rude

7e édition

RUDE.

adj. des deux genres.
■  Âpre au toucher, et dont la superficie est inégale et dure. La toile grosse et neuve est extrêmement rude. La haire et le cilice sont fort rudes sur la peau. Avoir la peau rude. Avoir la barbe rude. Le grès est rude au toucher. Du camelot bien rude. Une brosse fort rude.
Il se dit aussi De ce qui est âpre au goût, au palais. Voilà du vin qui est rude.
Rude, signifie aussi, Raboteux, et en ce sens il se dit, au propre, Des chemins qui p. 687sont âpres et difficiles. Les chemins en ce pays-là sont fort rudes.
Il se dit pareillement De tout ce qui cause de la peine, de la fatigue. Il a entrepris une rude tâche. Le métier d’un tailleur de pierre est bien rude. Elle est accouchée après un travail bien rude. Nous avons eu une journée bien rude. Une voiture bien rude. Un carrosse rude.
Ce cheval est rude, Il a le train rude, fatigant.
Rude, se dit, par extension, De plusieurs autres choses qui, par leur dureté, sont choquantes, désagréables à voir, à entendre, à lire, etc. Avoir le visage rude, l’air rude, les manières rudes, les yeux rudes, le regard rude. Avoir la voix rude. Avoir la prononciation rude. Un auteur qui a le style rude. Ces vers-là sont rudes.
Ce peintre a le pinceau rude, Il peint d’une manière rude et sans grâce. Ce barbier a la main rude, Il ne rase pas légèrement. Ce cavalier a la main bien rude, Il mène durement son cheval.
Des mœurs rudes, Des mœurs d’une simplicité grossière.
Rude, signifie aussi, Violent, impétueux. Un rude assaut. Un rude choc. Une rude attaque. Une rude secousse. Essuyer une rude tempête.
Il signifie encore, Difficile à supporter, rigoureux. Un temps rude. Une saison rude. Un froid extrêmement rude. L’hiver a été rude.
Fig., Les temps sont rudes, se dit Des temps où l’on a beaucoup à souffrir, surtout des temps où il y a peu de travail et beaucoup de misère.
Fig., C’est un rude coup pour lui, Cet événement est très fâcheux pour lui.
Une rude épreuve, Une situation difficile et délicate. Sa vertu fut mise à une rude épreuve, à de rudes épreuves.
Une rude tentation, Une tentation à laquelle il est difficile de ne pas succomber. J’eus une rude tentation de le confondre en public.
Cela me paraît rude, se dit D’une chose difficile à croire.
Ce trait est un peu rude, se dit D’un propos ou d’un procédé difficile à supporter, à dissimuler.
Rude, signifie également, Fâcheux, dur, extrêmement sévère. Cet homme a l’humeur rude, l’esprit rude. Un maître qui est rude à ou envers ses domestiques. Un précepteur rude à ou envers ses écoliers. Un père rude à ou envers ses enfants. Un mari rude à ou envers sa femme. Faire une rude réprimande. Dire des paroles rudes à quelqu’un. Il a reçu un traitement bien rude.
Prov. et pop., Il est rude aux pauvres gens, à pauvres gens, se dit D’un homme qui traite avec dureté, avec hauteur ceux qui ont affaire à lui.
Rude, signifie aussi, Rigide, austère. La règle de ces religieux, de cet ordre est bien rude.
Rude, signifie quelquefois, Redoutable. Vous avez là un rude adversaire. C’est un rude dialecticien. Dans cette acception, il s’emploie souvent par ironie.
Fam., C’est un rude joueur, une rude joueuse, se dit D’une personne qui ne sait point jouer, folâtrer, sans blesser ceux avec qui elle joue.
Fig. et fam., C’est un rude joueur, C’est un homme à qui il ne fait pas bon se jouer.
Fam., C’est un rude jouteur, C’est un homme avec lequel il ne fait pas bon se mesurer. On le dit au propre et au figuré.
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