serrer

2e édition

SERRER.

verbe actif.
■  Estreindre, presser. Serrer la main à quelqu’un, luy serrer les doigts. des souliers qui serrent les pieds. ce cordon-là est trop lasche, il le faut serrer davantage. serrer les sangles d’un cheval. serrer les poulces à quelqu’un sous le chien d’un pistolet, pour luy faire advoüer quelque chose.
On dit figurément, Serrer les poulces à un homme, pour dire, le Contraindre à force de tourments ou de menaces, à advoüer la verité. S’il n’advoüe tout, il luy faudra serrer les poulces.
On dit, Serrer le bouton à quelqu’un, pour dire, Le presser vivement sur quelque chose.
On dit figurément, Serrer les nœuds de l’amitié, pour dire, Rendre l’amitié plus estroite entre deux personnes. Cela a serré davantage les nœuds de leur amitié.
■ Serrer, signifie aussi, Joindre prés à prés. Serrez vos rangs. serrez vos files. Serre la file, Façon de parler ordinaire lorsqu’on veut faire avancer diligemment des troupes qui marchent.
Et on dit dans le mesme sens, Se serrer les uns contre les autres, pour dire, Se presser, s’approcher davantage les uns des autres. Serrez-vous l’un contre l’autre.
■ Serrer, se dit aussi de certaines choses, pour dire, mettre prés à prés. Vostre escriture n’est pas assez pressée, serrez-là davantage, serrez davantage vos lignes. Et on dit, Serrer les dents, pour dire, Presser la machoire d’en bas contre la machoire d’en haut.
On dit aussi, Serrer son style, pour dire, Retrancher ce qu’il y a de superflu dans le style.
On dit, Serrer quelqu’un de prés, pour dire, Le poursuivre vivement. Et Serrer l’esperon à un cheval, pour dire, Luy donner de l’esperon pour le faire aller à toute bride.
On dit, Serre la botte, pour dire, Aux Cavaliers d’un mesme rang, de s’approcher l’un de l’autre.
■ Serrer, veut dire aussi, Mettre quelque chose en lieu où il ne soit exposé ny à estre volé, ny à s’esgarer, ny à se gaster. Serrer des hardes. serrer quelque chose sous la clef, à clef. serrez vostre bourse, vostre argent. je ne sçay où j’ay serré ce papier. je vous l’ay donné à serrer. il faut serrer ces fruits, ces confitures en lieu sec.
On dit, Serrer les foins, serrer les bleds, pour dire, Les mettre à couvert dans le grenier, dans la grange.
Au jeu du trictrac, on dit, Serrer son jeu, pour dire, Le presser, ne pas l’estendre pour ne se pas descouvrir. Il serre son jeu. il serre trop son jeu.
■ Serrer, est aussi un terme de Manege dans cette phrase. Serrer la demie volte, qui signifie, Faire revenir un cheval avec justesse sur le terrein où il commence la demie volte.
■ Serré, ée. part. Il a les signific. de son verbe. Ce drap est bon, bien serré. le drap d’Espagne n’est pas si serré que le drap d’Angleterre. avoir un style serré.
On dit, Avoir le cœur serré, pour dire, Avoir le cœur saisi de douleur. A cette nouvelle il eut le cœur si serré, que. On dit aussi, Avoir le ventre serré, pour dire, N’aller pas librement à la garderobe.
On dit, qu’Un cheval est serré du devant, du derriere, pour dire, qu’Il est estroit du devant, du derriere.
On dit figurément, qu’Un homme est serré, pour dire, qu’Il est avare, qu’il a peine à donner du sien, qu’il despense avec peine.
On le dit aussi pour marquer qu’Il est caché, couvert, qu’il ne dit pas ce qu’il pense.
■ Serré, est quelquefois adverbe, & signifie, Bien fort ; & alors on le fait d’ordinaire preceder d’une de ces particules Bien, Si. Il a gelé bien serré cette nuit. il luy a donné sur les oreilles si serré, bien serré. un escolier à qui on a donné le foüet bien serré. Il est bas & populaire.
On dit vulgairement, Mentir bien serré, pour dire, Mentir fort impudemment. Il est bas & populaire.
On dit d’un homme qui ne joüe qu’à beau jeu, & qui ne hazarde pas volontiers, qu’Il joüe serré.
Au trictrac on appelle un jeu serré, un jeu qui n’est pas estendu, & qui ne se descouvre point. Voila un jeu bien serré. il a un jeu bien serré.
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