nature

NATURE

nom féminin
Étymologie : xiie siècle. Emprunté du latin natura, de même sens, lui-même dérivé de nasci, « naître ».

I.

I. Ce qui, dans la réalité, apparaît comme donné, comme indépendant de la volonté ou de l’action humaines.
1.  L’ensemble des êtres et des choses ; le monde en tant qu’il est ordonné et régi par des lois. On ne saurait trouver, dans toute la nature, d’être semblable à celui-ci. Pénétrer les secrets de la nature. Les mystères de la nature. L’étude de la nature.
▪  Loc. et expr. Lire dans le grand livre de la nature. Une force de la nature, un être doué d’une vigueur exceptionnelle.
▪  Se dit, par une sorte de personnification, de la puissance, de la force active qui a établi cet ordre. La nature ne fait rien en vain. Les caprices de la nature. Une erreur de la nature. La nature en a décidé autrement. Laisser agir la nature. En apposition, avec une majuscule. La mère Nature. Dame Nature.
▪  Cette force, considérée comme ce qui donne à l’homme une connaissance innée du bien et du mal. Loi de nature ou loi naturelle, voir Loi. La nature nous donne les premières notions du juste et de l’injuste. Le cri, la voix de la nature. Un sentiment, un vice contre nature, contraire à une morale tenue pour universelle. À propos des affections fondées sur les liens du sang. Le parricide semble un crime contre nature.
2.  Le monde physique avec ses aspects divers, mers, montagnes, bois, champs, rivières, par opposition aux villes. Les spectacles, les beautés de la nature. La nature étale ici toute sa magnificence. Le sentiment de la nature. Vivre dans la nature, au milieu de la nature, en pleine nature. Spécialement. La faune et la flore. La nature s’endort en hiver. L’éveil de la nature.
▪  Expr. fam. S’évanouir dans la nature, disparaître subitement et mystérieusement. Il se cache quelque part dans la nature, dans un lieu inconnu.
3.  Ce qu’on peut observer dans la vie réelle, par opposition à ce que produit l’art. S’inspirer de la nature. Cet auteur, ce comédien s’éloigne, s’écarte de la nature. Se dit particulièrement de l’être, de la chose que l’artiste cherche à reproduire. Dessiner, peindre, modeler d’après nature. Un paysage fait d’après nature. Une statue, un tableau grandeur nature, voir Grandeur. Figures plus grandes, plus petites que nature, qui ont des proportions plus grandes, plus petites que le modèle.
▪  Par métonymie. Marque de domaine : beaux-arts. Une nature morte, des natures mortes, voir Mort II.
▪  Expr. C’est plus beau que nature, se dit de ce qui imite la réalité à s’y méprendre ou, fig. et iron., d’une action, d’une parole qui dépasse ce qu’on voit, ce qu’on entend ordinairement.
4.  Ce qui a été laissé dans son état originel, n’a pas été modifié. L’anthropologie moderne oppose nature et culture.
▪  Marque de domaine : religion. État de l’homme qui n’a pas reçu la grâce. La nature corrompue. La nature déchue et rétablie par Jésus-Christ.
▪  Marque de domaine : philosophie. L’état de nature, de pure nature, l’état de l’homme tel qu’on le suppose antérieurement à toute civilisation. Jean-Jacques Rousseau imagine un état de nature où l’homme aurait été parfaitement heureux et bon. L’état de nature s’oppose à l’état de société.
5.  Adjectivement. Inv. En parlant d’un aliment auquel on n’a ajouté aucun ingrédient, aucun assaisonnement. Riz nature. Yaourt nature. Thé nature, servi sans citron ni lait.
6.  Loc. Payer en nature, avec les productions du sol, et non en espèces. Il y a des rentes, des fermages qui sont payables en nature. Par extension. Se dit d’une rémunération qui intervient sous la forme de biens ou de services divers. Percevoir des avantages en nature. Une gratification en nature. Iron. et fam. Payer, se payer en nature, accorder ses faveurs, ou exiger celles d’autrui.

II.

II. Ce qui constitue en propre un être, une chose.
1.  L’essence d’un être, d’une chose, avec les attributs qui lui sont propres. Nature divine, angélique, humaine. L’union des deux natures en Jésus-Christ. Il est dans la nature de l’homme de penser.
▪  Par extension. L’organisation particulière de chaque être animé, sa constitution, le principe de vie qui l’anime et le soutient. Cet animal obéit à sa nature, suit l’instinct de sa nature. Les nécessités de la nature, voir Nécessité.
  Titres célèbres : De la nature des dieux, traité de Cicéron (45-44 avant Jésus-Christ) ; De la nature des choses, traité de Lucrèce (ier siècle avant Jésus-Christ).
2.  Ensemble des caractères qui définissent une réalité. La nature d’un terrain, d’un sol. Par affaiblissement. Sorte, espèce. Des objets de même nature. Des biens, des marchandises de toute nature (dans cette expression, le mot est toujours au singulier).
▪  Loc. De nature à, propre à, qui permet de. Cette réponse est de nature à contenter tout le monde.
▪  Expr. Être dans la nature des choses, arriver, se produire de manière inévitable.
3.  Spécialement. Ce que chaque individu tient de sa complexion, de son tempérament, par opposition à ce qu’il doit à l’éducation, à la coutume. Être de nature bilieuse, sanguine, lymphatique. Améliorer, corriger sa nature.
▪  En parlant des dispositions du caractère. Une nature sombre, fière. Avoir une belle, une bonne nature.
▪  Fam. C’est une nature ! Quelle nature ! se dit d’une personne qui a beaucoup de vigueur ou qui fait montre d’une très forte personnalité. Une petite nature, une personne de constitution fragile, de peu de force physique ou morale.
▪  Loc. De nature, de sa nature, par nature, par tempérament, par une disposition innée.
▪  Expr. Ce n’est pas dans sa nature, ce n’est pas dans ses habitudes ou ce n’est pas quelque chose qu’il ferait spontanément. Forcer sa nature, agir de manière contraire à ses dispositions ou vouloir faire plus qu’on ne peut. Expr. proverbiale. L’habitude est une seconde nature.
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