denier

7e édition

DENIER.

s. m.
■  Monnaie romaine d’argent qui, jusqu’à l’an 536 de Rome, valut dix as et plus tard seize. Judas vendit Notre-Seigneur pour trente deniers.
Il se dit également d’Une ancienne monnaie française de cuivre, devenue depuis simple monnaie de compte, et qui valait la douzième partie d’un sou tournois ou le tiers d’un liard. Quatre sous, six deniers. Trois deniers. Cela ne vaut pas un denier. Cet homme n’a pas un denier vaillant. Payer jusqu’au dernier denier. Compter par livres, sous et deniers.
Fam., Rendre compte à livres, sous et deniers, Rendre compte avec la plus grande exactitude.
Prov. et fig., Cette chose vaut mieux denier qu’elle ne valait maille, se dit D’une chose qui a été mise en meilleur état qu’elle n’était.
Denier fort, ou Fort denier, Ce qu’il faut ajouter à la fraction qui excède une somme pour avoir la valeur de la plus petite ou d’une des plus petites monnaies de cours. Le fort denier de trois livres deux deniers est un denier ; celui de trois francs quatre centimes est un centime. Le fort denier est pour le marchand. Voyez plus bas un autre sens de la locution Denier fort.
Denier à Dieu, Pièce de monnaie qu’on donne pour arrhes d’un marché verbal. Il m’a loué sa maison, et il en a reçu le denier à Dieu. Donner le denier à Dieu. Rendre, retirer le denier à Dieu. À la différence des arrhes proprement dites, le denier à Dieu ne s’impute point sur le prix.
Prov. et fig., Le denier de la veuve, Ce qu’on donne pour les besoins d’autrui en le prenant sur son propre nécessaire. Je vous offre peu, c’est le denier de la veuve.
Le denier de saint Pierre, Tribut que l’Angleterre payait autrefois au pape, et qui n’avait été d’abord que d’un denier par maison.
Il se dit aujourd’hui Des contributions volontaires recueillies parmi les catholiques pour subvenir aux besoins du saint-siège.
Denier, se dit aussi de Toute espèce de numéraire, de toute somme d’or ou d’argent ; et alors on l’emploie surtout au pluriel. Une grande somme de deniers, en deniers. Il sera payé sur les premiers deniers de cette recette. Les deniers royaux. Les deniers publics. Ce receveur a diverti les deniers de sa caisse. Payer en deniers ou en quittances. Il l’a acheté de ses deniers, de ses propres deniers.
Fam., Tirer un grand denier, un bon denier de quelque chose, Tirer un grand profit, recevoir une grande somme d’argent de quelque affaire. Cette phrase est peu usitée. Fam., J’y mettrais bien mon denier, se dit en parlant D’une chose dont on ferait volontiers l’acquisition, si elle était à vendre.
Prov. et fig., Vendre quelqu’un à beaux deniers comptants, Le trahir par intérêt. On dit dans un sens moins odieux, Il le vendrait à beaux deniers comptants, Il est beaucoup plus fin, plus rusé que lui.
Denier, signifie aussi, La partie d’une somme, d’un capital quelconque, d’un revenu, etc., qui est prélevée au profit de quelqu’un. Les lods et ventes de telle terre étaient au douzième denier. Le dixième denier de toute prise maritime était dû à l’amiral. Payer à l’État le quinzième denier de son revenu, ou simplement, le quinzième denier. Ce sens vieillit : on dit simplement aujourd’hui, Le dixième, le quinzième, etc.
Il se dit particulièrement de L’intérêt d’une somme principale, comme dans cette phrase, Placer son argent au denier vingt, au denier vingt-cinq, etc., Le donner à rente pour l’intérêt annuel d’un vingtième, d’un vingt-cinquième, etc., c’est-à-dire, à cinq pour cent, à quatre pour cent, etc. Les rentes de l’hôtel de ville avaient été d’abord constituées sur le pied du denier douze, ensuite elles furent mises au denier seize, au denier vingt, au denier quarante, etc. On réduisit les rentes à tel denier. Ce sens a vieilli ; on n’emploie guère maintenant que les locutions, À quatre pour cent, à cinq pour cent, à six pour cent, etc.
Le denier de l’ordonnance, le denier du roi ; se disait autrefois Du taux auquel il était permis par l’ordonnance du roi de mettre son argent à rente, ou auquel s’estimaient les intérêts qui étaient adjugés. On dit maintenant, Le taux légal.
Denier fort, Taux qui excède le taux ordinaire des intérêts.
Vendre une chose au denier vingt, au denier trente, au denier quarante, etc., La vendre pour un prix établi d’après la supposition que le revenu ou le produit annuel de cette chose est le vingtième, le trentième, etc., de sa valeur. Il s’est défait très avantageusement de sa terre : il l’a vendue au denier trente, au denier quarante. On dit dans un sens analogue, Estimer au denier trente, au denier quarante. etc.
Denier, se dit encore d’Une certaine part qu’on a dans une affaire, dans un traité, à proportion de laquelle on partage le gain ou la perte, et qui est ordinairement le douzième d’un vingtième. Il avait un denier (un deux-cent-quarantième), deux deniers (un cent-vingtième), dans telle ferme. Ce négociant a six deniers (un quarantième) dans tel armement. Ce sens a également vieilli.
En termes de Monnayage, Denier de poids, ou absolument, Denier, La sept cent quatre-vingt-cinquième partie du kilogramme, ou vingt-quatre grains. Il y a vingt-quatre deniers dans une once.
Denier de fin ou de loi, Le degré de pureté de l’argent. Connaître le denier de fin d’une pièce, d’un lingot. Il se dit plus exactement de Chacune des parties de fin contenues dans une quantité d’argent quelconque que l’on suppose partagée en douze parties égales ; et alors on l’emploie souvent absolument. L’argent pur s’appelait de l’argent à douze deniers ; s’il y avait une douzième partie d’alliage, il s’appelait de l’argent à onze deniers. On évaluait la bonté de l’argent par deniers, et celle de l’or par carats.
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