prendre
8e édition
PRENDRE.
Conjugaison : (Je prends, tu prends, il prend ; nous prenons, vous prenez, ils prennent. Je prenais. Je pris. Je prendrai. Je prendrais. Prends. Prenez. Que je prenne. Que je prisse. Pris.) v. tr.■
Saisir, mettre en sa main. Prendre un livre. Prendre une épée. Prendre une pierre. Prendre une plume. Prendre un bâton. Prendre la main, le bras, l’oreille à quelqu’un. Prendre quelqu’un par la main. Prendre un cheval par la bride.
Prendre les armes, S’armer, soit pour combattre, soit pour faire l’exercice, ou pour rendre des honneurs militaires à quelqu’un. Les soldats ont eu ordre de prendre les armes.
On ne sait par où le prendre, se dit d’un Malade dont tout le corps est douloureux ; et, figurément, d’un Homme très susceptible, très irritable. On le dit encore figurément et dans un sens opposé, en parlant d’un Homme qui ne paraît sensible à rien, touché de rien.
Prendre d’une chose à pleine main, En prendre à poignée autant que la main peut en contenir.
Fig., Prendre à pleines mains, à toutes mains, de toutes mains, se dit des Gens avides qui ne laissent échapper aucune occasion de s’enrichir.
Fig., Prendre une affaire en main, S’en charger pour la diriger, pour la conduire. On dit à peu près de même dans le style soutenu : Prendre en main le timon des affaires, les rênes de l’État, etc.
Fig., Prendre en main le droit, les intérêts de quelqu’un, Soutenir ses droits, ses intérêts.
Aux jeux de Paume et de Tennis, Prendre la balle de volée, à la volée, La relancer sans qu’elle ait touché terre. Prendre la balle au bond, La relancer alors qu’ayant touché terre elle rebondit.
Fig., Prendre la balle au bond, Saisir vivement et à propos une occasion favorable. On dit aussi figurément Prendre l’occasion aux cheveux.
Fig. et fam., Prendre la clef des champs, S’en aller, s’évader, s’enfuir. On dit familièrement, dans le même sens : Prendre la poudre d’escampette.
Fig. et fam., Prendre le taureau par les cornes, Aborder de front une difficulté, ne pas biaiser.
Fig. et ironiquement, Il semble qu’il n’y ait qu’à se baisser et à prendre, se dit d’une Chose qui paraît aisée et qui ne l’est point.
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Prendre signifie aussi Saisir une chose, l’enlever, la tirer à soi autrement qu’avec la main. Prendre quelqu’un dans ses bras. Prendre quelque chose avec les dents. Prendre du feu sur une pelle. Prendre de l’encre avec une plume.
Par exagération, Il n’est pas à prendre avec des pincettes, Il est extrêmement sale. Il signifie aussi figurément : Il est d’humeur très désagréable.
Fig. et fam., C’est vouloir prendre la lune avec les dents, C’est vouloir faire une chose impossible.
Fig. et fam., Prendre ses jambes à son cou, Se sauver précipitamment.
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Prendre se dit aussi des Animaux qui saisissent les choses avec leur gueule, leur bec, leurs griffes, etc. Le perroquet prend souvent avec sa patte ce qu’il veut prendre ensuite avec son bec.
Prendre le mors aux dents. Voyez Mors.
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Prendre se dit en parlant des Habits, des vêtements, et signifie Mettre sur soi. Vous avez pris aujourd’hui un vêtement bien léger. Il a pris des gants fourrés. Il a pris son habit de cérémonie.
p. 398Prendre le deuil, S’habiller de noir à l’occasion de la mort de quelque personne.
Prendre l’habit de religieux, de religieuse ou simplement Prendre l’habit, Entrer au noviciat, dans un monastère. Prendre le voile se dit, dans le même sens, des Religieuses.
Fam., Prendre le froc, Prendre la robe, Se faire moine. Prendre le petit collet, Entrer dans l’état ecclésiastique. Prendre le bonnet, Se faire recevoir docteur. Prendre la haire, Embrasser une vie pénitente. Prendre la livrée, Se faire laquais. Ces locutions vieillissent.
Prendre la perruque ou Prendre perruque, Commencer à porter perruque.
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Prendre signifie aussi Emporter avec soi certaines choses par besoin ou par précaution. Prendre un parapluie, une lanterne. Prendre sa canne, son épée, son chapeau. Il a pris son fusil et il est allé à la chasse.
Il signifie aussi Emporter en cachette ou de force, ôter à quelqu’un ce qu’il possède, le lui dérober. On lui a pris sa bourse, sa montre, tout ce qu’il possédait. Ils lui ont pris jusqu’à sa chemise.
Il se dit aussi des Animaux. Ce chien a pris un poulet sur la table.
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Prendre signifie aussi S’emparer, se saisir par force d’une chose ou d’une personne. Il a pris l’arme de son adversaire. Prendre quelqu’un au collet, à la gorge, par le bras, à bras-le-corps. Il voulait résister, on l’a pris de force.
Prendre de force ou par force une fille, une femme, Attenter par violence à son honneur.
En termes de Jeu, Prendre une carte, Faire la levée. Je prends votre dame avec mon roi. Absolument, Je prends et je joue.
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Prendre se dit aussi des Levées d’hommes. Il a été pris pour le service militaire.
Dieu l’a pris se dit de Quelqu’un qui est mort.
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Prendre signifie aussi Arrêter quelqu’un pour le conduire en prison. Ce voleur s’est enfin laissé prendre. La gendarmerie a déjà pris deux de ces bandits.
Prov. et fig., Sitôt pris, sitôt pendu. Voyez Pendre.
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Prendre se dit aussi en parlant de Ceux que l’on fait prisonniers à la guerre ou du Butin de guerre. On a pris à l’ennemi quinze cents hommes, deux drapeaux, dix canons.
Fig. et fam., C’est autant de pris sur l’ennemi, C’est toujours avoir obtenu quelque avantage, avoir tiré quelque parti d’une mauvaise affaire. On dit de même absolument : C’est toujours autant de pris.
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Prendre se dit encore en parlant des Places dont on se rend maître par la force des armes ou autrement. Prendre une ville, une forteresse. On a pris cette ville d’assaut. Cette place a été prise de vive force, et cette autre par la famine.
Il signifie aussi Attraper à la chasse ou à la pêche. Prendre un sanglier. Nous avons chassé tout le jour sans rien prendre. Prendre des oiseaux à la pipée, au trébuchet. Prendre des loups, des renards au piège. Prendre un lièvre au gîte. Cet oiseau s’est laissé prendre à la main. On a pris beaucoup de poisson. Nous avons pris tant de carpes d’un coup de filet. Prendre un poisson à la ligne, à l’hameçon.
Il se dit aussi des Animaux qui en poursuivent d’autres et les saisissent. Mon chien a pris deux lièvres. Ses chiens n’ont rien pris de la journée.
Fig. et fam., Se laisser prendre au piège, à l’hameçon, Se laisser tromper. On dit dans le même sens : Ne vous laissez pas prendre à ses paroles, à sa feinte douceur.
Fig. et fam., Cette femme l’a pris dans ses filets, Cette femme l’a séduit, s’est rendue maîtresse de son esprit, de son cœur.
Fig. et fam., Prendre quelqu’un au trébuchet, L’engager par adresse, par de belles apparences, à faire une chose qui lui est désavantageuse, ou qui est contraire à ce qu’il avait résolu. Il est vieux.
Prov., On ne prend pas les mouches avec du vinaigre, On ne gagne pas les gens en les rudoyant.
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Prendre signifie figurément S’emparer de quelqu’un, gagner quelqu’un en s’attaquant à son esprit, à son cœur, à ses sens. Il le prit par les sentiments. Elle le prit par les yeux. Il le prit par son propre intérêt.
Prendre quelqu’un par son faible, Toucher, flatter son inclination favorite.
Savoir prendre quelqu’un, Connaître les moyens par lesquels on peut agir sur lui. Quand on sait le prendre, on en fait tout ce que l’on veut.
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Prendre signifie aussi Surprendre. Je l’ai pris à voler des fruits dans votre jardin. Prendre quelqu’un au dépourvu. Je vous y prends. On vous y prend. Il promit qu’on ne l’y prendrait plus. Tout le monde y aurait été pris.
Prendre quelqu’un sur le fait, Le surprendre dans le temps même où il fait une action qu’il voulait cacher. On dit dans le même sens Prendre quelqu’un en flagrant délit.
Prendre quelqu’un en faute, Le surprendre au moment où il commet une faute.
Fig., Prendre quelqu’un la main dans le sac, Le surprendre au moment où il commet un vol ou quelque infidélité en affaire d’intérêt, en sorte qu’il ne puisse nier sa culpabilité.
Fig. et fam., Prendre quelqu’un sans vert, Le prendre au dépourvu. Voyez Vert.
Fig., Prendre quelqu’un au pied levé, Vouloir l’obliger à faire quelque chose sur-le-champ. Il signifie aussi Lui poser une question inattendue, sans lui donner le temps de se reconnaître.
Fam., Prendre quelqu’un au saut du lit, L’aller trouver dès le matin, afin de ne pas le manquer.
L’orage, la pluie nous prit en chemin, Nous surprit en chemin.
La fièvre l’a pris tel jour, Tel jour il a été atteint de la fièvre, il a commencé d’avoir la fièvre. On dit de même L’accès le prit à telle heure. On dit de même La frayeur, la colère, l’ennui, l’enthousiasme, etc., le prit.
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Prendre signifie aussi Attaquer, aborder. Prendre une armée de flanc. Prendre son ennemi par derrière. Prendre quelqu’un en traître, en trahison.
Il se dit aussi en parlant des Aliments, des boissons, des médicaments solides ou liquides, et signifie Manger, boire, avaler, absorber. Prendre deux repas par jour. Prendre des aliments. Prendre un bouillon, un verre de vin. Je n’ai rien pris de la journée. Ne sortez pas sans avoir pris quelque chose. Prendre un médicament. Prendre médecine. Prendre de la tisane, une tasse de thé.
Prendre du poison, S’empoisonner.
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Prendre se dit aussi en parlant de Certaines choses autres que les aliments ou les boissons, et dont on fait usage pour sa santé, pour son agrément, etc. Prendre un lavement. Prendre un bain, une douche, un tub.
Prendre l’air, Sortir d’un lieu où l’on était enfermé pour aller dans un endroit découvert ; et, par extension, Sortir de la ville pour aller passer quelque temps à la campagne. Il signifie, figurément et familièrement, S’évader. On voulut l’arrêter, mais il avait pris l’air.
Prendre le frais, Respirer la fraîcheur de l’air.
Prendre du repos, Cesser de travailler, d’agir, se reposer.
Dans les Maisons religieuses, Prendre la discipline, Se donner la discipline. Ces religieuses prenaient la discipline deux fois la semaine.
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Prendre se dit aussi en parlant des Maladies dont on est atteint par contagion. Il a pris la peste, la fièvre jaune, le typhus. C’est d’un tel qu’il a pris la grippe.
Il se dit aussi de Certaines conditions du corps. Il prend de l’embonpoint. Il prend du ventre. Prendre des forces.
Prendre chair, S’incarner.
Prendre de l’âge, Avancer en âge, vieillir. On dit, en parlant des Chevaux qui entrent dans leur quatrième, dans leur cinquième année : Ce cheval prend quatre ans, cinq ans.
Prendre une posture, une attitude, Placer son corps d’une certaine manière. Il prit une attitude imposante. Vous avez pris une posture bien gênante.
En parlant d’un Cheval, Prendre le trot, le galop, Se mettre à trotter, à galoper. Ce cheval a pris le galop tout à coup.
Prendre son élan, Se donner un certain mouvement du corps en courant, pour s’élancer ensuite avec plus de force. Il a sauté le fossé sans prendre son élan.
Fig., Prendre son vol, son essor, se dit de Quelqu’un qui commence à faire carrière, à réussir.
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Prendre signifie aussi Contracter, adopter. Il prend de mauvaises habitudes. Il a pris un ton insupportable, des manières ridicules, des airs impertinents. Il prit un ton sévère, un air sévère pour lui parler. Prendre un goût, une odeur, une couleur, une consistance.
Fam., Cet homme prend des airs, prend de certains airs, Il affecte des manières, un ton qui ne lui conviennent point.
Cette affaire prend un bon tour, un mauvais tour, Au cours qu’elle prend, il y a lieu de présumer qu’elle réussira, qu’elle ne réussira pas. On dit plutôt aujourd’hui : Cela prend une bonne, une mauvaise tournure.
Prendre la fuite, S’enfuir.
Prendre de l’avance, Gagner du terrain. Il signifie figurément Arriver à être en avance dans son travail.
Prendre la liberté de faire une chose, Prendre sur soi de la faire. Il s’emploie ordinairement par civilité. J’ai pris la liberté de vous écrire.
Prendre des libertés, Agir trop librement, peu décemment avec quelqu’un. Il prend avec vous d’étranges libertés. Il se dit particulièrement d’Actions, de gestes trop libres auprès des femmes. On dit de même : Prendre des licences, des privautés.
Ce vêtement, cette étoffe a pris son pli, Les plis qui y sont y demeureront toujours.
Fig., Cet homme a pris son pli, Il a contracté des habitudes difficiles à détruire, il est incorrigible. Ce jeune homme a pris un bon pli, un mauvais pli, Il est déjà tout formé aux habitudes du bien ou du mal.
Prendre le sel se dit en parlant des Viandes qu’on sale et signifie Se pénétrer de sel. La viande prend mieux le sel quand elle est fraîche.
Prendre l’eau, S’imprégner d’eau. Ces souliers prennent l’eau. Son bateau prend l’eau.
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Prendre se dit encore en parlant de Titres, de qualités, de noms, que l’on se donne, que l’on emploie en parlant de soi. Il prit le titre de comte. Il prit un nom qui ne lui appartenait pas.
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Prendre signifie aussi Acquérir, acheter. Je prendrai tout à six francs pièce. Vous en demandez trop cher : je ne le prendrai pas. Je lui ai pris en bloc, en gros toute sa marchandise. Si vous voulez me donner ce drap à tel prix, j’en prendrai dix pièces. Absolument, C’est à prendre ou à laisser.
Il se dit aussi en parlant du Prix qu’on demande, qu’on perçoit pour quelque chose que ce soit. Ce marchand prend vingt francs du mètre de ce drap. On m’a pris mille francs pour ce travail. Il n’a rien voulu prendre pour sa peine. On prend tant de droit d’entrée sur cette denrée. On prend tant sur chaque barrique de vin, pour chaque bœuf.
Il signifie encore Recevoir, accepter. Rien n’avait été convenu entre nous : il a pris ce que je lui ai donné. Prenez ceci à compte sur ce qui vous revient. Ce train prend des voyageurs de toutes classes.
p. 399Prendre les choses comme elles viennent, Les recevoir avec indifférence, sans se mettre en peine des suites qu’elles peuvent avoir. Prendre les hommes comme ils sont, S’en accommoder, quelle que soit leur humeur, leur caractère. Prendre le temps comme il vient, Ne s’inquiéter de rien, s’accommoder à tous les événements.
Prendre légèrement quelque chose, S’en accommoder sans y attacher grande importance.
Prendre des leçons, Recevoir des leçons. Il prend aujourd’hui sa première leçon de philosophie.
Prendre l’ordre, Recevoir l’ordre de celui qui doit le donner. On dit plutôt dans le même sens : Prendre les ordres de quelqu’un.
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Prendre signifie aussi Emprunter, tirer de. Il a pris cela dans Cicéron, dans Virgile. Il a pris l’idée de cette tragédie dans un vieux roman. C’est un mot que nous avons pris du latin. Cette ville a pris son nom du fleuve qui la traverse.
Fam., Où avez-vous pris cela ? Qui vous a dit cette nouvelle ? qui vous fait avoir cette pensée ? On dit de même : Où avez-vous pris que je voulais, que je voulusse vendre ma maison ? Où va-t-il prendre tout ce qu’il dit ?
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Prendre se dit aussi en parlant des Personnes que l’on engage, ou avec lesquelles on s’engage, sous certaines conditions. Prendre un domestique, une femme de chambre, une cuisinière, un chauffeur, etc. Prendre un ouvrier, des ouvriers à la tâche, à la journée. Prendre un garçon de magasin, un employé. Prendre un précepteur, une gouvernante pour ses enfants. Prendre un apprenti. Prendre un associé.
Prendre une femme, Choisir une femme et l’épouser. Il a pris une femme dont on ne saurait dire trop de bien.
Prendre femme, Se marier. Il a pris femme à quarante ans.
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Prendre se dit aussi en parlant des Personnes que l’on va joindre en quelque endroit, pour se rendre ailleurs avec elles. J’irai vous prendre à deux heures précises. Il est venu me prendre pour aller au théâtre. Je vous prendrai en passant. Je vous ramènerai où je vous ai pris.
Il signifie aussi Emmener avec soi. Le capitaine prit trente hommes pour faire cette reconnaissance.
Il se dit encore en parlant des Personnes que l’on recueille, à qui on donne l’hospitalité. Je l’ai pris chez moi. Il eut la bonté de prendre chez lui toute cette famille.
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Prendre signifie aussi Ôter, retirer, retrancher une partie d’un tout. Prendre dix mille francs sur une succession. On prendra cette somme, cette dépense sur tel fonds. Il a pris mille francs d’avance sur son traitement. J’ai pris la moitié, le quart de cette somme. Il a pris sa part de la récolte.
Fam., Il a pris sa bonne part de la fête, du plaisir, Il y a beaucoup participé, il s’est fort amusé.
Intransitivement, Prendre sur sa nourriture, sur sa dépense, sur son nécessaire, etc., Retrancher de sa nourriture, de sa dépense ordinaire, etc., pour subvenir à autre chose. Il prend sur son nécessaire pour donner aux pauvres. On dit de même : Prendre sur son sommeil pour travailler.
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Prendre signifie aussi Se charger d’une chose, entrer en possession, en jouissance d’une chose à certaines conditions. Prendre une somme en dépôt. Prendre des terres à ferme. Prendre un logement, un appartement à loyer, ou simplement Prendre un logement, un appartement. J’ai pris une chambre, un pied-à-terre dans cette maison.
Prendre une affaire à ses risques et périls, S’en charger pour son compte, sans garantie, et en risquant même d’y perdre.
Prendre une affaire à forfait, S’en charger pour un prix convenu, qu’il y ait de la perte ou du gain.
Prendre un ouvrage à la tâche, S’en charger à raison de tant pour tel ou tel travail, pour telle ou telle quantité.
Prendre une somme à intérêt, L’emprunter à condition d’en payer les intérêts.
Prendre un intérêt dans une affaire, dans une entreprise, Contribuer de ses fonds à une affaire, à une entreprise dont on partagera le profit ou la perte.
Prendre quelqu’un sous sa protection, Se charger de le protéger, de le défendre.
Prendre un engagement, Contracter un engagement.
Prendre quelque chose sur soi, En répondre, s’en charger ; Faire quelque chose de son chef, sans y être autorisé. Cela passe un peu mes pouvoirs, mais je le prends sur moi. Ne vous inquiétez pas, je prends cela sur moi, je prends tout sur moi. Je prends sur moi de le faire. Je prends sur moi la faute, J’en accepte la responsabilité.
Prendre sur soi signifie aussi, intransitivement, Se retenir, se faire violence, se contraindre. J’ai pris sur moi pour ne pas lui répondre. Cet homme était d’un caractère emporté, il a compris la nécessité de prendre sur lui.
Prendre trop sur soi, Se surcharger, vouloir faire plus qu’on ne peut.
En termes militaires, Prendre ses quartiers d’hiver, S’établir dans ses quartiers d’hiver. Il se dit aussi de Quelqu’un qui s’installe dans l’endroit où il compte passer l’hiver.
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Prendre signifie aussi Choisir, préférer, adopter de préférence, se décider pour. Je ne veux point de cette étoffe, je prends celle-ci. Je ne sais quel livre prendre. Vous avez à choisir, que prendrez-vous ? Il faut prendre du plus beau bois pour faire ce meuble. Il a pris là un métier fort rude. Vous prenez le bon parti, le bon moyen.
Prendre le haut bout, Choisir la place la plus honorable.
Prendre des mesures, prendre ses mesures, Employer des moyens pour faire réussir une chose. Cet homme a réussi dans son dessein, il avait bien pris ses mesures. Prendre de bonnes, de justes mesures. Prendre de fausses mesures.
Prendre ses précautions, ses sûretés, Prendre les moyens nécessaires pour ne pas tomber dans un danger, pour ne pas éprouver un dommage.
Prendre une résolution, une détermination, Se résoudre, se décider à quelque chose. On dit dans le même sens Prendre un parti.
Prendre son parti, Se résoudre, se décider, choisir un moyen, un expédient dans une affaire difficile et douteuse. Il est quelquefois nécessaire de prendre son parti sur-le-champ. Il signifie aussi Prendre son extrême et dernière résolution. Il est inutile de lui parler davantage de cette affaire, il a pris son parti.
Prendre son parti, en prendre son parti, Se résigner à ce qui doit arriver. Voyant qu’il ne pouvait pas guérir, il prit son parti et se disposa à la mort.
Prendre les ordres, Entrer dans les ordres.
Prendre jour, prendre date, Choisir un jour, une date. Nous avons pris jour pour régler cette affaire.
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Prendre se dit particulièrement de Ceux qui voyagent, qui cheminent, et signifie Choisir une route, un chemin, s’y mettre en marche. Vous avez pris la route la plus longue, la plus courte. Prendre la voie de terre. Prenez ce chemin, cette rue, ce sentier. Il a pris le chemin de l’église. Prenez la première rue, la seconde rue à droite, à gauche.
Prendre la file, Suivre la file.
Prendre le plus long ou le plus court ou, intransitivement, Prendre par le plus long ou par le plus court, S’engager dans le chemin le plus long ou le plus court.
Prendre sa droite, sa gauche, Se porter sur le côté de la route que l’on a à sa droite, à sa gauche.
Intransitivement, Prendre à droite, à gauche, Entrer dans le chemin qui est à droite, à gauche. Prenez par ici, par là, Allez par ce chemin-ci, par ce chemin-là.
Intransitivement, Prendre à travers champs, à travers les terres labourées, Aller directement, sans suivre de chemin frayé.
Prendre le chemin de fer, prendre le train, prendre le paquebot, Aller par le chemin de fer, par le train, par le paquebot. On dit dans le même sens : Prendre un cheval, une voiture, un bateau, une automobile, un avion.
Fig., Prendre la bonne voie, la mauvaise voie, Se porter au bien, se porter au mal. Il signifie aussi Se servir de bons ou de mauvais moyens pour faire réussir quelque affaire. Il a pris une bonne voie, une mauvaise voie pour parvenir à son but. On dit dans le même sens : Prendre les voies de la douceur, de la rigueur, etc. La voie que vous prenez n’est pas bonne, n’est pas honnête.
Fig., Prendre le chemin de se ruiner, de faire fortune, Faire ce qu’il faut pour se ruiner, pour s’enrichir. Il veut faire fortune, il n’en prend pas le chemin.
Prendre les devants, prendre le devant, Partir avant quelqu’un ; et, figurément, Le prévenir, le devancer, le gagner de vitesse dans une affaire.
Prendre le pas sur quelqu’un, Passer devant lui pour le précéder. Prendre le pas s’emploie aussi figurément et signifie Passer avant. L’ambition a pris le pas sur ses autres passions.
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Prendre se dit aussi en parlant des Étoffes, pour marquer la Façon dont on les coupe, dont on les emploie. Le tailleur a mal pris cette étoffe. Prendre une étoffe de droit fil, de biais. Prendre une étoffe du bon, du mauvais côté, du bon, du mauvais biais. Il se dit aussi en parlant de Viandes que l’on découpe. Vous coupez mal ce morceau ; vous n’avez pas pris le sens.
Fig., Prendre une affaire à contre-poil, La prendre dans un sens contraire à celui qui serait convenable.
Fig., Prendre bien, prendre mal une affaire, L’engager, la conduire bien ou mal. Il a mal pris son affaire, voici comme il fallait la prendre. L’affaire n’a pas réussi, parce qu’on ne l’a pas bien prise. On dit dans le même sens : Prendre une affaire du bon, du mauvais biais.
Fig., Prendre une chose du bon, du mauvais côté, La voir, la considérer, l’interpréter dans un sens favorable ou défavorable.
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Prendre signifie, au figuré, Entendre, comprendre, concevoir, expliquer, interpréter, considérer d’une certaine manière. Les commentateurs prennent ce passage en des sens très opposés. Prendre une chose à contresens. Vous avez mal pris la chose. À bien prendre la chose, vous devez être plus content que fâché de cet arrangement. Il a bien pris ce qu’on lui a dit de votre part. Vous prenez mal mes paroles. Prendre une affaire à rebours, de travers. Ce mot se prend dans telle signification. Cet adjectif se prend quelquefois substantivement.
Prendre quelque chose en bonne part, en mauvaise part, En être content ou mécontent, recevoir bien ou mal ce qu’on nous dit, ce qu’on nous fait, le trouver bon ou mauvais. On dit de même : Ce mot peut se prendre en bonne part, en mauvaise part, Il est susceptible d’une bonne, d’une mauvaise interprétation.
Prendre pour soi un reproche, une plainte, etc., S’en faire l’application. Ne prenez pas pour vous cette critique.
Prendre une chose à la lettre, au pied de la lettre, L’expliquer exactement selon le sens littéral, selon le propre sens des paroles. Il ne faut pas toujours prendre les choses au pied de la lettre. Vous prenez trop à la lettre ce qu’on vous a dit. On dit à peu près dans le même sens : Prendre les choses à la rigueur, en toute rigueur, Trop à la lettre, sans modification.
p. 400Prendre en riant quelque chose, Ne s’en point fâcher, n’en faire que rire. Prendre sérieusement une chose, L’entendre comme si elle avait été dite sérieusement. Prendre sérieusement ou Prendre au sérieux une chose signifie aussi La regarder comme une chose d’importance qui mérite attention, considération.
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Prendre signifie aussi, figurément, Adopter, soutenir avec chaleur. Il a pris ma défense. J’ai pris ses intérêts. J’ai pris son parti.
Prendre parti pour quelqu’un, Se déclarer pour lui et, dans le sens opposé : Prendre parti contre quelqu’un.
En termes de Procédure, Prendre le fait et cause de quelqu’un ou Prendre fait et cause pour quelqu’un, Intervenir dans une cause pour lui. Il se dit figurément dans le langage courant et signifie Prendre la défense de quelqu’un.
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Prendre se dit aussi en parlant des Sentiments, des passions, des affections et des répugnances que l’on éprouve. Prendre du plaisir, prendre son plaisir à quelque chose. Prendre plaisir à quelque chose. Prendre de l’humeur, du dépit de quelque chose. Prendre de l’amitié pour quelqu’un. Prendre intérêt à quelqu’un, à quelque chose. On dit dans le même sens : Prendre quelqu’un en amitié, en affection, en aversion, en haine, en grippe. Prendre quelque chose en dégoût.
Prov., Chacun prend son plaisir où il le trouve, À chacun son goût.
Prendre quelqu’un en pitié, Avoir pour lui de la compassion ou du dédain, suivant la circonstance. Prendre le mal d’autrui en pitié, En être touché.
Prendre son mal en patience, Le souffrir patiemment.
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Prendre signifie aussi Obtenir, recueillir. Prendre un congé. Prendre l’avis de quelqu’un, Prendre conseil d’un avocat.
Prendre congé de quelqu’un, Lui faire, avant de partir, les adieux qu’exige la politesse.
Prendre des renseignements, des informations, Se faire donner des renseignements sur un fait et sur ses circonstances, sur une personne, sur sa conduite, sur sa capacité, etc. On dit à peu près dans le même sens : Prendre connaissance d’une chose, d’un fait.
Prendre des notes, prendre un croquis, prendre un plan, prendre une photographie, Rédiger des notes, dessiner un croquis, relever un plan, faire une photographie.
Prendre ses avantages, Profiter, tirer avantage des occasions qui se présentent. Il sait bien prendre ses avantages. On dit de même : Cet homme prend avantage de tout.
Prendre la haute main dans une affaire, Y prendre la principale autorité.
Prendre des inscriptions, ses inscriptions en médecine, en droit, etc., S’inscrire pour faire ses études de médecine, de droit, etc.
Prendre ses degrés, ses grades, Obtenir les titres de bachelier, de licencié, etc. On dit de même : Prendre sa licence, son doctorat.
Prendre le dessus se dit d’une Personne dont la santé, le moral, etc., commencent à se rétablir. Il a été longtemps malade, mais il commence à prendre le dessus. Après une si cruelle épreuve, il a peine à prendre le dessus.
En termes de Jeu, Prendre sa revanche, Jouer une seconde partie pour compenser ce qu’on a perdu à la première. Il a perdu la première partie et a pris sa revanche.
Prendre sa revanche signifie, dans le langage courant, Regagner un avantage qu’on avait perdu ou l’équivalent. Ce général avait été battu l’année précédente, mais il prit sa revanche. Prendre une belle revanche, une facile revanche.
Prendre la mesure, les dimensions d’un objet, Voir quelles sont les dimensions d’un objet, le mesurer.
On dit dans un sens analogue : Prendre la température, la tension artérielle d’un malade.
Prendre les avis, les voix, Recueillir les avis, les voix.
Prendre la parole, Parler, faire un discours dans une assemblée. Le premier qui prit la parole fut… Une fois la proposition faite, un tel prit la parole.
Prendre le plaisir de la chasse, de la pêche, de la promenade, etc., Se livrer au divertissement de la chasse, de la pêche, de la promenade, etc. Prendre un divertissement, Se divertir, s’amuser à quelque chose.
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Prendre s’emploie encore, tant au propre qu’au figuré, dans un grand nombre de locutions où sa signification varie, et ne peut se rapporter que difficilement aux acceptions précédemment indiquées.
Fig., Prendre quelqu’un au mot, Se hâter d’accepter une offre, une proposition qui vous est faite.
Prendre quelqu’un à part, Le séparer des personnes présentes, pour l’entretenir en particulier.
Prendre du délai, prendre du temps, Retarder l’exécution de quelque chose.
Prendre du temps se dit aussi des Choses dont l’exécution exige du temps. Ce travail m’a pris beaucoup de temps.
Prendre le temps de faire quelque chose, Employer pour faire une chose tout le temps qui est nécessaire. Prenez un an, s’il le faut, pour achever ce travail.
Prendre son temps, Faire une chose à loisir, ne pas se presser. Il signifie aussi Se servir du moment favorable pour faire réussir quelque chose. Je prendrai mon temps pour cela.
Prendre le temps de quelqu’un, Attendre le moment qui convient à quelqu’un dont on a besoin. Je prendrai votre temps. On dit plutôt aujourd’hui : Je prendrai votre jour et votre heure. Dans un autre sens, Prendre le temps de quelqu’un, Lui faire perdre son temps.
Prendre une chose en considération, Faire attention à une chose, la mettre en quelque sorte à part pour la considérer et en tenir compte. On prendra cet article, cette demande en grande considération.
Le prendre de haut, de très haut, Parler avec arrogance. On dit de même Vous le prenez sur un ton que je ne puis admettre.
En parlant d’un Récit, Prendre la chose de plus haut, Remonter aux choses qui ont précédé celles qu’on raconte ou qu’on vient de raconter. Vous ne nous avez pas appris l’origine, les causes de cet événement ; prenez la chose de plus haut.
Fig. et fam., Prendre la mouche, Se fâcher, s’irriter tout à coup, pour un léger sujet, mal à propos.
Prendre un siège, S’asseoir.
Prendre le lit, S’aliter, se coucher pour cause de maladie.
Ce fleuve, cette rivière prend sa source en tel endroit, Ce fleuve, cette rivière commence à couler en cet endroit. On dit aussi : Cette rivière prend son cours vers le nord, Elle coule dans la direction du nord.
En termes de Chasse, Prendre le change se dit des Chiens, lorsqu’ils quittent la bête qui a été lancée, et qu’on appelle la bête de meute, pour en courir une autre.
Fig., Prendre le change sur un objet, dans une affaire, Se tromper sur un objet, dans une affaire. Faire prendre le change à quelqu’un, Le tromper, l’induire en erreur.
En termes de Chasse, Prendre le vent, Aller à la rencontre du gibier.
Fig., Prendre le vent, Chercher la direction dans laquelle il serait habile d’agir, se déterminer adroitement.
En termes de Marine, Prendre un chargement, prendre du monde, des troupes, des passagers, etc., Les mettre, les recevoir à bord. Prendre le vent sur un bâtiment, Se mettre entre ce bâtiment et le point d’où le vent souffle. Prendre la mer, Commencer un voyage sur mer. Prendre la haute mer, prendre le large, S’éloigner du rivage, gagner la haute mer. Prendre terre, prendre port en quelque terre, Y aborder, y débarquer. Prendre la hauteur du soleil, Observer avec un instrument, principalement à l’heure de midi, l’élévation du soleil au-dessus de l’horizon. Absolument, Prendre hauteur, Mesurer la distance d’un astre ou de tout autre objet, à l’horizon. Prendre des ris, Raccourcir les voiles par en haut, au moyen des ris. Prendre le vent, en parlant d’une Voile, Être gonflée par le vent. Etc.
Fig. et fam., Prendre le large, S’enfuir.
En termes de jeux de Cartes, Prendre des cartes, Changer une ou plusieurs des cartes de son jeu pour autant de cartes du talon. Jouer sans prendre, se dit de Celui qui entreprend de jouer sans appeler une autre carte.
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Prendre se construit avec la préposition À dans diverses locutions particulières :
Prendre à témoin, Invoquer le témoignage de quelqu’un, le sommer de déclarer ce qu’il sait. Je les prends à témoin de la violence, de l’insulte que cet homme vient de me faire. Je prends Dieu à témoin de ce que je dis.
Prendre à partie, Attaquer en justice un homme qui n’était pas d’abord notre adversaire. Vous vous opposez à l’exécution de l’arrêt que j’ai obtenu contre un tel, je vous prends à partie. On dit, par extension, Prendre quelqu’un à partie, Lui imputer quelque chose, lui reprocher une chose dont on se plaint, l’en rendre responsable.
Prendre un juge à partie, Se plaindre en justice d’un juge, intenter une action contre lui. Il demande à prendre ce juge à partie.
Prendre une chose à cœur, S’en affecter, y être vivement sensible. Vous prenez cela trop à cœur.
Prendre une chose à tâche, Chercher et employer tous les moyens de faire une chose. Il semble avoir pris à tâche de me contrarier.
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Prendre se construit aussi avec la préposition Pour et signifie Considérer comme, traiter comme.
Prendre une personne pour une autre, Croire qu’une personne en est une autre. La mère de Darius prit Éphestion pour Alexandre. On dit de même Prendre une chose pour une autre.
Fam., Prendre quelqu’un pour un autre, En juger autrement qu’il ne faut. Vous croyez que c’est un habile homme, vous croyez que c’est un sot ; vous le prenez pour un autre. Vous voulez me faire votre dupe ; vous me prenez pour un autre.
Fam., Pour qui me prenez-vous ? Vous me jugez mal, vous vous méprenez sur mon compte.
Prendre un homme pour une dupe, Le regarder comme un homme facile à tromper.
Prendre quelqu’un pour dupe, Le tromper, le duper. Il a fait un mauvais marché, on l’a pris pour dupe, il a été pris pour dupe.
Prendre pour bon, Croire. Il se dit ordinairement dans un sens ironique. Il prend pour bon tout ce qu’on lui débite, tous les contes qu’on vient lui faire.
Fig. et fam., Il a pris ce qu’on lui a dit pour argent comptant, Il a cru trop facilement ce qu’on lui a dit ; il a fait trop de fond sur de simples apparences.
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Prendre se construit avec la conjonction Que, dans le sens de Supposer que, admettre que : Prenons que les choses se sont passées ainsi. Prenez que je n’ai rien dit. On dit plutôt aujourd’hui : Mettons, mettez que.
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Prendre se construit avec un substantif non précédé de l’article dans un grand nombre de locutions particulières qui équivalent souvent à un seul verbe, et dont la plupart expriment un commencement d’action ou d’état. Prendre racine. Prendre feu. Prendre couleur. Prendre forme. Prendre consistance. Prendre corps. Prendre place. Prendre rang. Prendre p. 401séance. Prendre peine. Prendre contact. Prendre tournure. Prendre position. Prendre haleine. Prendre pied. Prendre langue. Prendre mesure. Prendre note. Prendre acte. Prendre jour. Prendre naissance. Prendre fin. Prendre possession. Prendre patience. Prendre courage. Prendre plaisir. Prendre pitié. Prendre soin. Prendre garde. Prendre prétexte. Prendre occasion. Prendre parti. Prendre goût. Prendre exemple. Prendre fait et cause. Prendre part. Prendre intérêt à quelqu’un, à quelque chose. Etc. Voyez Racine, Feu, Couleur, Forme, Consistance, etc.
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Prendre s’emploie aussi comme verbe intransitif et signifie S’enraciner, pousser, croître. La vigne ne prend pas dans cette région. Il y a des plantes qui prennent également en toute sorte de pays ; il y en a d’autres qui ne prennent qu’en de certaines terres.
Fig., Prendre, ne pas prendre ; prendre bien, prendre mal se dit d’un Ouvrage de l’esprit, d’une proposition, d’un compliment, etc., qui a réussi, ou qui n’a pas réussi. Ce livre, cette pièce de théâtre n’a pas pris. Votre proposition a pris. Cela prend bien, cela ne prend pas, cela prend mal. Cette plaisanterie n’a pas pris. L’argument ne prend pas sur nous. Cette mode n’a pas pris. Ces manières-là ne prendront pas avec nous. Il se dit aussi en parlant des Personnes. Ce jeune homme a bien pris dans le monde.
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Prendre, intransitif, signifie aussi Adhérer, s’attacher, produire son effet. Cette couleur ne prend pas. L’encre ne prend pas sur le papier huilé. Les vésicatoires ont pris, ont bien pris. Les sangsues n’ont pas pris. Le feu a pris à cette maison, à ce magasin. Le feu commence à prendre.
Il se dit également de Ce qui fait une impression trop forte à la gorge, au nez. Cette odeur est trop forte, elle prend à la gorge.
Il se dit aussi de Ce qui se gèle, se coagule, s’épaissit, se solidifie. La rivière a pris cette nuit. Mettez de la présure dans ce lait, pour qu’il prenne. Vos confitures ont mal pris. Cette gelée ne prendra pas. Ces glaces n’ont pas bien pris. On dit aussi Le fleuve était entièrement pris. Il se dit encore de Ce qui contribue à un bon ou à un mauvais résultat. Bien lui a pris d’avoir été averti à temps. Il lui prendra mal un jour d’avoir montré tant d’insouciance. Dans cette acception, il s’emploie aussi avec la particule En. S’il ne se corrige, il lui en prendra mal. Après ce qu’il avait fait, bien lui en prit d’avoir des protecteurs.
La fièvre, la goutte lui a pris, Il a été atteint de la fièvre, de la goutte. On dit impersonnellement dans le même sens : Il lui prit une colique, un mal de dents, une sueur froide, une faiblesse, etc. ; et figurément, Il lui prit une fantaisie, un dégoût ; il lui prend des accès d’humeur. Qu’est-ce qui vous prend ? Qu’avez-vous ?
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Se prendre signifie S’attacher, s’accrocher. Un homme qui se noie se prend à tout ce qu’il peut. Ma robe s’est prise à un clou, à une épine. Il s’est pris à un clou et sa manche a été toute déchirée.
Fig., Ne savoir où se prendre, à quoi se prendre, Ne savoir à quoi s’attacher, à quoi recourir.
Se prendre à quelqu’un, Le provoquer, l’attaquer. Il ne faut pas se prendre à plus fort que soi.
S’en prendre à quelqu’un, Lui attribuer quelque faute, vouloir l’en rendre responsable, lui en donner le tort. On s’en prend à moi, comme si j’étais pour quelque chose dans cette affaire. Si les choses ont mal tourné, ne vous en prenez qu’à vous-même. Je m’en prendrai à vous de tout ce qui pourra arriver.
S’y prendre bien, s’y prendre mal, Mettre plus ou moins d’adresse à ce qu’on fait ; Employer de bons ou de mauvais moyens pour réussir dans une affaire. On dit de même : S’y prendre comme il faut. S’y prendre adroitement, maladroitement, gauchement. Ne savoir comment s’y prendre.
Se prendre à, Commencer, se mettre à. Elle se prit à rire. Elle se prit à pleurer.
Se prendre de querelle avec quelqu’un, Se quereller, avoir un démêlé avec lui. On dit dans le même sens, figurément et familièrement : Ils se sont pris de bec.
Se prendre d’amitié, se prendre d’aversion pour quelqu’un, Concevoir de l’amitié, de l’aversion pour quelqu’un. On dit de même Se prendre d’une belle passion pour quelqu’un.
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Se prendre signifie aussi Se contracter, en parlant de Maladies. La grippe se prend très facilement en cette saison.
Il se dit aussi des Liquides qui se figent, se solidifient. L’huile se prend quand on la tient dans un endroit froid. Le sirop se prendra bientôt.
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Le participe passé Pris précédé de l’adverbe bien s’emploie comme adjectif et signifie Bien fait, bien proportionné. Une personne bien prise dans sa taille. Il est petit, mais il est bien pris dans sa taille. On dit dans le même sens : Avoir la taille bien prise, être de taille bien prise. On dit aussi Ce cheval est bien pris, Il a le corsage bien fait.
Être pris de vin, Avoir trop bu, s’être enivré.
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À tout prendre, loc. adv. En considérant le pour et le contre, en compensant le bien et le mal. Il est vif, impatient ; mais, à tout prendre, c’est un homme estimable. Cette maison a ses défauts ; mais, à tout prendre, elle peut vous convenir.
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Au fait et au prendre, loc. adv. Au moment de l’exécution, quand il est question d’agir, de parler, etc. Quand ce fut au fait et au prendre. Quand on en vint au fait et au prendre. On le disait plein d’intelligence ; mais, au fait et au prendre, il n’est bon à rien.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- prémonition, n. f.
- prémonitoire, adj.
- prémontré, -ée, n.
- prémotion, n. f.
- prémourant, -ante, n.
- prémunir, v. tr.
- prémunition, n. f.
- prenable, adj.
- prenant, -ante, adj.
- prénatal, -ale, adj.
- prendre, v. tr., intr. et pron.
- preneur, -euse, n.
- prénom, n. m.
- prénommé, -ée, n.
- prénommer, v. tr.
- prénotion, n. f.
- prénuptial, -ale, adj.
- préoccupant, -ante, adj.
- préoccupation, n. f.
- préoccupé, -ée, adj.