appeler
6e édition
APPELER.
v. a. Conjugaison : (J’appelle. J’appelais. J’ai appelé. J’appellerai. Appelant.)■
Nommer ; dire le nom d’une personne, d’une chose, ou lui imposer, lui donner un nom. Comment appelez-vous cet homme ? On l’appelle Pierre, Jean. Comment appellerez-vous votre premier enfant ? C’est ainsi qu’on l’appelle. Cette montagne fut appelée de ce nom à cause de… Cette ville fut ainsi appelée du nom de son fondateur. Je ne sais comment on appelle cette plante, cet animal. Appelez-les comme il vous plaira. Ceux que nous appelons anciens. Ceux qu’on appelle philosophes. Les magistrats qu’on appelait à Rome tribuns du peuple. Les familles nobles qu’on appelait patriciennes.
Prov., Il appelle les choses par leur nom, se dit D’un homme qui n’affaiblit pas, par ses expressions, des vérités dures.
Appeler les lettres, Les nommer, les désigner par leur nom.
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Appeler, signifie particulièrement, Donner un titre d’honneur, d’amitié, etc. Les Romains, que Virgile appelle le peuple-roi. Hérodote, qu’on appelle le père de l’histoire. Les rois de France furent appelés les fils aînés de l’Église. Ce vieillard m’appelle son fils. L’histoire, qu’on appelle la sage conseillère des rois.
Il signifie pareillement, Désigner une personne ou une chose par quelque qualité bonne ou mauvaise. J’appelle un ami celui qui se montre tel dans les circonstances difficiles. Il l’appela voleur, fripon. Peut-on appeler courageuse une action si téméraire et si folle ? On appellera toujours folie une conduite pareille à celle-là. C’est ce qu’on appelle franchir les bornes de la décence.
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Appeler, dans ces diverses acceptions, s’emploie aussi avec le pronom personnel. Comment vous appelez-vous ? Je m’appelle Louis. Cette fleur s’appelle Anémone. Il s’appelle Charles. Ceux qui s’appellent les gens comme il faut, les sages par excellence. Cela s’appelle un véritable ami. Cela s’appelle folie en bon français.
Fam., Cela s’appelle parler, voilà ce qui s’appelle parler, se dit Lorsque quelqu’un fait des propositions plus avantageuses qu’on ne s’y attendait. Ces phrases s’emploient aussi Pour louer quelqu’un qui a dit, sur une question longtemps agitée, des choses claires, lumineuses, péremptoires.
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Appeler, signifie en outre, Prononcer à haute voix les noms de ceux qui doivent se trouver présents en quelque endroit. On va appeler tous les soldats l’un après l’autre. Ce soldat n’était pas à la caserne quand on l’a appelé. Je ne me suis point entendu appeler quand on a lu cette liste.
Au Palais, Appeler une cause, Lire tout haut le nom des parties, afin que leurs avocats viennent plaider pour elles. On vient d’appeler votre cause. La cause sera appelée à tour de rôle.
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Appeler, signifie également, Se servir de la voix ou de quelque signe pour faire venir quelqu’un. Je l’appelle, et il ne vient point. Il appelait inutilement, pas un domestique n’était à la maison. Appelez un tel. Appeler quelqu’un par son nom. Ne pouvant plus l’appeler de la voix, il l’appelait encore de la main. Appeler des yeux, du geste. Appeler les voisins. Appeler à haute voix. Appelez mes gens. Appeler de toute sa force. Dans ce sens, il se dit aussi en parlant De certains animaux domestiques. Appeler son chien. Appeler un cheval. Etc.
Il se dit également Du cri dont les animaux se servent pour faire venir à eux ceux de leur espèce. Le mâle appelle sa femelle. La brebis appelle son agneau. La vache appelle le taureau. La poule appelle ses poussins. On dit dans un sens analogue, Appeler des oiseaux en imitant leur cri, etc.
Appeler au secours, appeler à l’aide, Crier au secours, crier à l’aide, invoquer le secours, l’aide de quelqu’un. On dit de même, Appeler quelqu’un à son secours, appeler du secours, etc.
Fig., Appeler à son secours, se dit en parlant Des moyens extraordinaires que l’on emploie pour venir à bout de quelque chose. Il appelle à son secours le manége et l’intrigue, pour mieux réussir dans son entreprise.
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Appeler, signifie encore, Mander, faire venir, inviter à venir. Appeler le médecin, le chirurgien. Appeler le confesseur. Quand le feu est à une maison, on appelle les pompiers. Appeler la garde. Cet artiste fut appelé en France, à la cour, par tel prince. Appeler un général à l’armée. Tous les chefs furent appelés à ce conseil. Quand il se vit menacé par tant d’ennemis, il appela ses alliés. Le comte Julien appela les Maures en Espagne.
Il signifie particulièrement, Citer, faire venir devant le juge. Appeler en justice. On l’a fait appeler pour se voir condamner à payer une somme. Appeler quelqu’un en témoignage. Être appelé comme témoin. Appeler en garantie. Le juge ordonna que les parties seraient appelées.
Appeler au combat, appeler en duel, ou simplement, Appeler, Envoyer défier.
Appeler sous les drapeaux, ou simplement, Appeler, Sommer de se rendre sous les drapeaux. La réserve fut appelée sous les drapeaux. On va bientôt appeler la classe de telle année.
Dieu vient de l’appeler à lui, se dit en parlant D’une personne qui vient de mourir.
Appeler sur quelqu’un le mépris public, la haine de tous, etc., S’efforcer de le rendre l’objet du mépris public, de la haine générale, etc.
Appeler sur quelqu’un, sur une famille, sur un pays, les bénédictions du ciel, Les leur souhaiter, ou Les leur attirer.
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Appeler, se dit aussi De toutes les choses dont le son sert de signal pour avertir de se trouver en quelque lieu. Les cloches appellent à l’église. Une cloche appelle à la prière, au travail, au déjeuner. La trompette appelle au combat. J’entends l’heure qui m’appelle.
Il se dit figurément De tout ce qui avertit, qui excite, qui oblige à se trouver en quelque endroit, pour quelque chose que ce puisse être. J’irai où l’honneur, où le devoir m’appelle. La charité vous y appelle. Mes affaires m’appellent ailleurs. La vengeance l’appelle. Ce beau temps nous appelle à la chasse.
Il signifie quelquefois, Nécessiter, réclamer, exiger. Ce crime appelle la vengeance des lois. Ces abus appellent une réforme. Ce mot ne peut être employé seul, il appelle un complément, un régime. Ce grave sujet appelle toute votre attention. On dit dans un sens analogue, Appeler l’attention de quelqu’un sur quelque chose, L’inviter, l’engager à y faire attention, à y donner son attention. J’appelle à cet égard toute votre attention.
Appeler l’attention, signifie aussi, quelquefois, Exciter et captiver l’attention. Un bruit extraordinaire appela, vint appeler notre attention.
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Appeler, se dit aussi Des inspirations que Dieu nous envoie, et par lesquelles il nous fait connaître sa volonté. Il ne faut pas résister quand Dieu nous appelle. Dieu appela saint Paul à l’apostolat. Dieu appelle les chrétiens à la vie éternelle, Il leur donne tous les moyens de la mériter.
Il se dit également en parlant Des personnes dont on fait choix, que l’on désigne pour quelque fonction ou quelque action importante. Appeler à une chaire un professeur habile. Il fut appelé à siéger dans le conseil du prince. L’important devoir que nous sommes appelés à remplir. Le vœu de ses concitoyens l’appela au trône. Il fut appelé à lui succéder.
Il se dit pareillement Des qualités, des talents, et des circonstances qui déterminent la vocation, le sort, la condition de quelqu’un. Cet homme n’a aucune disposition pour la guerre, il n’était point appelé à ce métier-là. Le génie de Turenne l’appelait au commandement des armées. Sa naissance l’appelait à régner.
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Appeler, est aussi neutre, et signifie, Recourir à un tribunal supérieur, pour faire réformer le jugement, la sentence d’un tribunal inférieur. Il appellera de ce jugement. Il a appelé du tribunal de première instance à la cour royale. Appeler comme de juge incompétent.
Appeler comme d’abus, Appeler à une autorité laïque, d’un jugement, d’un acte du pouvoir ecclésiastique, qu’on prétend avoir été mal et abusivement rendu ou publié.
Fig. et fam., J’appelle de votre décision, ou J’en appelle, Je ne me soumets pas à votre décision, je ne l’adopte pas.
p. 89Fig., J’en appelle à votre témoignage, J’invoque votre témoignage. J’en appelle à votre probité, à votre honneur, à votre sagesse, etc., Je m’en réfère à votre probité, à votre sagesse, etc.
Fig., En appeler à la postérité, S’en référer au jugement de la postérité.
Fig. et fam., Il en a appelé, se dit D’un homme revenu d’une grande maladie.
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Appelé, ée. participe. Il s’emploie en parlant Du mystère de la prédestination, suivant l’expression de l’Écriture : Beaucoup d’appelés et peu d’élus.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- appât, n. m.
- appâteler, v. tr. [3e édition]
- appâter, v. tr.
- appaumé, -ée, adj.
- appauvrir, v. tr.
- appauvrissement, n. m.
- appeau, n. m.
- appel, n. m.
- appelant, -ante, adj. et n.
- appelé, -ée, adj. et n.
- appeler, v. tr.
- appellatif, -ive, adj.
- appellation, n. f.
- appendice, n. m.
- appendicectomie, n. f.
- appendicite, n. f.
- appendiculaire, adj. et n. m.
- appendre, v. tr.
- appentis, n. m.
- appert il, v. impers. [7e édition]