bouche
2e édition
BOUCHE.
subst. f.■
Cette partie du visage de l’homme par où sort la voix, & par où se reçoivent les aliments. Avoir la bouche belle, & les levres bien façonnées. avoir la bouche vermeille, la bouche incarnate, la bouche relevée, la bouche agreable, la bouche petite. avoir une grande bouche, une bouche fenduë jusqu’aux oreilles. avoir la bouche platte. ouvrir la bouche. fermer la bouche. tourner la bouche. baiser à la bouche. la premiere fois qu’un Cardinal est receu dans un Consistoire le Pape fait la ceremonie de luy fermer & de luy ouvrir la bouche.
On dit figur. N’oser ouvrir la bouche, pour dire, N’oser parler ; Et, Fermer la bouche à quelqu’un, pour dire, Le faire taire.
On dit d’Un homme qui s’est fait une habitude de dire continuellement de certaines paroles, qu’Il les a à tout moment à la bouche. c’est un mot qu’il a tousjours à la bouche.
On dit, Faire la petite bouche de quelque chose, sur quelque chose, pour dire, Ne vouloir pas s’expliquer tout-à-fait sur quelque chose. Ne faire point la petite bouche de quelque chose, pour dire, S’en expliquer librement & ouvertement. Dire quelque chose de bouche à quelqu’un, pour dire, S’en expliquer soy-mesme de vive voix avec luy. Et proverb. Bouche close, bouche cousuë, pour dire, qu’Il faut garder le secret sur l’affaire dont il s’agit.
On dit qu’Une nouvelle va de bouche en bouche, pour dire, qu’Elle devient publique, qu’Elle court par tout. Et on appelle poëtiquement, La Renommée, La Déesse aux cent bouches.
On dit prov. d’Un homme indiscret, qui ne cache rien de ce qu’il sçait, que C’est un saint Jean bouche d’or. Et prov. & bass. En parlant d’Un homme qui parle contre sa pensée, on dit, Il dit cela de bouche, mais le cœur n’y touche.
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Bouche, Se dit aussi par rapport à l’organe du goust. Ainsi on dit, Traiter quelqu’un a bouche que veux-tu, pour dire, Luy faire tres-bonne chere. Manger de la viande de broc en bouche, pour dire, Aussi-tost qu’on l’a tirée de la broche. Qu’Une chose fait bonne bouche, pour dire, p. 169qu’Elle laisse un bon goust ; Et qu’Une chose rend la bouche amere, pasteuse, mauvaise, seiche, &c. pour dire, qu’Elle laisse quelque mauvais goust de cette sorte.
Quand on donne à manger à ses amis, & qu’à la fin du repas on leur donne quelque chose d’exquis, On dit, que C’est pour les laisser sur la bonne bouche On dit aussi, Demeurer sur la bonne bouche, pour dire, Demeurer sur ce qu’il y a de meilleur & de plus exquis dans un repas. Et, Garder quelque chose pour la bonne bouche, pour dire, Reserver pour le dernier morceau ce qu’il y a de meilleur à manger. La mesme phrase se dit figurement, De tout ce qu’on reserve d’agreable & de meilleur pour la fin. Et On dit aussi fig. Laisser quelqu’un sur la bonne bouche, pour dire, Le laisser sur l’esperance de quelque chose, ou sur quelque autre pensée agreable.
Lorsqu’on parle de quelque chose à manger, & que la maniere dont on en parle excite une espece d’envie & de desir dans ceux qui escoutent, On dit, que l’Eau en vient à la bouche, que cela fait venir l’eau à la bouche. La mesme chose se dit figur. De tout ce qui est agréable, & qui donne quelque idée de plaisir.
On appelle, en terme de Chirurgie, Flux de bouche, Une grande abondance de salive qui sort de la bouche en de certaines maladies : Et on dit figur. d’Un grand parleur, qu’Il a le flux de bouche, qu’il a un flux de bouche continuel.
On dit, Avoir bouche à cour, pour dire, Estre nourri dans la maison d’un Prince. Et cela ne se dit proprement que de, Officiers de la Maison du Roi, & des Maisons des grands Princes, lors qu’ils ont droit de manger à quelqu’une des tables. Et on appelle chez le Roy, Vin de bouche, Le vin destiné pour la personne du Roi.
On appelle aussi chez le Roy, La Bouche, Le lieu où on appreste à manger pour le Roy, Et Officiers de la Bouche, Les Officiers qui servent, soit à la Cuisine du Roy, soit au Gobelet. Et on appelle absolument, La Bouche, Les Officiers de la bouche du Roy, La Bouche est partie.
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Bouche, Se dit aussi, Des personnes mesmes, par rapport à la nourriture. Il a tous les jours cinquante bouches à nourrir. comme on vit que les ennemis approchoient de la place, & qu’on y manquoit de vivres, on en fit sortir toutes les bouches inutiles.
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Bouche, Se dit aussi, en parlant des Chevaux, & de quelques autres bestes de somme & de voiture. La bouche d’un cheval. un cheval qui a la bouche fraische, la bouche eschauffée. un cheval qui a la bouche bonne, la bouche fine, la bouche tendre, la bouche delicate, la bouche mauvaise, la bouche esgarée, la bouche forte.
On dit, qu’Un cheval est fort en bouche ; & qu’Il n’a point de bouche, pour dire, qu’Il n’obeit point au mords ; Et qu’Il n’a ni bouche ni esperon, pour dire, Que non seulement il est fort en bouche, mais qu’il est dur à l’esperon.
On dit aussi figur. qu’Un homme est fort en bouche, pour dire, qu’Il parle avec beaucoup de vehemence & de hardiesse ; & qu’Il n’a ni bouche ni esperon, pour dire, qu’Il est stupide & insensible, & qu’il ne s’emeut de rien.
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Bouche, Se dit aussi, En parlant d’une piece d’Artillerie ; & signifie l’Ouverture par où le boulet sort du canon. Exposer des troupes à la bouche du canon.
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Bouches, au pluriel, Se dit des emboucheures par où de grandes rivieres se deschargent dans la mer. Les bouches du Nil. les bouches du Danube. les bouches du Gange.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- boucaner, v. tr. et intr.
- boucanier, n. m.
- boucaro, n. m. [6e édition]
- boucassin, n. m. [7e édition]
- boucassiné, ée, adj. [3e édition]
- boucau, n. m.
- boucaut, n. m.
- bouchage, n. m.
- boucharde, n. f.
- boucharder, v. tr.
- bouche, n. f.
- bouché, -ée, adj.
- bouche-à-bouche, n. m. inv.
- bouchée, n. f.
- boucher [I], v. tr.
- boucher, -ère [II], n.
- boucherie, n. f.
- bouchet, n. m. [4e édition]
- bouche-trou, n. m.
- bouchoir, n. m.