reculer

7e édition

RECULER.

v. a.
■  Tirer ou pousser en arrière. Reculez un peu votre chaise. Reculez la table. Reculez cet enfant du feu, de peur qu’il ne se brûle. On l’emploie aussi avec le pronom personnel. Reculez-vous de là. Il se recula du feu. Il se recula bien loin d’eux.
Reculer une muraille, une haie, un fossé, Les reporter plus loin. Il faut reculer de deux mètres cette muraille.
Fig., Reculer les bornes, les frontières d’un État, Les porter plus loin, accroître le territoire de cet État.
Reculer, signifie au figuré, Éloigner quelqu’un du but qu’il se propose, retarder, ajourner quelque affaire. Cet événement a fort reculé ses desseins, a reculé ses affaires, l’a fort reculé. Ce succès recula sa perte. Pour mieux assurer sa vengeance il la recula. La maladie de mon rapporteur a reculé le jugement de mon procès. Il a reculé ses payements de six mois. La disgrâce de son protecteur l’a bien reculé. Pour placer ses protégés, il recule les hommes qui ont le plus de droits à l’avancement.
Reculer, est aussi verbe neutre, et signifie, Aller en arrière. Faites reculer cette voiture. Reculez, cocher. Comment voulez-vous qu’il recule ? Le canon recule en tirant. Reculer d’un pas. Faites reculer tout le monde. Faire reculer un cheval. Il y a beaucoup de chevaux qui ont de la peine à reculer.
Il se dit aussi, figurément, Des affaires et des personnes. Vos affaires reculent au lieu d’avancer. Il n’avance point, il recule tous les jours. Souvent c’est reculer que de ne point avancer. Il est trop avancé pour reculer. Quand une fois il a fait une démarche, il ne sait ce que c’est que de reculer.
Il ne recule jamais, on ne l’a jamais vu reculer, se dit D’un homme très brave ; et, figurément, D’un homme qui soutient avec fermeté ses droits, ses opinions. On dit dans le même sens, Il aimerait mieux se faire hacher en pièces, que de reculer.
Prov. et fig., Reculer pour mieux sauter, Céder, temporiser, pour mieux prendre ses avantages. Il a reculé pour mieux sauter, Il a négligé, sacrifié un petit avantage présent, pour s’en procurer un plus grand dans la suite. Cela se dit aussi Lorsqu’on n’évite un inconvénient, un danger présent qu’en s’exposant pour l’avenir à un inconvénient, à un danger plus grave.
Reculer, signifie encore, figurément, Différer, éviter de faire quelque chose qu’on exige ou qu’on désire de nous. Je voudrais qu’il me rendît ses comptes, mais il recule toujours. Il ne tient pas à moi que ce procès ne soit jugé, c’est ma partie qui recule. J’ai beau le presser de faire ce qu’il m’a promis, il recule toujours. Il n’y a plus moyen de reculer. Je l’ai tellement pressé, qu’il ne peut plus reculer. Quelque proposition que vous lui fassiez, il est homme à ne pas reculer.
Fam., Il ne recule à rien, se dit D’un homme qui ne craint point le travail, qui se prête à tout ce qu’on exige de lui.
Reculé, ée. part. passé.
Il signifie aussi, Éloigné, lointain. Il loge dans le quartier de la ville le plus reculé. Il se renferme dans la partie la plus reculée de sa maison. Les régions, les nations les plus reculées. Un pays, un peuple si reculé de nous, reculé à l’extrémité de l’Asie. Les temps les plus reculés. L’antiquité la plus reculée. La postérité la plus reculée.
Fig., Être bien reculé, Être en arrière, être bien moins avancé que les autres. Cet écolier est bien reculé. Cette nation est encore bien reculée.
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