ombre

2e édition

[I.] OMBRE.

s. f.
↪ voir aussi : [II.] Ombre
■  Obscurité causée par un corps opposé à la lumiere. L’ombre de la terre cause l’eclipse de la Lune. les ombres s’alongent quand le Soleil approche du couchant. l’ombre de l’aiguille marque les heures dans un cadran. se coucher, se reposer, s’endormir à l’ombre d’un arbre, d’un buisson. se mettre à l’ombre. cet arbre ne fait guere d’ombre, ne donne guere d’ombre. l’ombre de saint Pierre guerissoit les malades. le soleil chasse les ombres, dissipe les ombres. On dit communément, qu’Il n’y a point de corps sans ombre, que L’ombre suit le corps.
On dit poëtiquement, Les ombres de la nuit, pour dire, Les tenebres. Et l’on dit, Les ombres de la mort, les ombres du tombeau, pour signifier, La mort, le tombeau.
On dit, que La vie des hommes passe comme l’ombre. Et on dit fig. que Les grandeurs du monde ne sont qu’ombre & que fumée.
On dit prov. & fig. d’Un homme qui suit un autre par tout, qu’Il le suit comme l’ombre fait le corps, que c’est son ombre. Et l’on dit d’Un homme qui s’effraye & s’allarme trop legerement, qu’Il a peur de son ombre.
On dit fig. d’Un homme qui se deffie de tout, que Tout luy fait ombre. On dit aussi, Faire ombre, porter ombre à quelqu’un, pour dire, Obscurcir le merite, le credit de quelqu’un, par un merite plus esclatant, par un plus grand credit. Il fait ombre à tous ses concurrens. il n’a pas assez de merite pour faire ombre à personne.
Ombre, Se prend quelquefois pour protection, faveur. L’ombre d’un si puissant maistre le met à couvert. Et dans ce mesme sens, A l’ombre, veut dire, Sous la faveur. Qu’a-t’il à craindre à l’ombre d’une si puissante protection ? il peut tout entreprendre à l’ombre d’un tel protecteur.
Ombre, se prend aussi, pour Pretexte : Et en ce sens il ne s’employe qu’avec la preposition Sous. Il a attrapé bien des gens sous ombre de devotion, sous ombre de pieté. il luy a fait un mauvais tour sous ombre d’amitié, sous ombre de luy vouloir du bien. il quitta la compagnie, sous ombre qu’il avoit des affaires pressantes.
Ombre, Se prend encore pour Apparence. Il n’y à pas ombre de doute, ombre de douter. je n’y voy pas la moindre ombre de difficulté. les Romains en ce temps-là n’avoient plus que l’ombre de la liberté. la Republique Romaine n’estoit plus que l’ombre de ce qu’elle avoit esté autrefois. On dit en ce sens, Prendre l’ombre pour le corps, pour dire, Prendre l’apparence pour la réalité.
Il se prend aussi, pour Signe, figure d’une chose à venir. Les ceremonies & les sacrifices du vieux Testament n’estoient que les ombres des mysteres & des veritez du nouveau.. Et en ce sens, il ne se dit, qu’En parlant des choses de l’ancienne Loy, par rapport à celles de la nouvelle.
Ombre, En termes de Poësie, & dans le langage des anciens Payens, Se prend pour l’ame separée du corps. L’ombre d’Achille luy apparut. l’ombre de Cesar, l’ombre du Grand Pompée. les pasles ombres. les ombres vaines. Pluton regne sur les ombres. le Royaume des ombres. un Magicien qui évoquoit les ombres.
Ombre, En termes de Peinture, Se dit des couleurs obscures qu’on employe dans un tableau, pour representer les parties des objets les moins esclairées, & qui servent à relever l’esclat des autres couleurs. Donner les ombres plus ou moins fortes. mesnager les ombres. les ombres sont bien étenduës dans ce tableau.
Ombre, Se dit aussi, des parties les moins esclairées du tableau.
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