peine
2e édition
PEINE.
s. f.■
Douleur, affliction, souffrance, sentiment de quelque mal, dans le corps, ou dans l’esprit. Les peines du corps. les peines de l’esprit. les peines de l’esprit sont d’ordinaire plus grandes que celles du corps. il a des peines d’esprit insupportables.
On appelle. La peine du sens, Les douleurs que les Damnez souffrent par les tourments de l’enfer : Et La peine du Dam, Ce que la privation de la veuë de Dieu leur fait souffrir.
On appelle aussi, Peines de purgatoire, Ce que les ames souffrent dans le Purgatoire, soit par les tourments, soit par la privation où elles sont alors de la veuë de Dieu.
■
Peine, Signifie aussi Chastiment, punition d’un crime. Il a commis la faute, il en portera la peine. cet exil, cette disgrace est la peine de son crime. on lui a ordonne cela sur peine, sous peine, à peine de la vie. On dit dans ce sens, La peine du talion, la peine du quadruple.
■
Peine, Signifie aussi, Travail, fatigue. Il n’a pas fait cela sans peine. sa peine n’a pas esté inutile. il a eu beaucoup de peine à faire sa fortune, à venir à bout d’une telle chose. sa peine n’a pas esté infructueuse. il est mal-aisé de faire quelque chose de beau sans peine. il a un esprit facile, aisé qui fait tout sans peine, je feray cela, ou j’en mourray à la peine.
■
Peine, Se dit aussi Des difficultez qu’on a à faire quelque chose ; & dans cette acception en parlant d’un homme qui a de la difficulté à parler par quelque empeschement naturel, on dit, qu’Il a de la peine à parler.
On dit aussi dans le mesme sens, qu’Un homme a de la peine à marcher, Quand il se sert difficilement de ses jambes.
On dit d’Un homme qui a travaillé inutilement à quelque chose, qu’Il y a perdu sa peine, ses peines.
On dit prov. Nul bien sans peine ; Et dans le mesme sens on dit, qu’Il y a certaines entreprises p. 239où la peine passe le plaisir.
On dit par politesse, Prenez la peine de faire cela. il a pris la peine de me venir voir. Et l’on dit dans le discours familier, Cela n’en vaut pas la peine, ce n’est pas la peine, pour dire, que La chose dont il s’agit n’est pas d’assez grande consideration, d’assez d’importance, pour meriter qu’on s’en tourmente. Voulez-vous que je vous aille trouver pour cela ? non, cela n’en vaut pas la peine. ce n’est pas la peine d’attendre si long temps pour si peu de chose.
On dit encore dans le discours familier, Ce n’est pas la peine d’en parler : Et cela se dit par ironie, pour exaggerer davantage la chose dont il s’agit, en faisant semblant de la diminuer. Il ne lui a volé que cent mille escus, ce n’est pas la peine d’en parler. cela ne vaut pas la peine d’en parler.
■
Peine, Se dit pareillement De la repugnance d’esprit qu’on a à dire ou à faire quelque chose. J’ay peine à lui annoncer une si meschante nouvelle. Et on dit, que L’on fait une chose sans peine, pour dire, que C’est de bon cœur & sans nulle contrainte.
■
Peine, Se prend aussi pour le salaire du travail d’un artisan. Il ne faut pas retenir la peine du mercenaire, la peine d’un pauvre homme : Et on dit, Donner à quelqu’un pour sa peine, pour ses peines, pour dire, Luy donner quelque chose en recompense de ce qu’il a fait, du service qu’il a rendu.
■
Peine, Se prend aussi quelquefois pour Inquietude d’esprit. J’estois fort en peine de ce qu’il estoit devenu. vous m’avez tiré hors de peine. me voilà hors de peine. on est extrémement en peine de luy. on est en peine de ses nouvelles. je suis en peine de n’avoir point de ses nouvelles. je suis en peine de sçavoir ce qu’il deviendra. les dernieres nouvelles que j’ay receuës me mettent fort en peine. tout le monde est en peine de sçavoir à quoy cela aboutira.
On dit encore, qu’Un homme est en peine, pour dire, qu’Il a des embarras d’affaires, qu’il a des affaires fascheuses qui l’embarrassent.
■
A peine. adv. Il a differentes significations selon les differentes façons de parler avec lesquelles on le joint. On s’en sert quelquefois pour marquer qu’une chose suit de si prés une autre, qu’elles sont presque en mesme temps toutes deux ; & alors il se rend par Des que, aussi tost que. Ainsi on dit, A peine le Soleil estoit-il levé, qu’on apperceut l’ennemi. à peine fut-il entré, qu’il s’en alla. à peine serons-nous arrivez qu’il faudra partir, pour dire. Dés que le soleil fut levé, dés qu’il fut entré, dés que nous serons arrivez.
On s’en sert aussi pour marquer le peu de temps qu’il y a qu’une chose dont on parle est arrivée. Ainsi on dit, A peine est-il hors du lit. à peine sommes-nous entrez, pour dire, Il ne fait que de sortir du lit, il n’y a qu’un moment que nous sommes entrez.
On s’en sert encore dans la signification de Presque pas. Et dans ce sens on dit, A peine voit-on à se conduire. à peine est-il jour. à peine a-t-il le necessaire. à peine sçait-il lire, pour dire, Il n’est presque pas encore jour, on ne voit presque pas à se conduire, il n’a presque pas le necessaire, il ne sçait presque pas lire. Vous dites que cet homme est avare, à peine garde-t-il quelque chose pour le lendemain.
On dit, A grand peine, pour dire, Mal-aisément, difficilement. Si vous n’avez pu faire une chose si aisée, à grand peine en ferez-vous une plus difficile.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.
VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- peigne, n. m.
- peigne-cul, n. m. inv.
- peignée, n. f.
- peigner, v. tr.
- peigneur, -euse, n.
- peignier, n. m.
- peignoir, n. m.
- peignures, n. f. pl.
- peinard, -arde, adj.
- peindre, v. tr. et pron.
- peine, n. f.
- peiner, v. tr. et intr.
- peineux, euse, adj. [4e édition]
- peintre, n. m.
- peintresse, n. f.
- peinturage, n. m. [7e édition]
- peinture, n. f.
- peinturer, v. tr.
- peintureur, n. m. [7e édition]
- peinturlurer, v. tr.