souffler

2e édition

SOUFFLER.

verbe neutre.
■  Faire du vent, en poussant l’air par la bouche avec force. Souffler dans ses doigts. il luy souffla dans l’œil. souffler au visage. souffler sur une table pour en oster la poussiere.
Il se dit aussi De tout ce qui pousse l’air avec force. Le vent de bize souffle rudement. le vent qui souffle vers le soir est souvent doux & gracieux. il souffle un vent frais, un vent rafraischissant. le vent luy souffloit au nez. ce soufflet est percé, il ne souffle pas.
Il se dit aussi, De l’homme & des animaux quand ils respirent avec effort. Dez que cet homme a monté six degrez, il souffle comme un bœuf. ce cheval est poussif, voyez comme il souffle.
On dit prov. & fig. Si vous n’avez rien de plus chaud, vous n’avez que faire de souffler, pour dire, Vous vous flatez vainement de cette esperance.
On dit aussi prov. & fig. Il croit qu’il n’y a qu’à souffler & à remuer les doigts. Et cela se dit d’Un homme qui s’imagine qu’une chose est aisée, quoy qu’elle soit fort difficile.
Figurément, & en termes de l’Escriture on dit, que le S. Esprit souffle où il veut, pour p. 615dire, que Dieu communique ses graces à qui il luy plaist.
On dit figur. Souffler aux oreilles de quelqu’un, pour dire, Luy inspirer, luy vouloir persuader de meschantes choses. Les flateurs luy soufflent sans cesse aux oreilles. c’est ce meschant homme qui luy a soufflé aux oreilles.
On dit figur. qu’Un homme n’oseroit souffler, qu’il ne souffle pas, pour dire, qu’Il n’oseroit ouvrir la bouche pour faire des plaintes, des remonstrances. Il faut qu’il endure & qu’il ne souffle pas seulement. il est si fier, si imperieux, qu’on n’oseroit souffler devant luy. ne soufflez pas. si vous soufflez.
■ Souffler, Est aussi actif, comme dans ces phrases, Souffler le feu, pour dire, Souffler sur le feu pour l’allumer. Souffler une chandelle, pour dire, Souffler sur la flamme d’une chandelle pour l’esteindre. Souffler de la poussiere, pour dire, Souffler sur de la poussiere afin de l’oster du lieu où elle est. Souffler un veau, un mouton, pour dire, Souffler entre la chair & le cuir d’un veau, d’un mouton, afin d’en separer plus aisément la peau. Souffler l’orgue, pour dire, Donner du vent aux tuyaux des orgues par le moyen des soufflets.
On dit, Souffler quelqu’un, pour dire. Lire bas à quelqu’un les endroits de son discours où la memoire luy manque. Souffler le Predicateur. il souffle les Comediens.
On dit proverbialement & figurément, Souffler le chaud & le froid, pour dire, Loüer & blasmer une mesme chose, parler pour & contre une personne. Ne vous fiez point à cet homme-là, il souffle le chaud & le froid.
On dit aussi figur. Souffler la discorde, le feu de la discorde, de la division, &c. pour dire, Exciter la discorde, la division.
On dit aussi au jeu des Dames, Souffler une Dame, pour dire, L’oster à celuy contre qui on jouë, parce qu’il a manqué de prendre avec celle-là une autre Dame qui estoit en prise.
On dit, Souffler à quelqu’un un Employ, une Charge, &c. pour dire, Luy enlever un Employ, une Charge, &c. à quoy il s’attendoit. On se sert du mesme verbe dans la mesme figure en diverses autres occasions.
■ Souffler un exploit. Façon de parler dont on se sert pour exprimer la friponnerie d’un Sergent, lors qu’il fait paroistre qu’il a donné un exploit à un homme, quoiqu’il ne l’ait pas donné. On luy a soufflé un exploit.
En termes de Marine, on dit, Souffler un vaisseau, pour dire, Renforcer le bordage d’un vaisseau, revestir un vaisseau par dehors de fortes & nouvelles planches, ce qui se fait à deux fins, soit pour empescher que les vers ne picquent le vaisseau dans les voyages de long cours, soit pour faire qu’un vaisseau qui porte mal la voile, & qui se tourmente trop à la mer, prenne mieux son assiette. Il faut souffler ce vaisseau.
On dit en termes de chasse, qu’Un bien a soufflé le poil à un lievre, pour dire, qu’Il a presque appuyé le museau dessus, & qu’il l’a manqué.
■ Souffler, pris absolument, signifie quelquefois Chercher la pierre philosophale, chercher à faire de l’or, de l’argent par l’operation de la Chymie. Il a despensé tout son bien à souffler. il y a long-temps qu’il souffle.
■ Soufflé, ée. part.
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