cendre

4e édition

CENDRE.

s. f.
■  La poudre qui reste du bois & des autres matières combustibles après qu’elles ont été brûlées & consumées par le feu. Cendre chaude. Cendre de bois neuf, de bois flotté. Cendre de sarment. Feu couvert de cendre. Réduire en cendres. Mettre en cendres. Faire cuire une galette sous la cendre. Faire cuire des truffes, des marrons dans les cendres.
On dit figurément, Réduire en cendres une Province, un Royaume, pour dire, Les désoler, les ravager, y mettre tout à feu & à sang. Tamerlan réduisit l’Asie en cendres.
Autrefois chez quelques peuples, pour marquer une grande douleur & une grande pénitence, on prenoit le sac & on se couvroit de cendre. Les Ninivites firent pénitence avec le sac & la cendre. De-là sont venues ces expressions dont on se sert encore aujourd’hui : Faire pénitence avec le sac & la cendre, pour dire, Avoir une grande douleur d’avoir offensé Dieu, & faire une grande pénitence pour obtenir de lui le pardon de ses péchés.
Aujourd’hui il y a des Maisons Religieuses, où, par un esprit de pénitence, on expire sur la cendre.
En parlant d’une passion amoureuse qui n’est pas bien éteinte, on dit, que C’est un feu caché sous la cendre. Et quand un homme dissimule un sentiment de vengeance, en attendant qu’il trouve l’occasion de se venger, on dit, que C’est un feu qui couve sous la cendre.
On appelle Cendre de plomb, Le plus menu plomb dont on se sert pour tirer sur le petit gibier.
■ Cendres, au pluriel, se dit De la cendre qui est faite des linges qui ont servi à l’Autel, ou des branches de buis qui ont été bénites, & dont le Prêtre marque le front des Fidèles en forme de croix, le premier jour de Carême. Aller prendre des cendres. Le Prêtre donne des cendres. Le jour des cendres. Le Mercredi des cendres.
Lorsque les Anciens brûloient les corps morts, ils avoient soin d’en recueillir les cendres dans des vases. Et de-là vient qu’on dit figurément & poëtiquement, La cendre des morts, les cendres des morts.
On dit figurément, qu’Il ne faut point remuer les cendres des morts, pour dire, qu’Il ne faut point rechercher leurs actions pour les blâmer, ou pour flétrir leur mémoire.
En parlant d’Un bon mari, d’une bonne femme, on dit proverbialement & familièrement, qu’Il faudroit les brûler pour en avoir de la cendre, & cela pour faire entendre que l’un & l’autre sont fort rares.
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