couler
1re édition
COULER.
v. n.■
Fluer, Se dit des choses liquides qui suivent leur pente. Ce ruisseau, cette fontaine coule doucement, lentement. coule de source. coule dans la prairie. coule sur des cailloux, sur du gravier, &c. la riviere coule le long des murailles. coule alentour, tout autour de la ville. coule vers le Midi, vers le Nord. le verre estoit si plein que l’eau, que le vin, p. 261&c. couloit par dessus les bords. le sang, la sueur luy couloit le long du visage, couloit abondamment. les larmes coulent des yeux. il est enrhumé, le nez luy coule. cette chandelle est de mauvais suif, elle coule. le sang qui coule dans les veines. cette ancre est trop claire, elle coule trop. elle est trop espaisse, elle ne coule pas bien.
On dit, qu’Un vaisseau coule, Quand il est percé, ou qu’il n’est pas bien joint, en sorte que la liqueur qui est dedans s’enfuit. Ce muid, ce baril coule. il coule de toutes parts.
On dit, qu’Un navire, qu’un vaisseau coule à fond, coule bas, pour dire, qu’Il s’enfonce & se submerge dans l’eau.
On dit aussi activement, qu’On le coule à fond, pour dire, qu’On le fait submerger. Attaquer un vaisseau & le couler à fonds à coups de canon.
On dit aussi Des choses solides, qu’Elles coulent, pour dire, qu’Elles glissent, qu’elles s’eschappent. L’eschelle n’avoit pas assez de pied, elle coula. comme il passoit par la ruë, une planche, une tuile coula d’un bastiment, & luy tomba sur la teste.
On dit, que La vigne coule, Quand le raisin qui commençoit à se noüer, se perd, s’en va à rien. La vigne estoit belle, mais elle a coulé, la pluye l’a fait couler. les vignes ont coulé.
Couler, se dit aussi fig. Du temps qui passe. Les jours, les années, les siecles coulent insensiblement, coulent si viste. le temps coule incessamment.
On dit figurément, d’Un homme qui parle avec grande facilité, que Les paroles luy coulent de la bouche.
On le dit pareillement des ouvrages en prose ou en vers, pour dire, qu’Il n’y a rien de rude, ni qui blesse l’oreille. Ce discours, cette periode coule bien, coule agreablement. ses vers coulent doucement.
On dit encore, De tout ce qui est dit ou escrit naturellement, d’une maniere aisée, que Cela coule de source.
On dit aussi, que Les liqueurs delicieuses, les bons vins, coulent agreablement.
Couler, signifie aussi, Glisser doucement. Dans cette dance là on ne fait que couler. faites deux pas & coulez.
On le dit aussi, Des personnes qui passent sans faire bruit & avec crainte d’estre apperçus. Coulez viste le long de cette muraille. ces troupes coulerent à la faveur de la nuit, à la faveur du bois. coulerent le long des fossez, & entrerent dans la place. le liévre a coulé le long de la haye.
On dit, d’Un homme qui dans son discours n’a parlé d’une chose que legerement & en passant, qu’Il n’a fait que couler par dessus.
En ce sens il se met aussi avec les pronoms personnels. Je me coulay le long de la muraille. il se coula par derriere la tapisserie. il s’est coulé dans la presse. coulez-vous doucement parmi les autres. cette erreur, cette heresie s’est coulée dans les esprits.
■
Couler. v. act. Passer une chose liquide au travers du linge, du drap, du sable &c. Couler du lait dans un couloir. couler la lexive. couler de l’hippocras dans une chausse. couler un boüillon. couler au travers d’un linge. couler au travers du sable.
Il signifie aussi fig. Faire glisser adroitement, mettre doucement en quelque endroit, ou parmi quelque chose. Il a coulé ce mot subtilement dans la clause, ou cette clause dans le contract. il en faudroit couler un mot dans vostre discours, dans un tel endroit de vostre livre. en comptant l’argent il y coula quelques pistoles fausses. il y coula ce billet, cette piece parmi les autres papiers. il a coulé la main dans ma poche. il luy coula des loüis d’or dans la main.
■
Coulé, ée. part. pass. Il a les significations de son verbe.
■
Coulant, ante. adj. v. Il a les mesmes significations que son verbe. Ruisseau coulant. style coulant. ses vers sont bien coulants. sa veine est coulante. ce vin est coulant.
On appelle, Nœud coulant, Un nœud qui se serre & desserre sans se desnoüer.
■
Coulant. s. m. Pierreries que les femmes portent pour ornement à leur col, & qui est enfilé à un cordon de soye, en sorte qu’on le peut hausser & baisser. Cette Dame avoit un coulant de grand prix.
■
Coulamment. adv. d’Une maniere coulante, aisée, qui n’a rien de rude. Il se dit des discours & des ouvrages de prose ou de vers. Il parle coulamment. cela est escrit coulamment.
■
Coulûre. subst. fem. La chûte des grains, de la grappe, qui se perdent avec la fleur. La vigne est sauvée de la gelée, il n’y a plus que la coulûre à craindre.
■
Coulis. adj. Qui n’a point de feminin. Le masculin n’est bon qu’en cette façon de parler, Vent coulis, qui veut dire un vent qui se glisse au travers des fentes & des trous. Il vient un vent coulis par cette porte. je sens un vent coulis qui me donne sur l’espaule. les vents coulis sont dangereux.
■
Coulis. s. m. Suc de quelque chose consommée à force de cuire, passé par une estamine, par un linge &c. Coulis de chapon. coulis de perdrix. coulis de pois verds, d’escrevisse &c.
■
Coulisse. s. f. Longue entaille par laquelle on fait couler, aller & revenir un chassis, une fenestre, une porte de bois &c. Faire une coulisse, graisser la coulisse.
Coulisse, se prend aussi, Pour ces pieces de decorations que l’on fait avancer & reculer dans les changemens de theatre. Les Acteurs attendent encore les coulisses, le feu se prit aux coulisses.
■
Couloir. s. m. Escuelle ordinairement faite de bois, qui au lieu de fond a une piece de linge par laquelle on coule le lait en le tirant.
■
Machecoulis. s. m. Certains trous en saillie au haut des murailles des chasteaux, & des anciennes forteresses, par lesquels on fait tomber de grosses pierres pour défendre le pied du mur.
■
Decouler. v. n. Couler, tomber de quelque endroit en petite quantité. Il en decouloit des gouttes de sang. cela decouloit peu à peu. les eaux, les humeurs qui decoulent du cerveau dans l’estomac, sur la poitrine. la sueur luy decouloit de toutes parts.
On dit aussi fig. Les graces, les bienfaits decoulent de ses mains, pour dire, Il distribüe toutes les graces. C’est par ce canal que les graces du Prince decoulent sur les peuples.
■
Decoulant, ante. adj. v. Qui n’est en usage qu’au feminin, & dans cette phrase de l’Escriture sainte. La terre de promission estoit une terre decoulante de lait & de miel.
■
Decoulement. s. m. Flux, mouvement de ce qui decoule. Le decoulement des humeurs. Il n’est guere en usage qu’en cette phrase.
■
Escouler. verbe neutre. Couler hors de quelque endroit. Le torrent est escoulé. il faut laisser escouler l’eau, faire escouler l’eau. quand l’eau sera escoulée.
Il est aussi n. pass. Le torrent s’est escoulé. l’eau s’escoule &c.
On dit fig. Que le temps s’escoule, que Les occasions s’escoulent, que l’argent s’escoule, que la foule, la presse s’escoule, s’est escoulée, qu’il s’est escoulé du temps, bien du temps, que le temps est escoulé, pour dire, Que le temps prefix est expiré.
On dit aussi, qu’Une chose s’escoule, s’est escoulée p. 262de la memoire, pour dire, qu’Elle est eschappée de la memoire.
■
Escoulé, ée. part. pass. Il a les significations de son verbe.
■
Escoulement. s. m. v. Le flux, le mouvement de ce qui s’escoule. L’escoulement de l’eau, des eaux &c.
On dit fig. Escoulement de lumiere. escoulement de la grace.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.
VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- couiner, v. intr.
- coulage, n. m.
- coulamment, adv. [7e édition]
- coulant, -ante [I], adj.
- coulant [II], n. m.
- coule [I], n. f.
- coule [II], n. f.
- coulé, -ée, adj. et n.
- coulée, n. f.
- coulemelle, n. f.
- couler, v. intr. et tr.
- couleur, n. f.
- couleur de feu, n. m. [1re édition]
- couleuvre, n. f.
- couleuvreau, n. m.
- couleuvrée, n. f. [7e édition]
- couleuvrine, n. f.
- coulis, adj. m. et n. m.
- coulissant, -ante, adj.
- coulisse, n. f.