vouloir

▪ Loc. et expr. Il ne veut rien savoir, il refuse d’écouter ce qu’on lui dit. Ne pas vouloir entendre parler d’une chose, Ne rien vouloir entendre, voir Entendre. À qui veut l’entendre, à tout le monde. Vous voulez rire ? se dit à quelqu’un dont le propos ne paraît guère sérieux, guère croyable. Riez tant que vous voudrez, formule de défi, de menace adressée à ceux qui se moquent. Vouloir dire, en parlant d’une personne, faire entendre, faire comprendre ; en parlant d’un mot ou d’un comportement, signifier. Si vous voyez ce que je veux dire… Personne ne sait plus ce que veut dire cette ancienne expression. Tout cela ne veut rien dire, tout cela n’a aucun sens. Que veut dire ceci, qu’est-ce que cela veut dire ? s’emploie parfois pour marquer simplement l’étonnement ou la réprobation. Savoir ce que parler veut dire, voir Parler I. Il ne sait pas ce qu’il veut, se dit d’une personne indécise, inconstante. Il sait ce qu’il veut, se dit, souvent par euphémisme, de quelqu’un de très décidé ou de très autoritaire. Vous l’aurez voulu ! ou Vous l’avez voulu ! se dit à quelqu’un pour lui signifier qu’il est responsable de ce qui arrive. Sans le vouloir, involontairement, par mégarde. Fam. Il faut le vouloir ! s’emploie pour souligner à quel point une erreur, une faute paraît grossière. Avoir un accident à cet endroit, il faut le vouloir ! En vouloir, avoir beaucoup de volonté, mettre beaucoup d’énergie pour parvenir à son but. Il en veut.

▪ Par analogie. Souvent à la forme négative. Nous pourrons utiliser cette tondeuse, si le moteur veut démarrer, veut bien démarrer. Ce bois ne veut pas brûler.

▪ Prov. Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage, on trouve toujours un prétexte pour justifier une mesure arbitraire. Il n’est pire sourd qui ne veut entendre, que celui qui ne veut pas entendre, se dit de quelqu’un qui feint de ne pas entendre ou de ne pas comprendre.

▪ Expr. Dieu le veut ! cri de guerre des croisés. Dieu le veuille, s’emploie comme formule de souhait, souvent pour dire qu’on doute de la réalisation de quelque chose. Si Dieu le veut, formule par laquelle on rappelle que l’on n’est pas maître de l’avenir. Dieu ne veut pas la mort du pécheur, par allusion à l’Écriture sainte, il faut être indulgent pour la faiblesse humaine. Le roi dit : Nous voulons ! s’emploie pour corriger quelqu’un qui abuse du ton impératif. Si veut le roi, si veut la loi, voir Roi.

▪ Par analogie. Cette plante veut un terrain humide. La morale veut qu’on aide son semblable. L’usage veut que… C’est l’époque qui le veut. Par affaiblissement. Le malheur a voulu que le bateau sombrât.

▪ Spécialement. Demander un certain prix d’une chose qu’on souhaite vendre. Il veut une somme considérable pour sa maison. Cet objet m’intéresse, combien en voulez-vous ?

▪ Par extension. Cet entraîneur veut de nouveaux joueurs dans son équipe. Spécialement. Vouloir une personne, désirer la posséder charnellement.

▪ Au conditionnel, pour atténuer par politesse l’expression d’une demande. Je voudrais vous entretenir en particulier. Elle voudrait bien connaître votre avis.

▪ Dans une construction attributive. Voulez-vous votre gigot bien cuit ou rosé ? Il peint les hommes tels qu’il les veut, et non pas tels qu’ils sont.

▪ Loc. et expr. À bouche que veux-tu, voir Bouche. En veux-tu, en voilà (fam.), se dit de ce qui se trouve à profusion. En vouloir pour son argent, chercher à obtenir un bien ou un service qui réponde à la somme ou, par extension, aux efforts qu’il a coûtés. Faire de quelqu’un ce qu’on veut, tout ce qu’on veut, le mener aisément, avoir sur lui une emprise complète. Vouloir du bien, du mal à quelqu’un, être bien, mal disposé à son endroit, désirer lui être utile, lui nuire. La lettre anonyme était signée « un ami qui vous veut du bien ». Je ne lui veux ni bien ni mal, son sort m’est indifférent. Vous voulez ma mort ! se dit, souvent plaisamment, pour marquer à quelqu’un l’étonnement, l’indignation que suscite ce qu’il réclame, propose ou suggère. Au conditionnel, dans des formules qui marquent la colère, la menace. Je voudrais bien voir cela ! Je voudrais bien voir qu’il essayât !

▪ Prov. Ce que femme veut, Dieu le veut. « Si tu veux la paix, prépare la guerre », traduction du latin Si vis pacem, para bellum.

▪ Pour exprimer une demande ou un ordre, généralement en l’atténuant. À la deuxième personne du pluriel de l’impératif. Veuillez n’en rien dire à personne. Veuillez vous asseoir. Veuillez agréer l’assurance de mon respect, Veuillez croire à mes sentiments les meilleurs, formules de courtoisie utilisées pour conclure une lettre. À la deuxième personne du singulier et du pluriel au présent de l’indicatif ou du conditionnel, dans des phrases interrogatives ou exclamatives. Voulez-vous, voudriez-vous rappeler un peu plus tard ? Voulez-vous vous taire ! Elliptiquement. Cesse tes bêtises, veux-tu ! ou, fam., tu veux !

▪ Renforcé par l’adverbe bien. Oui, je le veux bien ou, elliptiquement, je veux bien. Le président veut bien vous recevoir. Je veux bien croire qu’il est sincère. Pour marquer une concession, un assentiment mêlé de réserves, de doutes. Je veux bien que des travaux soient nécessaires, mais où en trouvera-t-on les moyens ? Il est gentil, je veux bien, mais on ne peut pas lui faire confiance. Pour exprimer une sollicitation ou un ordre. Si vous voulez bien me suivre. Vous voudrez bien ranger ce bureau. Je vous prie de bien vouloir…, de vouloir bien…, formule accompagnant une demande. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir me répondre.

▪ Loc. et expr. Si l’on veut, si vous voulez, si tu veux…, se dit en manière de concession ou pour rectifier un propos. Sa confiance ou, si l’on veut, son imprudence le perdit. Le croira qui voudra, si invraisemblable que cela paraisse. Fam. Je veux bien ou je veux être pendu si…, formule qui renforce une déclaration. Je veux être pendu si ce qu’il dit est vrai.

▪ Dans des phrases interrogatives, à la deuxième personne. Comment veux-tu que je m’accommode de cette situation ? Que voulez-vous que cela me fasse ? Que veux-tu, que voulez-vous, employé dans une proposition incidente, pour exprimer une certaine résignation. Oui mais, que veux-tu, il faut bien vivre. C’est ainsi, que voulez-vous.

▪ Pron. Ils se veulent en rupture avec la génération précédente. Cette étude se veut objective. Ses paroles se voulaient aimables.

▪ Par analogie. Affirmer, raconter. La légende veut qu’un dragon ait menacé la ville.

▪  En vouloir à quelqu’un s’emploie surtout au sens d’Éprouver de la malveillance à son égard ou, plus souvent, du ressentiment, de la rancune. Ces hommes, jaloux de sa fortune, lui en veulent. Il s’est mal conduit et je lui en veux. Pron. S’en vouloir, éprouver du regret, se repentir. Je m’en veux de lui avoir menti. Elle s’en est voulu d’avoir négligé ce conseil. S’emploie au conditionnel pour signifier un refus catégorique de faire quelque chose. Il s’en voudrait d’accepter cette proposition.