oreille

5e édition

OREILLE.

s. f.
■  L’organe de l’ouïe, comprenant tout ce qui contribue à l’ouïe au-dedans, et tout le cartilage du dehors. L’oreille droite. L’oreille gauche. Les deux oreilles. Le tympan de l’oreille. Le trou de l’oreille. Avoir un bruit d’oreille. Un bourdonnement d’oreille. Avoir un tintement d’oreille. Parler à l’oreille. Dire un mot à l’oreille. Parlez-lui du côté de sa bonne oreille. Je n’ai pas l’oreille accoutumée, l’oreille faite à cette musique. Mes oreilles ne sont pas accoutumées à ce grand bruit. Cheval qui a des oreilles de cochon. Cheval boiteux de l’oreille. Cheval dont on a redressé les oreilles. Le mouvement de l’oreille du cheval annonce ce qu’il veut faire. Faire les oreilles à un cheval.
On dit, qu’Un homme a bonne oreille, l’oreille bonne, l’oreille fine, pour dire, qu’Il entend aisément le moindre bruit ; et, qu’Il a l’oreille dure, qu’il est dur d’oreilles, qu’il a une dureté d’oreille, pour dire, qu’Il entend difficilement.
On dit, Former l’oreille, exercer l’oreille, pour, Exercer au juste discernement des sons. Cet homme a l’oreille très-exercée. On lui faisoit entendre un bon violon pour former son oreille, lui former l’oreille.
On dit, qu’Une chose chatouille, flatte, charme l’oreille, pour dire, qu’Elle fait plaisir à entendre ; et l’on dit dans un sens contraire, qu’Une chose blesse, offense, choque, écorche l’oreille.
On dit, en parlant De musique, de vers et de danse, qu’Un homme a de l’oreille, qu’il a l’oreille juste, l’oreille délicate, pour dire, qu’Il sent bien la mélodie, les accords de la musique, qu’il entend bien la mesure et l’harmonie des vers, qu’en dansant il suit bien, il marque bien la cadence ; et l’on dit dans un sens contraire, qu’Il n’a point d’oreille, qu’il n’a pas l’oreille délicate pour la musique, qu’il n’a nulle justesse d’oreille pour la danse.
On dit aussi figur. qu’Un homme a l’oreille difficile, l’oreille sévère, pour dire, que C’est un juge difficile et sévère en fait d’harmonie.
On dit figurément, qu’Un homme a les oreilles délicates, pour dire, qu’Il se fâche aisément, qu’il se choque des moindres choses qu’on lui dit ; et, qu’Il a les oreilles chastes, pour dire, qu’Il ne peut souffrir les paroles déshonnêtes, ou qui blessent tant soit peu la pudeur.
On dit, Prêter l’oreille, pour dire, Être attentif, ou écouter favorablement. Prêtez-moi l’oreille. Prêtez l’oreille à ce que je vous dis. Il ne faut pas prêter l’oreille aux calomniateurs, à la calomnie.
p. 199On dit figurément et proverbialem. qu’Un Juge, après avoir écouté une Partie, doit garder une oreille pour écouter l’autre Partie, pour dire, qu’Il ne doit pas se laisser prévenir par ceux qui lui parlent les premiers, et qu’il faut entendre les deux Parties avant de se déterminer.
On dit, qu’Une personne n’a point d’oreilles pour quelque chose qu’on lui demande, pour dire, qu’Absolument elle ne la veut pas faire : Ne lui parlez point de restituer, il n’a point d’oreilles pour cela ; et figurément et proverbialem. que Ventre affamé n’a point d’oreilles, pour dire, qu’Un homme qui a faim, ne fait point d’attention à ce qu’on lui dit.
On dit fig. et fam. que Les murailles ont des oreilles, Lorsqu’on parle dans un lieu où l’on peut craindre d’être entendu.
On dit, qu’Une chose vient aux oreilles de quelqu’un, pour dire, qu’Il en entend parler : Si cela vient une fois aux oreilles du Prince ; et figurément et proverbialement, qu’Un homme a les oreilles battues, rebattues de quelque chose, pour dire, qu’Il en a souvent ouï parler, qu’il en est ennuyé. Je n’ai les oreilles battues d’autre chose. On a les oreilles si rebattues de cette question.
Et en parlant d’Une personne qui oublie facilement les conseils qu’on lui donne, les remontrances qu’on lui fait, on en général qui ne fait aucune attention a ce qu’on lui dit, on dit famil. que Cela lui entre par une oreille, et lui sort par l’autre.
On dit figurément, Fermer l’oreille à quelque discours, pour dire, Ne vouloir pas l’écouter ; et fam. Faire la sourde oreille, pour dire, Faire semblant de ne pas entendre ce qu’on nous dit, et n’y avoir point d’égard.
Et on dit encore fig. et fam. d’Un homme qui commence à écouter favorablement une proposition par le motif de quelque intérêt, qu’Il ouvre les oreilles, qu’on lui a fait ouvrir les oreilles. Quand je lui ai fait espérer telle chose, il a ouvert les oreilles ; cela lui a fait ouvrir les oreilles ; il a commencé à ouvrir les oreilles.
On dit fig. Avoir l’oreille d’un Prince, d’un Ministre, etc. pour dire, Avoir un accès libre auprès de lui, et en être écouté favorablement ; et fam. Souffler aux oreilles de quelqu’un, pour dire, Lui suggérer secrètement quelque chose de mauvais, ou à mauvaise intention ; et, qu’Un homme est toujours pendu aux oreilles d’un autre, pour dire, qu’Il l’obsède pour lui suggérer toujours quelque chose. On ne sauroit approcher d’un tel pour lui parler, il a toujours des gens pendus à ses oreilles.
On dit proverbialement et en mauvaise part, Corner aux oreilles de quelqu’un, pour dire, Vouloir persuader quelque chose à quelqu’un à force de lui en parler continuellement.
On dit aussi familièrement, Étourdir les oreilles, rompre les oreilles à quelqu’un, pour dire, Lui tenir des discours qui l’importunent, qui le fatiguent.
On dit, lorsqu’on entend dans les oreilles un certain bourdonnement confus, que Les oreilles cornent ; et on dit proverbialement, que Les oreilles cornent à quelqu’un, pour dire, qu’On parle de lui en son absence. Les oreilles ont bien dû vous corner, nous avons très-souvent parlé de vous.
On dit aussi, Les oreilles vous cornent, À quelqu’un qui croit entendre ce qu’on ne lui dit pas, ou un bruit qui n’est pas réel. Est-ce que les oreilles m’ont corné ? ne m’a-t-il pas dit telle chose ?
On dit famil. Échauffer les oreilles à quelqu’un, pour dire, Le mettre en colère par quelque discours qui le fâche. Ne lui échauffez pas les oreilles. Si vous lui échauffez les oreilles, vous vous en repentirez.
Oreille, se prend aussi seulement pour Cette partie cartilagineuse qui est au-dehors et à l’entour du trou de l’oreille. Petite oreille. Grandes oreilles. Oreilles plates. Oreilles rebordées. Oreilles ourlées. Oreilles rouges. Tirer les oreilles à quelqu’un. On condamnoit les coupeurs de bourse à avoir les oreilles coupées. Percer les oreilles. Boucles d’oreilles. Pendans d’oreilles. Un cheval qui a les oreilles droites, les oreilles pendantes, qui dresse les oreilles, qui baisse les oreilles, qui chauvit des oreilles. C’est un courtaud qui n’a ni queue ni oreille. Un chien qui secoue les oreilles.
On dit proverbialement, Tenir le loup par les oreilles, pour dire, Ne savoir quel parti prendre dans une affaire qui presse, et où il y a du péril de tous côtés.
On dit figurément et proverbialement, Frotter les oreilles à quelqu’un, pour dire, Le battre. Il est populaire. On dit dans le même sens, Donner sur les oreilles à quelqu’un ; et, Il a eu sur les oreilles, pour dire, Il a été maltraité. Il est du style familier.
On dit aussi famil. en parlant d’Un homme avantageux, qui ne peut soutenir le ton qu’il avoit pris, ou qui a été humilié, mortifié par quelque perte, par quelque mauvaise fortune, qu’Il a l’oreille basse, qu’il baisse l’oreille ; et en parlant d’Un homme fatigué, abattu par le travail, par quelque excès qu’il a fait, par la maladie, qu’Il a l’oreille basse, qu’il en a sur l’oreille.
On dit figurément et prover. qu’Un homme se fait tirer l’oreille, pour dire, qu’Il a de la peine à se résoudre à quelque chose qu’on lui propose.
On dit figur. et fam. Avoir la puce à l’oreille, pour dire, Être inquiet, occupé de quelque chose jusqu’à en perdre le sommeil, ou se réveiller plus matin qu’à l’ordinaire. Il a la puce à l’oreille. Cette lettre lui a mis la puce à l’oreille.
On dit prov. et fig. Secouer les oreilles, pour dire, Ne tenir compte de quelque chose, s’en moquer : Quand on veut lui représenter son devoir, il secoue les oreilles ; et d’Un homme à qui il est arrivé quelque accident, quelque maladie, quelque affront, et qui témoigne ne s’en pas soucier, qu’Il n’a fait que secouer les oreilles.
On dit proverbialement, Être dans une affaire jusqu’aux oreilles, s’y mettre, s’y enfoncer jusqu’aux oreilles, par-dessus les oreilles, pour dire, S’y engager bien avant. Si je le voyois en peine, je m’y mettrois jusqu’aux oreilles. Il est dans les procès jusqu’aux oreilles. Il est endetté par-dessus les oreilles.
On dit proverb. d’Un homme qui va s’exposer à un grand péril, qu’Il sera bien heureux s’il en rapporte ses oreilles, pour dire, S’il en revient sain et sauf ; et De quelqu’un qui a été ou qui sera maltraité dans quelque occasion, qu’Il y a laissé ses oreilles, qu’il y laissera ses oreilles ; et, Chien hargneux a toujours les oreilles déchirées, pour dire, qu’Il arrive toujours quelque fâcheux accident aux gens querelleurs.
On dit proverbialement, Dormir sur l’une et l’autre oreille, pour dire, Etre parfaitement tranquille. Vous pouvez dormir sur l’une et l’autre oreille, cette affaire réussira.
On dit fig. et populairement d’Un vin excellent, que C’est du vin d’une oreille, Parce que ceux qui en boivent penchent une oreille en signe d’approbation ; et l’on dit au contraire d’Un mauvais vin, que C’est du vin de deux oreilles, Parce que ceux qui en boivent secouent la tête pour marquer qu’ils ne le trouvent pas bon.
On dit proverbialement et fig. d’Une terre à vendre, qu’Elle a le bouquet sur l’oreille ; et la même phrase se dit aussi De plusieurs autres choses dont on a envie de se défaire.
On dit aussi d’Une fille que ses parens ont dessein de marier, qu’Elle a le bouquet sur l’oreille. Il est populaire.
Lorsque les fleurs, les arbres fruitiers, les blés, etc. ont été endommagés par la gelée, par les mauvais vents, on dit, qu’Ils ont eu sur l’oreille. Il est du style familier.
Oreille, se dit aussi figurément De plusieurs choses qui ont quelque ressemblance avec la figure de l’oreille. L’oreille d’un soulier. Ecuelle à oreilles. Une calotte à oreilles. L’oreille d’une charrue. Des abricots à oreille. Lorsque les feuillets d’un livre sont repliés par le coin d’en-haut ou d’en-bas, ce pli s’appelle Oreille. Marquez ce passage, faites-y une oreille. Ce livre est tout plein d’oreilles.
Oreille, se dit encore en termes de Botanique, Des appendices qui se trouvent à la base de certaines feuilles, ou de quelques pétales. Les Botanistes donnent quelquefois le nom d’Oreillons ou d’Oreillettes à ces sortes d’appendices.
Oreille-d’âne. Voyez Consoude.
Oreille-d’homme. Voy. Cabaret.
Oreille-de-lièvre, s. f. ou Buplevrum. Plante qui pousse plusieurs tiges assez hautes, divisées en plusieurs rameaux. Ces tiges portent de petites ombelles dont les fleurs sont en rose.
Oreille de mer. sub. f. Nom d’une espèce de coquillage.
Oreille-d’ours, ou Cortuse. s. f. Petite plante dont la fleur est très-estimée des Fleuristes. Cette plante est vulnéraire.
Oreille-de-souris. s. f. Plante dont p. 200on distingue plusieurs espèces. La plus connue pousse quelques tiges rampantes, velues et couvertes de petites feuilles arrondies. Ses fleurs sont disposées en rose. L’oreille de souris est astringente, détersive et rafraîchissante. On l’appelle aussi Myosotis.
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