toucher

5e édition

[I.] TOUCHER.

v. a.
↪ voir aussi : [II.] Toucher (n. m.)
■  Mettre la main sur quelque chose, à quelque chose. Toucher les vases sacrés, toucher aux vases sacrés. Il ne lui a pas touché le bout du doigt. Ne touchez pas cela, à cela. Regardez cela, mais n’y touchez pas.
On dit, Toucher dans la main, pour, Mettre sa main dans celle d’un autre, en signe de réconciliation, d’amitié ou de conclusion de marché, etc. Le marché est conclu, il m’a touché dans la main. Nous nous sommes touchés dans la main. On les a réconciliés, ils se sont touchés dans la main. Il me tendit la main, et me dit, touchez là, l’affaire est faite.
■ Toucher, se dit aussi, en parlant du Roi, lorsqu’il applique et met la main sur ceux qui sont malades des écrouelles, en disant, Le Roi te touche, Dieu te guérisse. On dit en ce sens absolument, Le Roi touche. Le Roi touchera un tel jour, une telle fête.
■ Toucher, se dit encore, en parlant Des autres parties du corps. Toucher du pied. Toucher du bras. Il le toucha du coude. Il se dit aussi De la même action faite par le moyen d’un corps étranger. Il l’a touché avec son gant, avec son manchon. Il l’a touché de sa baguette.
On dit en termes de Manége, Toucher de la gaule, pour, Aider de la gaule, en frapper légèrement sur l’épaule du cheval. Venez à courbettes par le milieu de la place, touchez de la gaule.
On dit figurément, Faire toucher une chose au doigt et à l’œil, pour, La démontrer clairement, en convaincre par des preuves indubitables, telles que sont ordinairement celles de la vue et du toucher.
■ Toucher, se dit, en parlant Du contact qui arrive entre toutes sortes de corps, lorsqu’ils se joignent tellement qu’il n’y a rien entre deux. Ma maison touche la sienne. Il est aussi réciproque dans ce sens-là. Ces deux pierres se touchent. Le lambris et la muraille ne se touchent pas. Ces deux maisons se touchent.
En Géométrie, on dit, qu’Une ligne droite touche une courbe, Lorsqu’elle la rase en un seul point sans la couper. On dit aussi dans le même sens, que Deux courbes se touchent.
On dit, qu’Un vaisseau touche, Quand faute d’eau la quille touche le fond de la mer ou de la rivière, ou que par quelque accident il vient à toucher une roche, un banc de sable, etc.
On dit, qu’Un vaisseau a touché les côtes, a touché une telle île, pour dire, qu’Il y a mouillé, qu’il y a abordé.
On dit par exagération, d’Un homme qui danse ou qui court légèrement, qu’Il ne touche pas des pieds à terre. Et en parlant de bons joueurs de paume, on dit, qu’Ils ne laissent pas toucher la balle à terre.
On dit figurément d’Un homme qui parcourt rapidement plusieurs objets, qu’Il ne touche pas du pied à terre.
On dit d’Un homme fin et dissimulé, qu’Il n’a pas l’air d’y toucher. On ne diroit pas qu’il y touche.
On dit figurément, qu’Une affaire ne touchera pas à terre, pour, qu’Elle passera sans difficulté.
On dit, Toucher, en parlant De certains instrumens de musique, pour, En jouer. Toucher l’orgue, le clavecin, le tuorbe, les toucher agréablement, délicatement.
On dit figurément, Toucher la grosse corde, pour, Parler de ce qu’il y a de principal et de plus essentiel dans une affaire. Et pour dire, qu’Une affaire, ou qu’une circonstance est délicate, et qu’il n’en faut pas parler, on dit, que C’est une corde qu’il ne faut pas toucher. Il ne faut pas toucher cette corde-là.
On dit, Toucher une pièce d’or, un lingot d’or, pour, L’éprouver avec la pierre de touche. Cette pistole est douteuse, elle a été touchée deux ou trois fois.
■ Toucher, se dit en parlant d’Une somme d’argent, et signifie, Recevoir. Il a touché ses appointemens. Je lui ai fait toucher une telle somme. Toucher de l’argent.
■ Toucher, signifie aussi, Atteindre à quelque chose. Il est si grand, qu’il touche au plancher. Il y touche de la tête. Il y touche de la main. Toucher du doigt.
On dit figurément, Toucher à un certain temps, pour, En être proche. Il n’y a pas quinze jours d’ici à Pâques, nous y touchons. Nous touchons au dernier moment. Toucher à sa fin. Le terme n’est pas éloigné, nous y touchons. Dans ces dernières acceptions, Toucher s’emploie neutralement.
■ p. 673Toucher, veut dire encore, Frapper pour faire aller, chasser devant soi ; et il se dit des bêtes, comme vaches, bœufs, chevaux, etc. Il touchoit un troupeau devant lui. Il touchoit des bœufs devant lui. Touchez, cocher, allons plus vîte. Touche, cocher.
Dans le sens de Frapper, il se construit quelquefois avec Sur. Toucher sur les uns et sur les autres. On le dit aussi absolument. Touchez fort. Dans ces phrases, il s’emploie neutralement.
■ Toucher à quelque chose, signifie quelquefois, En prendre, en ôter. On ne touchoit au trésor de la République que dans les grandes nécessités. Je garde cet argent pour une affaire importante, je n’y veux pas toucher. Les assiégés n’ont pas encore touché à leurs magasins. Voilà des mets, des plats auxquels on n’a pas touché.
On dit encore, Toucher à une chose, à une affaire, pour, Y apporter quelque changement. Le Roi a révoqué tels et tels Édits, mais il n’a pas touché à celui-là. Le Conseil n’a pas voulu toucher à cet Arrêt du Parlement. On a retranché quelques Compagnies dans tels Régimens, mais on n’a point touché à celui-là. Assurément on n’y touchera pas. Ce Prince changea presque tout dans son État, mais il n’osa toucher à la Religion, aux Lois fondamentales. Il n’a pas voulu toucher à cet article.
On dit d’Un homme qui a eu quelque part à un ouvrage d’esprit, qu’Il y a touché.
■ Toucher, signifie aussi, Traiter, exprimer. Ainsi on dit, qu’Un Poëte, qu’un Orateur touche bien les passions. Il y a dans cette Tragédie des endroits bien touchés.
On dit, Toucher une chose, une matière, pour dire, En parler incidemment dans un discours. Il a touché ce point-là fort adroitement. Il ne l’a voulu toucher qu’en passant, que légèrement. Touchez-en quelque chose dans votre Préface.
On dit d’Un tableau, qu’Il est bien touché, pour, que Les coups de pinceau sont donnés avec beaucoup d’entente, de force, de hardiesse, etc.
■ Toucher, signifie figurément Émouvoir. Dieu lui a touché le cœur. Dieu l’a touché, il s’est converti. Cette nouvelle, cette mort l’a fort touché. Il en est sensiblement, vivement, extrêmement touché, touché jusqu’aux larmes. Il en est touché jusqu’au fond du cœur. Laissez-vous toucher à la pitié, aux larmes des orphelins. Il en fut touché de pitié, de douleur.
■ Toucher, signifie aussi figurément, Concerner, regarder. Cela ne me touche point. En quoi est-ce que cela vous touche ? Je prends beaucoup de part, je prends un véritable intérêt à tout ce qui vous touche, à tout ce qui touche votre famille. Cela ne me touche en rien.
Il signifie encore, Appartenir par le sang. Il me touche de près, il est mon cousin. Il ne me touche ni de près ni de loin.
On le dit aussi figurément en parlant Des choses, pour dire, Intéresser. Cet événement ne me touche ni de près ni de loin.
■ Touché, ée. participe.
On dit aux jeux de Dames et de Trictrac, Dame touchée, Dame jouée ; et aux Échecs, Pièce touchée, pièce jouée, pour dire, que Quand on a touché une pièce, il la faut jouer.
On dit, Jouer au gage touché. Voyez Gage.
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