dieu

DIEU

nom masculin
Étymologie : ixe siècle, deo, deus ; xiie siècle, dieu. Du latin deus, « dieu, divinité, personnage divinisé ».

I.

I. Dans les religions polythéistes (avec une minuscule). Puissance supérieure, dotée de fonctions ou d’attributs lui donnant pouvoir sur la nature et sur les destinées humaines.
1.  Marque de domaine : Antiquité grecque et romaine. Les dieux et les déesses du panthéon grec, du panthéon romain. Les douze dieux de l’Olympe. Zeus ou Jupiter, le maître des dieux. Poséidon ou Neptune, dieu des mers, de l’océan. Au-dessus des dieux, il y avait les destins. Les dieux marins, les dieux infernaux. Les dieux de la cité, de la patrie. Les demi-dieux, voir ce mot. Les dieux lares, protecteurs du foyer. Honorer, prier les dieux. Consulter les dieux. L’oracle du dieu. Insulter, outrager les dieux. Apaiser, désarmer la colère des dieux. Faire des offrandes aux dieux. Bâtir un temple à un dieu. Sacrifier aux dieux. Appeler la protection des dieux. Les empereurs romains étaient placés au rang des dieux. Par métonymie. Représentation, statue d’un dieu. Un dieu de marbre était placé au fond du temple, dans la cella.
2.  Dans d’autres civilisations. Les dieux de l’ancienne Égypte. Osiris, dieu des morts. Amon-Râ, dieu du soleil. Les dieux babyloniens, assyriens. Les dieux du panthéon hindou. Les dieux celtes. Wotan, dieu du panthéon germanique. Dans la religion tibétaine, le dalaï-lama est appelé le dieu vivant.
3.  Expr. fig. Honorer, regarder quelqu’un comme un dieu. Il fut un dieu pour ses soldats. Il est beau comme un dieu. Chanter, danser comme un dieu, avec une perfection qui manifeste un don exceptionnel. Les dieux du stade, les athlètes des Jeux olympiques et, par extension, les sportifs de renom. Être aimé, favorisé des dieux, avoir de la chance. Être abandonné des dieux, être malchanceux. Être dans la main des dieux, soumis au destin. Iron. Être dans le secret des dieux, être dans la confidence de personnages importants.

II.

II. Nom masculin singulier.
1.  Dans les religions monothéistes (avec une majuscule). Puissance suprême, être transcendant et personnel, créateur de l’univers. Dieu est infini, éternel, tout-puissant, fidèle et miséricordieux. Les attributs et les perfections de Dieu. Dieu est la souveraine sagesse. La majesté infinie de Dieu. Dieu est incréé. La nature de Dieu est inconnaissable. Croire en Dieu. Chercher, prier Dieu. Adorer Dieu. Mettre sa confiance, son espérance en Dieu. Rendre grâce à Dieu. Rendre gloire à Dieu. Servir Dieu. Obéir à Dieu. Offenser Dieu. Revenir à Dieu. Craindre les arrêts, le jugement, le tribunal de Dieu. Nier l’existence de Dieu. Un homme de Dieu, dont la vie est consacrée au service de Dieu.
▪ Spécialement. Dans la Révélation de l’Ancien Testament et dans la tradition juive. Dieu créa l’homme à son image. Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Dieu fit alliance avec son peuple. La loi et les commandements de Dieu. Les douze tribus du peuple de Dieu. Le Temple de Dieu. Expr. Dieu sonde les reins et les cœurs. Le doigt, la main, le bras de Dieu. Nul ne peut voir la face de Dieu sans mourir.
▪ Dans la Révélation du Nouveau Testament et dans la tradition chrétienne. Les chrétiens adorent un seul Dieu en trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, qui forment la Trinité. Dieu s’est fait homme. L’Homme-Dieu, le Dieu-Homme, le Dieu Sauveur, le Christ. Jésus est le Verbe incarné, le Fils de Dieu. Le Royaume de Dieu. Dieu est amour. Le Dieu de miséricorde. La providence de Dieu. La grâce, une grâce de Dieu. Se recommander à Dieu, recommander son âme à Dieu, se préparer à mourir. Paraître, comparaître devant Dieu, mourir. Fam. Le bon Dieu, se dit dans la tradition catholique pour Dieu. Prier le bon Dieu. Recevoir le bon Dieu, prendre l’hostie, communier. Porter le bon Dieu à un malade. Expr. fig. et fam. On lui donnerait le bon Dieu sans confession, à le voir, on le croirait parfaitement honnête.
▪ Dans la religion islamique. Allah est le nom de Dieu. Mahomet fut le dernier et le plus grand des envoyés de Dieu. L’unicité de Dieu.
2.  Marque de domaine : philosophie. Principe spirituel de tous les êtres, transcendant et indépendant. Le Dieu des philosophes et le Dieu des croyants. Les preuves de l’existence de Dieu. Selon Aristote, Dieu est le premier moteur immobile. Dieu est le souverain bien. Dieu est l’être parfait. Spécialement. Principe posé par la raison à titre explicatif, indépendamment d’une spéculation métaphysique. Le Dieu horloger de Voltaire est indifférent aux affaires humaines.
▪ Par extension. Puissance immanente à l’univers. Dieu est la substance des êtres. Le panthéisme identifie Dieu à la nature.

III.

III. Expressions, locutions, proverbes, où l’idée de divinité peut s’atténuer au point de perdre toute signification religieuse.
1.  Expressions ou locutions par lesquelles on fait référence à la bonté, à l’omniscience divines dans les circonstances de la vie quotidienne. Grâces à Dieu (vieilli), grâce à Dieu et, litt., grâce aux dieux. S’il plaît à Dieu. Dieu aidant. À Dieu vat ! locution usitée, en termes de marine, au moment où le bateau part. À la grâce de Dieu ! en acceptant d’avance tous les risques ; advienne que pourra ! Dieu merci, Dieu soit loué, heureusement. Pour l’amour de Dieu, gratuitement, par obligeance, de façon désintéressée. Il nous l’a donné pour l’amour de Dieu. Faites-le pour l’amour de Dieu. Au nom de Dieu, pour renforcer une demande. Au nom de Dieu, ne faites pas cela ! Je vous en conjure au nom de Dieu. Jurer ses grands dieux que, affirmer solennellement que. Il jura ses grands dieux qu’il était innocent. Dieu me damne, sous-entendu : si je mens, si je ne tiens pas ma parole. Dieu me pardonne, sous-entendu : si je me trompe. Dieu sait, employé pour renforcer une affirmation. Dieu sait que j’avais tout vérifié. Dieu sait si je tiens à lui. On dit dans le même sens : Dieu m’est témoin que. Par Dieu, il a raison. Dieu sait, employé pour marquer l’ignorance, l’incertitude. Dieu sait qui a fait cela ! Dieu sait ce que l’avenir nous réserve ! Dieu seul le sait ! Dieu sait où, Dieu sait quand, Dieu sait pourquoi.
2.  Expressions servant à formuler des vœux, des souhaits. Que Dieu te protège ! et, litt., Que les dieux nous assistent ! Que Dieu nous soit en aide ! Dieu nous en garde ! Dieu nous en préserve ! Dieu vous entende ! Dieu le veuille ! Plaise à Dieu que… ! À Dieu ne plaise ! Plût à Dieu qu’il n’en eût rien fait ! Dieu ait son âme ! en parlant d’une personne décédée. Dieu vous le rende ! en guise de remerciement. Dieu vous bénisse ! souhait adressé plaisamment à quelqu’un qui vient d’éternuer. Que Dieu vous ait en sa sainte et digne garde ! formule de salutation employée autrefois par les souverains à la fin de leurs lettres.
3.  Interjections marquant, selon le contexte, la joie, l’angoisse, l’indignation, la surprise. Dieu, que je suis heureux ! Seigneur Dieu ! que c’est beau ! Mon Dieu ! que va-t-il arriver ? Grand Dieu ! quel malheur ! Oh Dieu ! que je souffre ! Dieu de miséricorde ! tout a brûlé ! Juste Dieu ! il mérite la potence ! Dieu ! je n’ai jamais vu rien de tel. Dieu ! qu’il est laid !
4.  Jurons exprimant la colère, l’injonction, le regret. Grand Dieu ! Grands dieux ! Pop. Nom de Dieu ! Jour de Dieu ! Bon Dieu de bon Dieu ! Tonnerre de Dieu ! Avec une valeur intensive. Un vacarme du tonnerre de Dieu.
5.  Proverbes et devises. L’homme propose, Dieu dispose. Ce que femme veut, Dieu le veut. Chacun pour soi et Dieu pour tous. Mieux vaut s’adresser au bon Dieu qu’à ses saints. Qui donne aux pauvres prête à Dieu, un bienfait n’est jamais perdu. Il y a un dieu pour les ivrognes, Dieu les protège des périls que leur état leur fait courir. Dieu et mon droit, devise de la monarchie anglaise. Dieu le veut ! cri de guerre des croisés. Ni Dieu ni maître, devise des anarchistes.
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