souffler

1re édition

SOUFFLER.

v. neut.
■  Faire du vent, en poussant l’air par la bouche avec force. Souffler dans ses doigts. il luy souffla dans l’œil. souffler au visage, souffler sur la table pour en oster la poussiere.
Il se dit aussi, De certaines choses inanimées qui poussent l’air avec force. Ce soufflet est percé. il ne souffle pas. le vent de bise souffle. le vent luy souffloit au nez. souffler aux orgues.
Il se dit encore de l’homme & des animaux, quand ils respirent avec effort. Dés que cet homme a monté dix degrez, il souffle comme un bœuf. ce cheval est poussif, voyez comme il souffle.
On dit prov. & figur. Si vous n’avez rien de plus chaud, vous n’avez que faire de souffler, pour dire, Vous vous flatez vainement de cette esperance.
On dit aussi prov. & fig. Il croit qu’il n’y a qu’à souffler & à remuer les doigts. Et cela se dit d’un homme qui s’imagine qu’une chose est aisée, quoy qu’elle soit fort difficile.
On dit fig. Souffler aux oreilles de quelqu’un, pour dire, Luy inspirer, luy vouloir persuader de meschantes choses. Les flateurs luy soufflent sans cesse aux oreilles. c’est ce meschant homme qui luy a soufflé cela aux oreilles.
On dit fig. qu’Un homme n’oseroit souffler, qu’il ne souffle pas, pour dire, qu’Il n’ose ouvrir la bouche pour faire des plaintes, des prieres, des remontrances. Il faut qu’il endure & qu’il ne souffle pas seulement. il est si fier, si imperieux qu’on n’oseroit souffler devant luy. ne soufflez pas. si vous soufflez, &c.
■ Souffler, est aussi actif, comme dans ces phrases. Souffler le feu, pour dire, Souffler sur le feu pour l’allumer. Souffler une chandelle, pour dire, Souffler sur la flame d’une chandelle pour l’esteindre. Souffler de la poussiere, c’est à dire, Souffler sur de la poussiere, pour l’oster du lieu où elle est. Souffler un veau, un mouton, pour dire, Souffler entre la chair & le cuir d’un veau, d’un mouton, pour en enfler la viande. Souffler l’orgue, pour dire, Donner du vent aux tuyaux des orgues par le moyen des soufflets.
On dit, Souffler quelqu’un, pour dire, Lire bas à quelqu’un, qui parle en public, les endroits de son discours où la memoire luy manque. Souffler le Predicateur. il souffle les Comediens.
On dit prov. & fig. Souffler le chaud & le froid, pour dire. Loüer & blasmer une mesme chose, parler pour & contre une mesme personne. Ne vous fiez point à cet homme-là il souffle le chaud & le froid.
On dit aussi fig. Souffler la discorde, le feu de la discorde, de la division, pour dire, Exciter la discorde, la division.
On dit au jeu des Dames, Souffler une Dame, pour dire, L’oster à celuy contre qui on joüe, parce qu’il a manqué de prendre avec celle-là une autre qui estoit en prise.
On dit fig. Souffler à quelqu’un un employ, une charge, &c. pour dire, Luy enlever un employ, une charge, à quoy il s’attendoit.
Souffler un exploit. Façon de parler dont on se sert pour exprimer la friponnerie d’un Sergent, lors qu’il fait paroistre qu’il a donné un exploit à un homme, quoy qu’il ne l’ait pas donné. On luy a soufflé un exploit.
Souffler, pris absolument, signifie quelquefois Chercher la pierre philosophale, chercher à faire de l’or, de l’argent, & autres secrets par l’operation de la Chymie. Il a dépensé tout son bien à souffler. il y a long-temps qu’il souffle.
■ Soufflé, ée. part.

souffle

■ Souffle. s. m. Vent que l’on fait en poussant de l’air par la bouche avec force. Il vous renverseroit d’un souffle. il est si maigre qu’on le renverseroit du moindre souffle.
Il se dit aussi, De l’agitation de l’air causée par le vent. Il ne fait pas un souffle de vent. au moindre souffle de vent.
Il signifie quelquefois, La simple respiration, la simple haleine. Il est si extenué qu’il semble qu’il n’ait pas un souffle de vie.

souffleur, euse

■ Souffleur, euse. s. v. Qui souffle. C’est un importun souffleur.
On appelle, Souffleur d’orgues, Celuy qui fait aller les soufflets de l’orgue.
On appelle, Souffleur, Celuy qui par la Chymie cherche la pierre philosophale. C’est un dangereux mestier que celuy de souffleur, on s’y ruine tousjours.
On appelle aussi, Souffleur, Celuy qui estant derriere une personne qui parle en public, lit en mesme temps, pour luy suggerer les endroits où la memoire viendroit à luy manquer. Il seroit demeuré dans sa harangue sans le souffleur. il sert de souffleur à la Comedie.

soufflet

■ Soufflet. s. m. Instrument qui sert à souffler, à faire du vent. Soufflet d’Orfevre, de Mareschal. soufflet de forge. souflet d’orgue. prenez ce soufflet, & allumez le feu.
Soufflet, se dit aussi, d’Une espece de petite caleche, dont le dessus se replie en maniere de soufflet. Il a fait ce voyage-là dans un soufflet. les soufflets sont commodes pour faire bien du chemin.
Soufflet, signifie aussi, Un coup du plat de la main, ou du revers de la main sur la jouë. Donner un soufflet. p. 495recevoir un soufflet. appliquer un soufflet. je te donneray un soufflet, un beau soufflet.
On dit fig. Donner un soufflet à Ronsard, pour dire, Faire une faute grossiere contre la Grammaire françoise.
On dit, d’Un homme à qui il arrive quelque dommage, quelque eschec dans sa fortune par quelque intrigue de Cour, qu’Il a receu, qu’on luy a donné un vilain soufflet. on luy a osté ses appointements, voilà un vilain soufflet. il a receu un vilain soufflet, on luy a osté sa charge.

souffleter

■ Souffleter. v. a. Donner des soufflets à quelqu’un. Il faudroit souffleter ce fripon-là. il merite d’estre souffleté. on le souffleta comme il faut.
■ Souffleté, ée. part.

boursouffler

■ Boursouffler. v. a. Enfler le corps, le visage, la peau par quelque vent ou par quelque humeur. Cette maladie luy a boursoufflé le visage, luy a boursoufflé le corps.
■ Boursoufflé, ée. part. Il est tout boursoufflé.
On dit, d’Un homme gras & replet, qui a de grosses jouës, que C’est un gros boursoufflé. Et alors il se prend substantivement.

essouffler

■ Essouffler. v. a. Mettre presque hors d’haleine par un mouvement violent. Vous montez trop viste, cela vous essoufflera. si vous ne retenez vostre cheval, vous l’essoufflerez.
Il est aussi n. pass. Je me suis tout essoufflé à monter ce degré. ne courez pas tant, vous vous essoufflerez.
■ Essoufflé, ée. part. Qui est hors d’haleine pour avoir couru, ou fait quelque autre effort. Il est revenu tout essoufflé.
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