casser
CASSER
conjugaison verbe transitifÉtymologie : xiie siècle, d’abord quasser. Du bas latin quassare, « agiter fortement », d’où « frapper, endommager, briser », fréquentatif de quatere, « secouer ». Au sens 4 (xiiie siècle), sous l’influence du bas latin cassare, terme juridique, dérivé de cassus, « vide, vain ».
1.
Briser, mettre en pièces, volontairement ou par maladresse.
Casser du bois.
Casser en deux un morceau de sucre.
Le vase a été cassé en morceaux, cassé en miettes.
Elle casse beaucoup de vaisselle ou, absolument, elle casse beaucoup.
Casser des noix, des œufs, en briser la coquille pour en extraire le contenu.
Par exagération.
Abîmer, mettre hors d’état de fonctionner.
Cet enfant a cassé sa boîte à musique.
J’ai cassé ma montre.
▪ Intransitivement ou pron.
Se briser, se rompre.
Le verre casse, se casse facilement.
La glace a cassé sous le poids des patineurs.
La branche a cassé net, s’est cassée net.
▪ Fig.
Casser la résistance d’un adversaire, la vaincre.
Casser les prix, les cours, les faire baisser brutalement.
Cette interruption a cassé mon rythme de travail.
Marque de domaine : œnologie.
Ce vin se casse ou, intransitivement, casse, est atteint de casse.
▪ Expr. fam.
Casser du bois, dans les débuts de l’aviation, manquer un atterrissage et endommager l’appareil.
Fig.
Casser du bois, du sucre sur le dos de quelqu’un, dire du mal de lui en son absence.
Payer les pots cassés, porter la responsabilité d’un échec ; réparer les dommages que l’on a causés.
Casser les vitres, faire un éclat, un esclandre.
Casser sa tirelire, dépenser toutes ses économies.
Casser un billet, commencer à le dépenser.
Casser sa pipe, mourir.
▪ Expr. fig. et pop.
Casser la croûte, casser la graine, manger légèrement entre deux repas.
Casser le morceau, expliquer clairement ses griefs ; avouer, dire tout ce que l’on sait.
Cela ne casse rien, cela ne casse pas trois pattes à un canard, cela n’a rien d’extraordinaire.
C’est un homme qui ne casse rien, qui est médiocre.
Casser la baraque, voir Baraque.
▪ Loc. adj. Fam.
À tout casser, se dit pour qualifier ce qui est extrême, hors du commun.
Une colère à tout casser.
Faire une noce à tout casser.
Loc. adv. Fam.
Ce jardin mesure cent mètres à tout casser, au grand maximum.
▪
Prov. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, il faut savoir faire les sacrifices et prendre les risques inhérents à une entreprise.
Qui casse les verres les paie, le responsable d’un dommage en doit la réparation.
Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse, voir Cruche.
2.
Briser ou se briser un membre, un os, une partie du corps.
La branche, en tombant, lui a cassé le bras.
Le coup lui a cassé la jambe.
Il a deux côtes cassées.
Elle s’est cassé une dent.
Un boxeur au nez cassé.
Les gueules cassées, voir Gueule.
Fam.
Il s’est cassé le cou, il s’est brisé les vertèbres cervicales et, par exagération, il s’est blessé en tombant.
Intransitivement.
Son bras a cassé sous le choc.
▪ Expr. fig. et fam.
Casser bras et jambes à quelqu’un, lui enlever tout moyen d’agir, lui ôter tout courage.
La peur lui cassait bras et jambes.
Une équipe de bras cassés, de paresseux, d’incapables.
Casser les reins à quelqu’un, briser sa carrière.
Se casser les dents, subir un échec.
Se casser le poignet sur un objet, le voler.
Se casser le nez, ne pas trouver chez elle une personne à qui on allait rendre visite, trouver porte close.
Casser les oreilles, casser la tête à quelqu’un, l’assourdir par un bruit excessif et, par extension, le fatiguer, l’importuner.
Se casser la tête, s’appliquer à quelque chose avec une grande contention d’esprit.
Se casser la tête sur un problème.
Il ne se casse pas la tête ou, elliptiquement et pop., Il ne se casse pas, il ne se donne aucun mal, il ne travaille pas.
Se casser la tête contre les murs, se heurter à des difficultés insurmontables, à des problèmes insolubles.
▪ Expr. pop.
Casser la figure, la gueule à quelqu’un, le frapper au visage à coups de poing, le blesser.
Se casser la figure ou se casser la gueule, tomber, se faire mal.
Casser les pieds à quelqu’un, l’importuner.
Se casser les pieds, s’ennuyer.
Argot.
Se casser, s’enfuir, s’éloigner au plus vite.
3.
Par affaiblissement.
Plier, courber, ployer.
Un homme cassé par les ans.
Un col cassé, un col droit et rigide dont les pointes sont rabattues.
Casser des chaussures neuves, les assouplir pour les adapter à son pied.
Casser le dos d’un livre relié, l’assouplir.
Par analogie. Intransitivement.
Son pantalon casse sur ses souliers, le bas de son pantalon forme un pli à l’endroit où il rencontre le soulier.
▪ Fig.
User, affaiblir, atténuer, diminuer.
Les fatigues de la maladie l’ont cassé.
Avoir la voix cassée, fatiguée, éraillée, rauque.
Marque de domaine : peinture.
Casser une couleur, en modifier légèrement la nuance par l’adjonction d’une petite quantité d’une autre couleur.
Un blanc cassé avec du bleu.
Peindre une pièce en blanc cassé.
4.
Marque de domaine : droit.
Annuler, déclarer nul.
Casser un jugement, un arrêt.
Casser un testament, un contrat pour vice de forme.
Par analogie.
Révoquer.
Ce magistrat, ce fonctionnaire a commis une forfaiture, il sera cassé.
Casser un gradé, un sous-officier, un officier, lui retirer son grade en raison d’une faute grave, et le ramener à l’état de simple soldat.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- casse-croûte, n. m. inv.
- casse-cul, n. m. [5e édition]
- casse-lunettes, n. m. inv.
- cassement, n. m.
- casse-museau, n. m. [1re édition]
- casse-noisettes, n. m. inv.
- casse-noix, n. m. inv.
- casse-pieds, adj. inv.
- casse-pierres, n. m. inv.
- casse-pipe, n. m. inv.
- casser, v. tr.
- casserole, n. f.
- casse-tête, n. m. inv.
- cassetin, n. m.
- cassette, n. f.
- casseur, -euse, n.
- cassidoine, n. f. [5e édition]
- cassie, n. f.
- cassier, n. m.
- cassine, n. f.
CONJUGAISON
je | casse |
tu | casses |
il, elle | casse |
nous | cassons |
vous | cassez |
ils, elles | cassent |