sans

SANS

préposition
Étymologie : xe siècle, sen, puis sens ; xiie siècle, sans. Issu, avec ajout d’un s final, par analogie avec des adverbes comme volontiers, ailleurs ou certes, du latin sine, de même sens.

I.

I. Préposition.
1.  Devant un nom ou un pronom. Marque l’absence, le manque, l’exclusion d’un être ou d’une chose. Ils sont venus sans leurs enfants. Celle sans qui rien ne serait arrivé. Un homme sans pitié, sans malice. Il m’a laissé sans nouvelles. Elle n’est pas sans humour. Un régime sans sel. Il est sorti sans écharpe et sans gants, sans écharpe ni gants. Un devoir sans faute ou sans fautes. Parler sans détour ou sans détours. Il m’a raconté la scène sans plus de détails. Nous y sommes allés sans beaucoup d’espoir.
▪ Dans cet emploi, Sans entre dans un très grand nombre de locutions qui sont généralement expliquées au mot principal. Sans égal, sans pareil, sans exemple. Sans nom. Sans appel. Sans délai. Sans contredit. Sans façon ou, parfois, sans façons. Sans réserve. Sans gêne. Sans retour. Sans cesse. Sans doute. Sans faute. Sans plus. Sans blague ! (fam.). Une personne sans domicile fixe ou, elliptiquement et subst., un sans domicile fixe. En corrélation avec ni. Sans foi ni loi. Sans rime ni raison.
▪ Expr. Compter sans quelqu’un, sans quelque chose, ne pas le prendre en considération. C’était compter sans le mauvais temps. Être sans le sou, sans un sou ou, elliptiquement et pop., être sans un. Elliptiquement et fam. Un jour sans, désignait, pendant la Seconde Guerre mondiale, un jour où on ne trouvait pas tel produit de nécessité ; s’emploie aujourd’hui pour parler d’une journée où rien de ce qui arrive n’est satisfaisant. Faire sans, se passer d’une chose dont on parle. Nous n’avions pas de voiture, il a fallu faire sans.
▪ Par litote. Non sans, avec ; avec beaucoup de. Il s’est indigné, non sans raison. Elle a tenu ses engagements, non sans peine. Nous avons sauvé cette entreprise, non sans de grands sacrifices.
▪ Dans une phrase au futur ou au conditionnel, pour introduire un complément circonstanciel de condition. Sans votre aide, il n’aurait jamais réussi. Sans elle, il ne viendra pas. Loc. Sans quoi, sans cela, sinon. Allez à sa rencontre, sans quoi il se perdra. Il l’aime beaucoup, sans cela il ne lui pardonnerait pas.
▪ Uni par un trait d’union à un nom, Sans entre dans la formation de nombreux mots composés, dont les plus courants figurent ci-après.
 Titre célèbre : Sans famille, d’Hector Malot (1878).
2.  Devant un verbe à l’infinitif. Sert à exclure une circonstance de l’action exprimée par le verbe principal. Passer la nuit sans dormir. Il a obtempéré sans plus se plaindre. Il a accepté sans hésiter. Sans être sûr de lui, il souhaitait tout de même donner son avis. Il ne viendra pas sans y être autorisé. Dans une conversation, pour préciser l’intention, l’état d’esprit du locuteur. Sans vouloir vous contrarier, je trouve cette idée farfelue.
▪ Loc. et expr. Sans coup férir, voir Coup. Sans parler de, indépendamment de, outre. Il a reçu beaucoup de soutien, sans parler de celui de sa famille. Ne pas être sans savoir, savoir fort bien. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il risque d’être remplacé. Cela va sans dire, c’est évident. Sans mentir, en vérité, à dire vrai. Fam. Sans rire, s’emploie pour exprimer l’étonnement ou l’incrédulité. Sans rire, il a gagné son pari ?

II.

II. Loc. conj. Sans que, suivi du subjonctif.
Sert à indiquer que l’action exprimée dans la proposition subordonnée ne se produit pas. Il est sorti sans que ses parents le sachent. Je voudrais parler sans que vous m’interrompiez. Il ne le fera pas sans qu’on l’y autorise.
Remarque
L’emploi de ne explétif dans une proposition introduite par sans que doit être évité, même si celle-ci comporte les mots aucun, personne ou rien. Il a fait cela sans que personne puisse s’y opposer. Il posa plusieurs questions sans qu’on lui répondît rien.
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