peine
1re édition
PEINE.
s. f.■
Douleur, affliction, souffrance, sentiment de quelque mal, dans le corps, ou dans l’esprit. Les peines du corps. les peines de l’esprit. il souffre une peine mortelle. sa peine n’est pas moins grande pour estre secrette. la peine du sens. la peine du dam. les peines de l’enfer. les peines du purgatoire.
Peine, signifie aussi Chastiment, punition d’un crime. Il a commis la faute, il en portera la peine. cet exil, cette disgrace sont la peine de son crime. on luy a ordonné cela sur peine, sous peine. à peine de la vie. On dit dans ce sens, La peine du talion, la peine du quadruple.
Peine, signifie aussi Travail, fatigue. Il n’a pas fait cela sans peine. sa peine n’a pas esté inutile. il a eu beaucoup de peine à faire sa fortune, à venir à bout d’une telle chose. sa peine n’a pas esté infructueuse. il est mal aisé de faire quelque chose de beau sans peine. il a un esprit facile, aisé qui fait tout sans peine. je feray cela, j’en mourray à la peine.
On dit d’Un homme qui a travaillé inutilement à quelque chose, qu’Il y a perdu sa peine.
On dit prov. Nul bien sans peine : & dans le mesme sens on dit, qu’Il y a certaines entreprises où le plaisir passe la peine.
On dit par compliment, Prenez la peine de faire cela. il a pris la peine de me venir voir. Et l’on dit dans le discours familier, Cela n’en vaut pas la peine, ce n’est pas la peine, pour dire, que La chose dont il s’agit n’est pas d’assez grande consideration, assez d’importance pour meriter qu’on s’en tourmente. Voulez-vous que je vous aille trouver pour cela, non, cela n’en vaut pas la peine. ce n’est pas la peine d’attendre si long-temps pour si peu de chose.
On dit encore dans le discours familier, Ce n’est pas la peine d’en parler : & cela se dit par ironie, pour exagerer davantage la chose dont il s’agit, en faisant semblant de la diminuer. Il ne luy a volé que cent mil escus, ce n’est pas la peine d’en parler.
On dit, qu’On a peine, de la peine à dire, à faire quelque chose, pour dire, qu’On y a de la repugnance, qu’on est fasché d’y estre obligé. J’ay peine à luy annoncer une si meschante nouvelle. Et on dit, que p. 209L’on fait une chose sans peine, pour dire, que C’est de bon cœur & sans nulle contrainte.
Peine, Se prend aussi pour le Salaire du travail d’un artisan. Il ne faut pas retenir la peine du mercenaire, la peine d’un pauvre homme. Et dans ce sens on dit, Donner à quelqu’un pour sa peine, pour dire, Luy donner quelque chose en recompense de ce qu’il a fait, du service qu’il a rendu.
Peine, Se prend aussi quelquefois pour Inquiétude d’esprit. J’estois fort en peine de ce qu’il estoit devenu. vous m’avez tiré hors de peine. me voila hors de peine. on est extremement en peine de luy. on est en peine de ses nouvelles. je suis en peine de sçavoir ce qu’il deviendra. les dernieres nouvelles que j’ay receües me mettent fort en peine. tout le monde est en peine de sçavoir à quoy cela aboutira..
On dit encore, qu’Un homme est en peine, pour dire, qu’Il a des embarras d’affaires, qu’il a des affaires fascheuses qui l’embarrassent.
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A peine. adv. Il a differentes significations selon les differentes façons de parler avec lesquelles on le joint. On s’en sert quelquefois pour marquer qu’une chose suit de si prés une autre, qu’elles sont presque en mesme temps toutes deux ; & alors il se rend par Dés que, aussi-tost que. Ainsi on dit, A peine le soleil estoit-il levé, qu’on apperceut l’ennemy. à peine fut-il entré qu’il s’en alla. à peine serons-nous arrivez, qu’il faudra partir, pour dire, Dés que le soleil fut levé. Dés qu’il fut entré. Dés que nous serons arrivez.
On s’en sert aussi pour marquer le peu de temps qu’il y a qu’une chose dont on parle est arrivée : ainsi on dit, A peine est-il hors du lict. à peine sommes-nous entrez, pour dire, Il ne fait que de sortir du lit, il n’y a qu’un moment que nous sommes entrez.
On s’en sert encore dans la signification de Presque pas. & dans ce sens on dit, A peine voit-on à se conduire. à peine est-il jour. à peine a-t’il le necessaire. à peine sçait-il lire, pour dire, Il n’est presque pas encore jour, on ne voit presque pas à se conduire, il n’a presque pas le necessaire, il ne sçait presque pas lire. Vous dites que cet homme est cruel, à peine voudroit-il tuer un poulet. vous dites que cet homme est avare, à peine garde-t’il quelque chose pour le lendemain.
On dit, A grand peine, pour dire, Malaisément, difficilement. Si vous n’avez peu faire une chose si aisée, à grand peine en ferez-vous.
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Peiner. v. a. Faire de la peine, donner de la peine. Ce discours, cette raillerie m’ont beaucoup peiné.
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Peiner, Est aussi neut. & signifie Avoir de la peine. Il a beaucoup peiné dans cette affaire. il a beaucoup peiné pour parvenir, aprés avoir beaucoup peiné il est mort.
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Se peiner. n. p. Se donner de la peine. Se peiner pour faire quelque chose. il s’est beaucoup peiné. il ne s’est guere peiné dans cette affaire. il n’aime pas à se peiner.
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Peiné, peinée. part. On dit, qu’Un ouvrage est bien peiné, qu’un tableau est bien peiné, pour dire, qu’On a pris beaucoup de peine en y travaillant.
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Peineux, euse. adj. de tout genre. Qui donne de la peine. Il n’a guere d’usage qu’en cette phrase. La semaine peineuse, Qui se dit de la semaine sainte. Il vieillit.
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Penible. adj. Qui donne de la peine. C’est un travail penible. un ouvrage penible. un travail ingrat & penible. un chemin penible. une entreprise, une conqueste penible.
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Peniblement. adv. Avec peine. Cet homme n’a pas le genie aisé, il fait tout peniblement.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- peigne, n. m.
- peigne-cul, n. m. inv.
- peignée, n. f.
- peigner, v. tr.
- peigneur, -euse, n.
- peignier, n. m.
- peignoir, n. m.
- peignures, n. f. pl.
- peinard, -arde, adj.
- peindre, v. tr. et pron.
- peine, n. f.
- peiner, v. tr. et intr.
- peineux, euse, adj. [4e édition]
- peintre, n. m.
- peintresse, n. f.
- peinturage, n. m. [7e édition]
- peinture, n. f.
- peinturer, v. tr.
- peintureur, n. m. [7e édition]
- peinturlurer, v. tr.