marquer

7e édition

MARQUER.

v. a.
■  Mettre une marque à une chose pour la distinguer d’une autre. Marquer de la vaisselle. Marquer des arbres. Marquer des serviettes, des draps. Marquer des moutons, des chevaux.
Il signifie particulièrement, Imprimer, avec un fer chaud, un signe flétrissant sur l’épaule de l’homme qui est condamné à cette peine. On vient de le marquer. Il a été marqué. En France, cette peine est abolie.
Marquer, signifie aussi, Faire une marque, une impression sur quelque partie du corps, par contusion, blessure, brûlure, etc. Il a reçu un coup de pierre qui lui a marqué le front, qui l’a marqué au front.
Marquer, signifie encore, Laisser des traces, des vestiges. Le torrent a marqué son passage par un grand dégât. Les armées marquent ordinairement leur passage par de grands désordres.
Il se dit au sens moral, dans cette dernière acception. Le commencement de son règne fut marqué par des proscriptions. De grands malheurs ont marqué la fin de sa vie.
Marquer, signifie aussi, Mettre une marque pour se souvenir ou faire souvenir. Marquer dans un livre l’endroit où l’on a cessé de lire. Je lui ai marqué ce passage avec le crayon. Marquer son jeu. Marquer les points qu’on gagne au trictrac, au piquet. Marquer une chasse au jeu de la paume, à la paume.
Marquer quelqu’un au piquet, au trictrac, etc., Avoir sur lui l’avantage d’un nombre quelconque de points, d’après le calcul des points obtenus de part et d’autre dans les deux coups qui font le pari. Je vous marque de dix points. Je l’ai marqué dix fois de suite. On dit aussi absolument, Marquer. Il a presque toujours marqué dans cette partie.
Marquer, se dit quelquefois, au sens moral, pour Fixer, déterminer, assigner. Il a marqué sa place parmi les grands écrivains. Dieu avait marqué le jour de leur chute.
Marquer, signifie aussi, Indiquer, donner lieu de connaître. Sa taille, sa bonne mine marquent bien ce qu’il est.
Marquer, signifie encore, Mander, indiquer, faire connaître, soit de bouche, soit par écrit. Marquer à quelqu’un ce qu’il doit faire. Je lui ai marqué expressément qu’il eût à faire telle chose. Ce que vous m’avez marqué dans votre lettre, par votre lettre, m’a fait grand plaisir.
Marquer, signifie, en outre, Témoigner, donner des marques. Marquer à quelqu’un sa reconnaissance, son amitié, sa tendresse, son estime, son affection, son respect, son attention, sa bonne volonté. Marquer du respect, de l’estime, de l’amitié pour quelqu’un. Je lui ai marqué mon mécontentement, mon indignation.
Marquer, s’emploie neutralement dans plusieurs acceptions. Ainsi on dit :
Cette nouvelle allée commence à marquer, Les arbres commencent à grandir.
Ce cheval marque encore, Les creux de ses dents paraissent encore, et font connaître qu’il n’a pas plus de huit ans. Il ne marque plus, Les creux de ses dents ont cessé de paraître.
Ce cadran solaire marque encore, ne marque plus, Le soleil y donne encore, n’y donne plus.
Fam., Cela marquerait trop, Cela serait trop remarqué ; et, dans un autre sens, Cela décèlerait trop l’intention qu’il faut cacher.
Cet homme ne marque point, Il ne se fait pas remarquer. On ne trouve rien qui marque dans cet ouvrage, Rien n’y attire particulièrement l’attention.
Marqué, ée. part. passé. Sa figure est restée marquée d’une brûlure qu’il s’est faite.
Papier marqué, parchemin marqué, Papier, parchemin qui est marqué avec un timbre, pour servir aux actes qui font foi en justice. Ces expressions ont vieilli ; on dit aujourd’hui : Papier timbré. Parchemin timbré.
Être marqué au front, à la joue, etc., Avoir quelque marque sur ces parties du corps. On dit aussi, Être marqué de petite vérole, Avoir sur le corps et principalement au visage, des marques de petite vérole.
Être né marqué, Avoir apporté en naissant quelque signe.
Son fruit en sera marqué, se dit en parlant D’une femme qui désire avec ardeur une chose qu’elle ne saurait avoir.
Cheval marqué en tête, Cheval qui a l’étoile ou la pelote au front.
Fig., Ouvrage marqué au bon coin, Ouvrage bien fait.
Fig. et fam., Il est marqué au B, se dit D’un borgne, d’un boiteux, d’un bigle, d’un bossu.
Fouetté-marqué, se dit d’Un condamné qui a subi la peine du fouet et celle de la marque : ces deux peines ont été supprimées en France.
Fig., Être marqué sur le livre rouge, Être noté pour quelque faute.
Au Piquet, etc., Être marqué, Avoir perdu l’avantage des points dans un des paris qui composent la partie. On dit substantivement, dans un sens analogue, Un marqué, deux marqués, trois marqués.
Avoir les traits marqués, Avoir les traits du visage prononcés.
Marqué, au sens moral, signifie, Évident, remarquable. Avoir pour quelqu’un des attentions marquées. Avoir un goût marqué pour une personne, pour la poésie, pour la musique, pour la raillerie. Il y a là un dessein marqué, une intention marquée de vous offenser.
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