tuer
TUER
conjugaison verbe transitifÉtymologie : xiie siècle. Issu du latin tardif tutare, altération de tutari, « veiller sur, couvrir », employé dans l’expression tutare ignem, « couvrir le feu », par référence au fait qu’on l’étouffait à l’aide de cendres puis qu’on le découvrait le lendemain pour qu’il reprenne.
1.
Ôter la vie d’une manière violente à un être humain.
Tuer un homme d’un coup de pistolet, à coups de couteau.
Tuer quelqu’un de sang-froid, de ses propres mains.
Tuer sans pitié.
Tuer volontairement, accidentellement une personne.
Il l’a tué en l’étouffant.
Le chauffard a tué deux piétons.
Son grand-père a été tué à la guerre.
Les deux duellistes se sont tués l’un l’autre.
Il se serait fait tuer plutôt que de se rendre.
Absolument.
Dans le Décalogue, il est écrit : « Tu ne tueras point ».
▪ Par extension.
En parlant d’une mort qui n’est pas d’origine humaine.
La foudre a tué le randonneur.
La grippe espagnole tua des millions de gens.
Par exagération.
Ses débauches le tueront.
Absolument.
La ricine est un poison qui tue sans laisser de trace.
C’est une maladie qui tue à petit feu.
▪ Pron. à sens réfléchi.
Mourir accidentellement.
Elle a failli se tuer en chutant dans l’escalier.
Ils se sont tués en voiture.
S’emploie aussi au sens de Se donner la mort, se suicider.
Elle s’est tuée en s’ouvrant les veines.
▪ Au participe passé, adjectivement.
Il y a deux personnes tuées, deux personnes de tuées ou, elliptiquement et subst., au masculin, il y a deux tués.
▪ Loc. et expr.
Être tué à l’ennemi, au combat.
« Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens », formule attribuée à Arnaud Amaury, légat du pape, lors du massacre des albigeois réfugiés dans Béziers en 1209.
Fig.
Il tuerait père et mère, il est capable de tout.
Tuer le père (parfois plaisant), par référence à la théorie du complexe d’Œdipe et au mythe du parricide collectif primitif décrit par Freud dans Totem et Tabou, s’affranchir d’un modèle.
La lettre tue et l’esprit vivifie, par allusion à une épître de saint Paul, ce qui importe, ce n’est pas de s’attacher servilement à la lettre d’un précepte, d’un texte, mais d’en pénétrer l’esprit.
2.
Par analogie.
Faire périr un animal.
Le chasseur a tué quatre perdrix.
Jason tua le dragon qui veillait sur la Toison d’or.
▪ Spécialement. Marque de domaine : boucherie.
Donner la mort à des bêtes destinées à la consommation, notamment dans un abattoir.
Tuer des veaux.
Tuer le cochon, procéder à son abattage et en préparer les morceaux pour s’assurer une provision de viande (on dit aussi Saigner le cochon).
Autrefois, tuer le cochon était l’occasion de grandes réjouissances.
▪ Par extension.
En parlant d’une mort qui a une autre cause qu’humaine.
Pour tuer sa proie, le boa l’étouffe.
La maladie du charbon tue les moutons.
Par analogie.
Le grand froid a tué beaucoup d’oliviers.
▪ Expr. fig.
Tuer la poule pour avoir l’œuf, voir Poule I.
Tuer la poule aux œufs d’or, se priver d’une source de biens abondants et durables.
Tuer le veau gras, voir Veau.
Pop. et vieilli.
Tuer le ver, prendre de l’alcool au réveil.
▪ Prov.
Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, avant qu’on ne l’ait tué, voir Ours.
3.
Fatiguer excessivement quelqu’un, altérer sa santé ; importuner, incommoder fortement quelqu’un.
Couper du bois toute la journée l’a tué.
Ces allers et retours incessants le tuent.
Ce bruit me tue !
Ce récit est d’une longueur, d’un ennui qui tue.
Sa méchanceté me tue.
Expr. fam.
C’est la phrase, le mot qui tue, qui touche le point sensible, frappe juste.
▪ Pron.
Se tuer à la tâche, travailler à s’en user la santé.
Fam.
Se tuer le tempérament à faire quelque chose, voir Tempérament.
Se tuer à faire quelque chose, y mettre toutes ses forces, sans obtenir le résultat escompté.
Je me tue à le lui répéter.
▪ Par exagération. Pop.
Se dit d’une chose qui choque, qui laisse pantois.
Son sans-gêne m’a tué.
4.
Détruire, anéantir, ruiner quelque chose ; faire disparaître une chose.
Il a tué en elle l’envie de vivre.
Les épices tuent le goût du poisson dans ce plat.
▪ Spécialement.
Annuler ou altérer fortement l’effet produit par une chose.
Deux couleurs qui se tuent l’une l’autre.
▪ Expr.
Tuer dans l’œuf, détruire quelque chose dès sa conception (on dit aussi Étouffer dans l’œuf).
Ce projet de loi a été tué dans l’œuf.
Tuer le temps, se livrer à des occupations sans intérêt pour éloigner l’ennui ou tromper l’attente (on dit aussi Passer, Tromper, Faire passer le temps).
« Trop d’impôt tue l’impôt », formule popularisée par un économiste américain dans les années 1970.
Liens externes
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- tubule, n. m.
- tubulé, -ée, adj.
- tubuleux, -euse, adj.
- tubuliflores, n. f. pl.
- tubulure, n. f.
- tudesque, adj.
- tudieu !, interj.
- tue-chien, n. m. [7e édition]
- tue-mouche, adj.
- tue-mouches, adj.
- tuer, v. tr.
- tuerie, n. f.
- tue-tête (à), loc. adv.
- tueur, -euse, n. et adj.
- tuf, n. m.
- tufeau, n. m.
- tuffeau, n. m.
- tuffier, -ière, adj.
- tufier, -ière, adj.
- Tufière [5e édition]
CONJUGAISON
je | tue |
tu | tues |
il, elle | tue |
nous | tuons |
vous | tuez |
ils, elles | tuent |