bouche

5e édition

BOUCHE.

s. f.
■  Cette partie du visage de l’homme par où sort la voix, et par où se reçoivent les alimens. Avoir la bouche belle. Avoir la bouche vermeille, la bouche incarnate, la bouche relevée, la bouche agréable, la bouche petite. Avoir une grande bouche. Avoir la bouche plate. Ouvrir la bouche. Fermer la bouche. Tourner la bouche. Baiser à la bouche, sur la bouche. La première fois qu’un Cardinal est reçu au Consistoire, le Pape fait la cérémonie de lui fermer et de lui ouvrir la bouche.
On dit figurément, N’oser ouvrir la bouche, pour dire, N’oser parler ; et, Fermer la bouche à quelqu’un, pour dire, Le faire taire.
On dit, Bouche béante, pour exprimer l’étonnement. Ils étoient tous bouche béante.
On dit d’Un homme qui s’est fait une habitude de dire continuellement de certaines paroles, qu’Il les a à tout moment à la bouche. C’est un mot qu’il a toujours à la bouche.
On dit, Faire la petite bouche de quelque chose, sur quelque chose, pour dire, Ne vouloir pas s’expliquer tout-à fait sur quelque chose. On dit aussi absolument, Faire la petite bouche, pour dire, Faire le difficile, le dégoûté, le dédaigneux sur quelque chose ; Ne faire point la petite bouche de quelque chose, pour dire, S’en expliquer librement et ouvertement ; Dire quelque chose de bouche à quelqu’un, pour dire, S’en expliquer de vive voix avec lui ; et proverbialement, Bouche close, bouche cousue, pour dire, qu’Il faut garder le secret sur l’affaire dont il s’agit.
On dit, qu’Une nouvelle va de bouche en bouche, pour dire, qu’Elle devient publique, qu’elle court partout. Et on appelle poétiquement La Renommée, La Déesse aux cent bouches.
On dit proverbialement d’Un homme qui dit sans ménagement tout ce qu’il pense, que C’est un saint Jean bouche d’or ; et d’Un homme qui parle contre sa pensée, Il dit cela de bouche, mais le cœur n’y touche.
On dit d’Un vassal, qu’Il ne doit à son Seigneur que la bouche et les mains, pour dire, qu’Il ne doit point de relief, et qu’il ne doit qu’hommage et service.
Bouche, se dit aussi par rapport à l’organe du goût. Ainsi on dit, Traiter quelqu’un à bouche que veux-tu, pour dire, Lui faire très-bonne chère ; Manger de la viande de broc en bouche, pour dire, Aussitôt qu’on l’a tirée de la broche ; qu’Une chose fait bonne bouche, pour dire, qu’Elle laisse un bon goût : ces trois phrases sont familières. Et on dit, qu’Une chose rend la bouche amère, pâteuse, mauvaise, sèche, etc. pour dire, qu’Elle laisse quelque mauvais goût de cette sorte.
Quand on donne à manger à ses amis, et qu’à la fin du repas on leur donne quelque chose d’exquis, on dit, que C’est pour les laisser sur la bonne bouche. On dit aussi, Demeurer sur la bonne bouche, pour dire, Demeurer sur ce qu’il y a de meilleur et de plus exquis dans un repas ; et, Garder quelque chose pour la bonne bouche, pour dire, Réserver pour le dernier morceau ce qu’il y a de meilleur à manger. La même phrase se dit figurem. de tout ce qu’on réserve d’agréable et de meilleur pour la fin. Et on dit aussi figurément, Laisser quelqu’un sur la bonne bouche, pour dire, Le laisser sur l’espérance de quelque chose, ou sur quelque autre pensée agréable. Toutes ces phrases sont familières.
Lorsqu’on parle de quelque chose à manger, et que la manière dont on en parle excite une espèce d’envie et de désir dans ceux qui écoutent, on dit familièrement, que L’eau en vient à la bouche, que Cela fait venir l’eau à la bouche. La même chose se dit figurément de tout ce qui est agréable, et qui donne quelque idée de plaisir.
On dit, Prendre sur sa bouche, pour dire, Epargner sur la dépense de sa nourriture. Il prend sur sa bouche les charités qu’il fait.
On dit aussi familièrement, S’ôter les morceaux de la bouche, pour dire, S’épargner le nécessaire pour fournir à quelque autre dépense.
On appelle en termes de Chirurgie, Flux de bouche, Une grande abondance de salive qui sort de la bouche en de certaines maladies. Et on dit figurément d’Un grand parleur, qu’Il a le flux de bouche, qu’Il a un flux de bouche continuel.
On dit encore, Être sur sa bouche, être sujet à sa bouche, pour dire, Être gourmand. Il est populaire.
On dit, Avoir bouche à Cour, pour dire, Être nourri dans la maison d’un p. 158Prince ; et cela ne se dit proprement que Des Officiers de la Maison du Roi et des Maisons des Princes, lorsqu’ils ont droit de manger à quelqu’une des tables. On appelle chez le Roi, Vin de la bouche, Le vin destiné pour la personne du Roi.
On appelle aussi chez le Roi, La Bouche, Le lieu où l’on apprête à manger pour le Roi ; et Officiers de la Bouche, Les Officiers qui servent, soit à la Cuisine du Roi, soit au Gobelet. Et on appelle absolument La Bouche, Les Officiers de la bouche du Roi. La Bouche est partie.
Bouche, se dit aussi Des personnes mêmes, par rapport à la nourriture. Il a tous les jours cinquante bouches à nourrir. Les vivres commençant à manquer dans la Place, on en fit sortir toutes les bouches inutiles.
Bouche, se dit aussi en parlant Des chevaux, et de quelques autres bêtes de somme et de voiture. La bouche d’un cheval. Un cheval qui a la bouche fraîche, la bouche échauffée. Un cheval qui a la bouche bonne, la bouche fine, la bouche tendre, la bouche délicate, la bouche mauvaise, la bouche égarée, la bouche forte.
On dit aussi, Bouche de saumon, de carpe, de grenouille.
On dit, qu’Un cheval est fort en bouche, et qu’Il n’a point de bouche, pour dire, qu’Il n’obéit point au mors ; et qu’Il n’a ni bouche, ni éperon, pour dire, que Non-seulement il est fort en bouche, mais qu’il est dur à l’éperon.
On dit aussi figurément et familièrement, qu’Un homme est fort en bouche, pour dire, qu’Il parle avec beaucoup de véhémence et de hardiesse ; et qu’Il n’a ni bouche, ni éperon, pour dire, qu’Il est stupide et insensible, et qu’il ne s’émeut de rien.
Bouche, se dit aussi en parlant d’Une pièce d’artillerie, et signifie L’ouverture par où le boulet sort du canon. Exposer des troupes à la bouche du canon. On dit aussi, Bouches à feu, au pluriel, en parlant Des canons et des mortiers. Il y avoit tant de bouches à feu.
Bouches, au pluriel, se dit Des embouchures par où de grands fleuves se déchargent dans la mer. Les bouches du Nil. Les bouches du Danube. Les bouches du Gange.
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