bien

7e édition

BIEN.

s. m.
■  Il se dit, au sens physique et au sens moral, de Ce qui est utile, avantageux, agréable. Bien solide. Bien imaginaire. Bien durable. Quel bien nous en est-il revenu ? Cela fit plus de mal que de bien, ne fait ni bien ni mal. C’est un grand bien que telle chose soit arrivée. Ce que j’en fais, c’est pour votre bien. Il ne régna que pour le bien de ses peuples. Il faut aller au bien de la chose. Les biens et les maux de cette vie. Il n’y a pas de bien sans quelque mélange de mal. C’est un petit mal pour un grand bien. Ce philosophe prétend que les biens et les maux se compensent. La santé est le bien le plus précieux, est le plus précieux des biens. Ce sont là les vrais biens.
Les biens du corps, La santé, la force. Les biens de l’esprit, Les talents. Les biens de l’âme, Les vertus.
Les biens terrestres, les biens passagers, les biens temporels, Les biens de ce monde ; par opposition aux Biens éternels, La béatitude éternelle.
Le bien public, le bien général, L’avantage, le bien-être, l’intérêt de tous. Le bien public fut le prétexte de leur révolte. Travailler au bien public. On a souvent abusé de cette maxime, que le bien particulier doit céder au bien général.
Prov., Nul bien sans peine, Tout ce qui est avantageux coûte à acquérir.
Vouloir du bien à quelqu’un, Avoir le désir de l’obliger. On dit quelquefois familièrement, en plaisantant, Cette femme vous veut du bien, Elle paraît être pour vous dans des dispositions favorables.
Faire du bien à quelqu’un, procurer du bien à quelqu’un, Le secourir dans le besoin, dans l’infortune ; ou contribuer à son bien-être, à son bonheur ; lui procurer quelque avantage. Il aime à faire du bien à tout le monde. On dit dans le même sens, Rendre le bien pour le mal.
Faire du bien, faire grand bien, se dit Des choses qui procurent quelque avantage ou quelque soulagement. Il lui est arrivé une succession qui a fait grand bien à ses affaires. Cette pluie fera du bien aux prairies, aux blés, à la vigne. La saignée m’a fait grand bien. Prov., Un peu d’aide fait grand bien.
Donner à quelqu’un des avis, des conseils pour son bien, Les lui donner pour son avantage, selon ses intérêts. Écoutez les conseils de ce vieillard ; ce qu’il vous dit, c’est pour votre bien.
Dire du bien de quelqu’un, parler en bien de quelqu’un, Parler avantageusement de quelqu’un, louer son caractère, ses qualités, ses talents, etc. On dit beaucoup de bien de cet ouvrage, de ce poème, etc., On le vante beaucoup. Il ne m’a parlé de vous ni en bien, ni en mal, Il ne m’a rien dit de vous, ou m’en a parlé en termes qui n’indiquent ni la louange, ni le blâme. On m’a dit de lui tout le bien du monde, On m’a fait son éloge sous tous les rapports.
Prendre, interpréter quelque chose en bien, L’interpréter d’une manière favorable.
Mener une affaire, une entreprise à bien, Faire qu’elle réussisse, qu’elle ait une heureuse issue. Cet ouvrage arrive à bien, vient à bien, Il s’améliore, il se perfectionne.
Prov., Le mieux est l’ennemi du bien, On peut gâter ce qui est bien, en voulant le perfectionner.
Bien, signifie aussi, Ce qui est juste, honnête, louable. La science du bien et du mal. Faire le bien et le mal sans discernement. Cet homme fait le bien sans ostentation. Il entreprit de le ramener au bien. Le souverain bien. Le vrai bien. Le bien suprême. C’est un pas vers le bien. C’est un jeune homme qui se porte au bien, qui se tourne au bien. C’est un homme de bien, une femme de bien. Ce sont des gens de bien. Il a fait en cela une action d’homme de bien. Il en a usé en homme de bien.
Prov., En tout bien et en tout honneur, en tout bien et tout honneur, À bonne fin, à bonne intention. Il voit cette fille en tout bien et tout honneur.
Bien, signifie aussi, Ce qu’on possède en argent, en fonds de terre, ou autrement. Bien patrimonial. Les biens de père et mère. Les biens paternels. Les biens maternels. Biens paraphernaux. Biens dotaux. Il est riche en biens-fonds. Augmenter son bien. Il ne faut pas toucher au bien d’autrui. Avoir du bien, beaucoup de bien, peu de bien. Manquer de bien. Être né sans biens. Être sans bien. Avoir du bien mal acquis. Le bien mal acquis ne profite jamais. Dépenser son bien. Manger son bien. Partager son bien. Il le combla de biens. Amasser du bien. Améliorer ses biens. Posséder de grands biens. Le navire a péri corps et biens. Un mari et une femme séparés de corps et de biens. Séparation de biens. Être en communauté de biens. Faire cession de ses biens, cession de biens. Ses biens furent confisqués. Il a laissé de grands biens. Il lui a légué tous ses biens. Les biens de la succession, qui composent la succession. Curateur aux biens vacants. Les biens meubles et immeubles. Biens de la ville. Biens de la campagne, ou Biens ruraux. Les biens de la couronne, de la liste civile. Les biens nationaux. Les biens de l’État. Les biens de l’Église, du clergé. Biens communaux.
Il se dit quelquefois, absolument, d’Un bien de campagne, d’une propriété rurale. Il a un petit bien à quelques lieues de la ville. Il vit dans son bien, sur son bien.
Fam., Avoir du bien au soleil, Avoir des biens-fonds, des terres, des maisons. On dit à peu près dans le même sens, Avoir du bon bien.
Bien, s’emploie aussi comme adverbe ; et alors il sert à marquer Un certain degré de perfection, ou Un certain état heureux, agréable, avantageux, convenable. Il se conduit bien. Il se porte bien. Il va aussi bien qu’il est possible. Il parle bien. Il dit bien. Il écrit bien. Il joue bien de cet instrument. Il chante bien. Il a bien chanté. Tant bien que mal. Il fait bien. Il a bien fait de le renvoyer. Il s’est fort bien acquitté de sa mission. Cela est bien. Voilà qui est bien pensé, bien imaginé. J’avais bien jugé cet homme-là. L’art de bien vivre. Bien lui a pris de s’en aller. Tout va bien. Selon lui, tout est bien. Je me trouve bien aujourd’hui. Je me trouve bien de ce nouveau régime. Je me trouve bien d’avoir été là. Il se trouve bien dans son lit. Il est bien dans ses affaires. Il est bien à la cour, bien en cour. Il est bien auprès du roi, bien auprès des ministres. Il y est aussi bien, autant bien qu’on y puisse être. Un ouvrage bien fait. Un jeune homme bien né. Être bien fait, bien pris dans sa taille. Être bien mis, Être habillé de bon goût. (Voyez le comparatif Mieux.)
Être bien, se dit D’un malade sur l’état duquel on est rassuré. Le malade est bien, est fort bien maintenant.
Cette femme est bien, Elle est d’une figure agréable. Il a deux filles qui sont fort bien.
Cette jeune personne se tient bien, Elle a un bon maintien.
Ironiq., Nous voilà bien, se dit Pour exprimer qu’on est dans une position fâcheuse, p. 179embarrassante. On dit de même, Vous voilà bien, le voilà bien, etc.
Fam., Être bien ensemble, se dit De deux personnes de sexe différent qui ont un commerce de galanterie. Cela se dit aussi De deux personnes qui ont simplement entre elles des rapports d’intimité. Vivre bien ensemble, Vivre en bonne intelligence. On dit de même, Être bien, vivre bien avec quelqu’un.
Fam., Bien attaqué, bien défendu, La défense n’a pas été moins vigoureuse que l’attaque.
Prov. et fig., Autant vaut bien battu que mal battu, Il y a des choses où il ne faut point s’épargner quoi qu’il en puisse arriver.
Impersonnellement, Il est bien, Il est juste, il est convenable, il est bienséant. Il est bien de garder une certaine dignité, mais il n’est pas bien qu’elle dégénère en morgue et en insolence. Il serait bien que vous lui fissiez des excuses.
Absol., C’est bien, c’est fort bien, ou elliptiquement, Bien, fort bien, se disent pour marquer adhésion, assentiment, approbation. Bien, fort bien, je n’y vois aucun empêchement. Nous partirons, c’est fort bien ; mais qui nous remplacera ? Ces locutions s’emploient quelquefois ironiquement et par reproche. Bien, fort bien, ne vous gênez pas. Elles servent aussi à exprimer qu’on a bien compris un avis, une explication, un éclaircissement, ou qu’on ne veut pas continuer l’entretien sur l’objet dont il s’agit ; et alors Bien peut être répété. Fort bien, je vois maintenant ce que j’ai à faire. Bien, bien, j’entends ce que vous voulez dire. Bien, bien, nous reparlerons de cela.
Bien, signifie aussi, Beaucoup, fort, très. Bien mieux. Il est déjà bien loin. Il mange bien. Il boit bien. Il s’est levé bien matin. Il est arrivé bien à propos. Elle a si bien caché cela, que je ne puis le trouver. Une femme qui aime bien son mari. Je désire bien qu’il réussisse. Il s’en faut bien que… La chose s’est passée bien autrement que vous ne le dites. Il est bien savant. C’est un homme bien malheureux. Il est bien malade. Il est bien mal. Je suis bien aise de vous rencontrer. Il part ? j’en suis bien aise. Il a été bien attrapé. Je suis bien sûr du contraire. Ce sont là de bien faibles raisons. Bien fou qui se fie à de telles promesses.
Bien de l’argent, bien de la peine, bien du monde, bien des hommes, etc., Beaucoup d’argent, de peine, de monde, etc. On dit Bien d’autres, et non Bien des autres.
Bien, signifie quelquefois, Formellement, expressément. Il est bien entendu que… Cela est bien établi dans le contrat. Vous voilà maintenant bien averti. Il est bien et dûment investi de cette magistrature.
Il s’emploie aussi dans la signification d’À peu près, environ. Il y a bien trois ans que je ne l’ai vu. Il y a bien deux lieues d’ici là.
Il s’emploie souvent par redondance, et pour donner plus de force à ce qu’on dit. Auriez-vous bien l’assurance de le nier ? Vous aviez bien raison. Je le savais bien. Je m’en doutais bien. Il faut bien y consentir. Il le faut bien. Je vous l’avais bien dit. Je vous entends, je vous comprends bien. Il est bien en chemin, mais il n’est pas arrivé. Il est bien vrai que cela est, mais… C’est être bien prompt, un peu bien prompt. Allez-y, ou bien j’irai moi-même. Vous auriez bien pu venir. Je le veux bien. Je le vois bien. Nous verrons bien. Voilà bien le langage d’un ami. Ironiquement, C’est bien à vous, il vous sied bien de réformer les autres.
Hé bien, sert à marquer exhortation ou interrogation. Hé bien, continuez. Hé bien, travaillez donc. Hé bien, que vous en semble ? ou seulement, Hé bien ? Hé bien, que vous a-t-il répondu ? Hé bien, ne vous l’avais-je pas dit ?
Eh bien, s’emploie dans les mêmes cas, et dans plusieurs autres qu’il serait difficile d’énoncer en détail et d’une manière bien exacte. Eh bien, qu’en dites vous ? Eh bien, que faites-vous donc ? vous vous y prenez mal. Eh bien, soit. Eh bien, je ne m’en serais jamais douté. Vous ne voulez pas ? eh bien, je m’adresserai à un autre. Vous croyez peut-être qu’il se fâcha : eh bien, non.
Bel et bien, bien et beau. loc. adverbiales. Voyez Beau.
Bien loin de. loc. prépositive. Voyez Loin.
Bien que. loc. conjonctive. Encore que, quoique. Bien que je le souhaite de tout mon cœur, je ne le puis pas. On lui donna une gratification, bien qu’il ne l’eût guère méritée.
Si bien que. loc. conjonctive. Tellement que, de sorte que. La nuit nous surprit, si bien qu’il fallut nous arrêter en route.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.