit que des pensions ou des auberges.
On dit proverbialement, qu’Il n’y a point de si petit métier qui ne nourrisse son maître, pour dire, que Pour peu qu’on travaille, on gagne de quoi vivre.
On dit, qu’Un Pays en nourrit un autre, pour dire, qu’Il le fournit ordinairement de vivres. La Sicile nourrissoit Rome. La Beauce et l’Île de France nourrissent Paris.
On dit aussi d’Une terre, d’un héritage, qu’Ils nourrissent toute une famille, pour dire, qu’Ils fournissent de quoi la faire subsister. Son jardin le nourrit. Cette terre nourrit toute sa famille.
On dit, que Le bois nourrit le feu, pour dire, que Le bois entretient le feu, le fait subsister ; que La pommade nourrit la peau, pour dire, qu’Elle l’entretient en bon état.
On dit aussi figurément : L’espérance nourrit l’amour. L’amour se nourrit d’espérance. Les services mutuels nourrissent l’amitié.
Nourrir, se dit aussi d’Une femme qui donne à téter à un enfant. C’est elle qui l’a nourri. Elle lui a nourri trois enfans. Une mère qui nourrit son enfant, est doublement sa mère. Elle a nourri entièrement cet enfant. Elle ne l’a nourri qu’à moitié. La nourrice qui a achevé de le nourrir.
On dit aussi, qu’Une femme ne sauroit nourrir d’enfans, pour dire, qu’Elle ne sauroit les élever jusque hors de l’enfance.
Nourrir, signifie aussi figurément, Instruire, élever. Il faut avoir soin de nourrir les enfans dans les sentimens de piété et d’honneur. Il a été nourri dans l’amour de la vertu, dans l’aversion du vice. On disoit autrefois, Il a été bien nourri, mal nourri, pour dire, Il a été bien élevé, mal élevé.
On dit figurément, qu’Un homme nourrit un serpent dans son sein, pour dire, qu’Il élève un ingrat, un méchant qui le perdra, qui le ruinera quelque jour.
Nourrir, se dit aussi figurément, en parlant Des choses qui servent à former, à façonner l’esprit, les mœurs, etc. La science, la bonne lecture, la conversation des honnêtes gens nourrit l’esprit. Se nourrir de la lecture des bons livres. Se nourrir de la parole de Dieu.
Nourrir, en termes de Peinture, C’est mettre les couleurs avec une certaine abondance qui donne le moyen de les mêler aisément, de les empâter. Nourrir le trait, C’est éviter la maigreur et la sécheresse.
On dit, Nourrir une action, pour, Fournir un supplément de finance au capital d’une action.
Nourri, ie. participe.
On dit par plaisanterie, qu’Un homme est bien nourri, pour dire, qu’Il a beaucoup d’embonpoint.
On dit, que Du blé, que du grain est bien nourri, pour dire, qu’Il est bien plein, bien rempli.
Et on dit d’Un style riche, plein, abondant, que C’est un style nourri. On dit de même, Un ouvrage nourri de pensées, de réflexions ; et, Un écrivain nourri des bons auteurs.
Les Maîtres qui apprennent à écrire, disent, qu’Une lettre est bien nourrie, pour dire, que Les traits ont beaucoup de corps ; et, qu’Elle n’est pas bien nourrie, pour dire, qu’Elle est plus déliée qu’il ne faut.
En termes de Blason, il se dit Des plantes qui ne montrent point de racines, et des fleurs de lis dont la pointe d’en bas ne paroît pas.
En termes de Peinture, Une couleur nourrie, est une couleur bien empâtée ; Un trait nourri, est Un trait qui n’est pas trop fin.
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