mener

7e édition

MENER.

v. a.
■  Conduire, guider. Vous savez le chemin, menez-nous. Si vous n’y êtes jamais allé, je vous y mènerai. Le précepteur qui le menait au collège. Mener un enfant par la lisière. Mener la mariée à l’église. Mener une femme par la main.
Par extension, Ce chemin mène à tel endroit, On va, par ce chemin, à tel endroit.
Prov., Tout chemin mène à Rome, On peut arriver à un but par différents moyens.
Fig. et pop., Je le mènerai par un chemin où il n’y aura pas de pierres, Je le poursuivrai vivement, je ne lui ferai point de quartier.
Prov. et fig., C’est un aveugle qui mène l’autre, se dit Lorsqu’un homme de peu d’esprit et de sens, entreprend de conduire un autre homme qui n’en a pas plus que lui.
Mener, signifie aussi, Conduire par force en quelque endroit. Mener en prison. On le menait au supplice. Mener des captifs en triomphe. Où menez-vous ces gens-là ?
Prov. et fig., Mener quelqu’un à la baguette, Le traiter avec hauteur, lui faire faire par autorité ce qu’on veut.
Mener, signifie quelquefois simplement, Introduire, donner accès. Menez-moi chez ce ministre. Il le mena chez son rapporteur.
Mener, se dit aussi De ceux qui ont la conduite d’une troupe, et qui la font marcher et agir. Le capitaine mène sa compagnie. Mener des gens à la guerre. Mener au combat, à l’assaut. Cet officier mène bien une troupe.
Fig., Mener des troupes à la boucherie, Les exposer à une mort presque certaine.
Mener le deuil, dans une cérémonie funèbre, Être à la tête des parents, des amis, de toutes les personnes qui forment le cortège.
Mener la danse, Être à la tête de ceux qui dansent. Dans le même sens, Mener le branle.
Fig. et fam., C’est à vous de mener la danse, de mener le branle, C’est à vous de conduire les autres, de leur donner l’exemple.
Fam., Mener la bande, Être le chef d’une association d’intérêt ou de plaisir. C’est lui qui mène la bande. Dans le même sens, C’est lui qui mène les autres.
Mener, se dit aussi en parlant Des animaux, et signifie, Les conduire. Mener les bêtes aux champs. Mener paître des vaches. Mener les chevaux boire, les mener à l’abreuvoir. Mener les chevaux au marché. Mener des chiens en laisse. Mener un cheval en main, à la main.
Mener de front trois chevaux, quatre chevaux, Guider trois chevaux, quatre chevaux attelés sur une même ligne.
Fig., Mener de front plusieurs affaires, Les conduire à la fois. Mener de front plusieurs sciences, Les cultiver en même temps. Il mène de front vingt travaux, vingt intrigues à la fois. On dit, dans un sens analogue, Il mène de front les affaires et les plaisirs.
Mener, se dit également en parlant Des voitures de terre et d’eau. Mener une charrette, un carrosse, un cabriolet. Mener la diligence. Mener un bateau, une barque. En ce sens, il s’emploie absolument. J’ai un cocher qui mène bien, qui mène grand train.
Prov. et fig., Mener bien sa barque, Conduire bien ses affaires.
Mener, signifie aussi, Voiturer. Mener du blé au marché, des marchandises à la foire, du bois par bateau. J’ai là mon cabriolet, voulez-vous que je vous mène quelque part ?
Mener, signifie en outre, Se faire accompagner de ou par. Il mène bien des gens à sa suite. Il mena tout son monde avec lui.
Il signifie quelquefois, Forcer à suivre. Ce voleur s’est enfui, il a mené loin les gendarmes qui le poursuivaient. Le cerf a mené bien loin la chasse ; il l’a menée jusqu’à tel endroit.
Mener, signifie au figuré, Gouverner quelqu’un. Il le mène comme il veut. C’est un pauvre homme, il se laisse mener par un tel. Il va comme on le mène. C’est sa femme qui le mène.
Prov. et fig., Mener quelqu’un par la lisière, à la lisière, Le conduire, le gouverner comme un enfant.
Prov. et fig., Mener quelqu’un en laisse, En disposer à son gré, le conduire comme on veut.
Prov. et fig., Mener quelqu’un par le nez, Abuser de l’ascendant qu’on a sur quelqu’un, pour lui faire faire tout ce qu’on veut. Il se laisse mener par le nez. On dit aussi, C’est un homme à mener par le nez, C’est un homme faible, crédule, sans caractère.
Mener doucement quelqu’un, Le conduire avec ménagement, l’épargner, éviter de le fâcher, de le révolter. C’est un enfant timide, menez-le doucement.
Mener les ennemis battant, Les obliger à se retirer avec précipitation, et les poursuivre dans leur fuite.
Fig. et fam., Mener quelqu’un battant, tambour battant, le mener bien vite, le mener bon train, beau train, grand train, le mener rudement, Remporter l’avantage sur lui en peu de temps, le forcer à faire ce qu’on veut.
Mener loin quelqu’un, L’engager dans une affaire plus qu’il ne lui conviendrait ; l’entraîner dans une démarche dont on ne peut prévoir les conséquences. Si vous prenez ses paroles pour des vérités, il vous mènera loin. Dans un sens un peu différent, Mener loin quelqu’un, le mener comme il faut, le mener rudement, Lui donner bien de la peine, lui susciter bien des affaires.
Par extension, Cette médecine l’a mené doucement ou rudement, Elle l’a peu ou beaucoup tourmenté.
Mener, signifie aussi, figurément, Amuser et entretenir de paroles, d’espérances. Il y a six mois que vous me menez sans que je voie aucun effet de vos promesses. Il le mène de jour en jour. Je ne veux plus me laisser mener de la sorte. Il le menait avec de belles paroles.
Mener, signifie encore, en parlant Des choses, Diriger, conduire. Mener la maison, le négoce, le ménage. Mener une affaire, un procès, une négociation. Qui est-ce qui vous mène cette affaire-là ? Comment va-t-elle ? elle va comme on la mène. C’est lui qui mène tous les procès de la famille.
Fam., Mener rondement une affaire, La traiter avec activité, sans trop s’attacher aux détails.
Mener une vie sainte, une vie honnête, une vie scandaleuse, Vivre saintement, honnêtement, scandaleusement, etc.
Mener un train, un grand train, grand train, Faire beaucoup de dépense, vivre avec faste.
Fam., Mener grand deuil de quelque chose, En être fort attristé.
Fam., Mener beau bruit, grand bruit, Faire grand fracas.
Mener, se dit aussi figurément De ce qui dirige, de ce qui détermine les hommes. L’ambition, l’intérêt le mène. Les préjugés mènent quelquefois les gouvernements comme les particuliers. Les talents mènent plus souvent à la réputation qu’à la fortune. Le crime mène à l’échafaud. La débauche mène à la misère. Le jeu, les femmes mènent loin, mènent bien loin. Le travail, l’activité et l’économie mènent à la fortune.
Cela ne mène à rien, On n’en saurait espérer aucun avantage.
Mener loin quelqu’un, lorsqu’il s’agit De choses qui se dépensent ou se consomment, signifie, Fournir longtemps du secours à quelqu’un, lui durer longtemps. Ces provisions peuvent encore nous mener loin. Il s’emploie plus ordinairement avec la négation. Cet argent ne le mènera pas loin, pas bien loin, guère loin. Ces munitions ne nous mèneront pas loin, ne peuvent nous mener bien loin.
Mené, ée. part. passé.
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