rabattre

4e édition

RABATTRE.

v. a. Conjugaison : (Il se conjugue comme Battre.)
■  Rabaisser, faire descendre, diminuer, retrancher de la valeur d’une chose, & du prix qu’on en demande. Le vent rabat la fumée. Il faut rabattre beaucoup du prix que vous demandez. Combien en voulez-vous rabattre ? Un Marchand qui vend sa marchandise sans en rien rabattre. Il n’en rabattroit pas un sou.
■ Rabattre les courbettes, en termes de Manége, C’est forcer un cheval qui travaille à courbettes, de poser en un seul & même temps à terre les deux pieds de derrière, de manière que la chute de ses deux pieds ne fasse entendre qu’un seul son. Cheval qui rabat bien ses courbettes.
On dit, en parlant d’Un homme qui en affaires ne veut entrer dans aucun tempérament, que C’est un homme qui n’en veut rien rabattre. Et lorsqu’une personne a fait quelque chose qui donne lieu de l’estimer moins, on dit, qu’On en rabat beaucoup. Il est familier. On dit aussi familièrement & dans la même acception, J’en rabats quinze.
On dit, Rabattre un coup, pour dire, Le détourner, le rompre en le parant. On lui porta un coup d’épée, & il le rabattit.
On dit figurément, Rabattre les coups, pour dire, Adoucir, apaiser des gens aigris les uns contre les autres. Il entra comme ils se querelloient, & il rabattit bien des coups. La même chose se dit, en parlant Des bons offices qu’on rend auprès d’un homme puissant, à quelqu’un contre qui il étoit prévenu. Il étoit fort irrité contre lui, & on a bien eu de la peine à rabattre les coups.
En termes de Pratique, on dit, Rabattre un défaut, Lorsque le Juge à l’Audience révoque le défaut qu’il avoit donné contre une des parties, faute d’avoir comparu. Il se présenta à l’Audience, & fit rabattre le défaut qui avoit été obtenu contre lui.
■ Rabattre, en parlant des habillemens, se dit Des plis & des coutures, & signifie, Les aplatir. Rabattre les plis d’un habit. Rabattre les coutures d’une robe. Et en termes de labourage, on dit, Rabattre les avoines, pour dire, Faire passer un rouleau sur les avoines déjà levées, pour aplanir la terre.
■ Rabattre, dans le style figuré, signifie, Abaisser ; & c’est dans cette acception qu’on dit, Rabattre l’orgueil, rabattre la fierté de quelqu’un. Il lui a bien rabattu son caquet. Ce dernier est du style familier.
■ Rabattre, est aussi neutre ; & alors il signifie, Quitter un chemin, & se détourner tout d’un coup par un autre. Quand vous serez en tel lieu, vous rabattrez à main droite. Il faut rabattre par un tel endroit.
En termes de Chasse, on dit, Rabattre le gibier, pour dire, Battre la campagne, pour réunir & rassembler le gibier dans l’endroit où sont les Chasseurs.
Il est aussi réciproque ; & dans cette acception on dit, que Des perdrix se sont rabattues en quelque endroit, pour dire, qu’Elles s’y sont remises. Les perdrix se rabattirent dans une pièce de blé.
Lorsqu’une armée étant en marche, quitte tout d’un coup la route qu’elle tenoit, pour se porter au siége de quelque Place, on dit, qu’Elle s’est rabattue sur cette Place. L’armée après divers mouvemens, se rabattit sur une telle Place.
On se sert aussi du mot, Se rabattre, lorsqu’après avoir parlé de quelque matière, on change tout d’un coup de propos. Après avoir parlé quelque temps de choses indifférentes, il se rabattit sur la politique.
■ Rabattu, ue. participe.
On appelle Épée rabattue, Une épée qui n’a ni pointe ni tranchant. Et, Dames rabattues, Une sorte de jeu qu’on joue sur le tablier d’un trictrac. Jouer aux dames rabattues.
On dit proverbialement, Tout compté, tout rabattu, tout bien compté & rabattu, pour dire, Tout bien examiné.
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