corne

3e édition

CORNE.

s. f.
■  Partie dure, qui sort de la tête de quelques animaux, & qui leur sert de défence p. 372& d’ornement. Grande corne. Petite corne. Corne lisse, ou lissée. Corne raboteuse, aiguë, pointue. Corne émoussée. Corne platte, torse, recourbée, canelée, recoquillée, tortillée. Les animaux qui ont des cornes, qui portent cornes, qui sont armez de cornes. Bêtes à cornes. Un jeune taureau à qui les cornes viennent, à qui les cornes poussent. Corne de taureau, de vache, de belier, de dain, de licorne, de rhinocéros, &c. Un taureau qui donne, qui frappe de la corne, qui est dangereux de la corne. Scier les cornes à un taureau, lui rembourrer les cornes. Le taureau l’enleva sur ses cornes. Le belier heurte de ses cornes. Prendre, attacher une bête par les cornes. Des ouvrages faits de corne. Tabatiére de corne. Un peigne de corne. Une lanterne de corne. Un couteau emmanché de corne, dont le manche est de corne.
On dit, Donner un coup de corne à un cheval, pour dire, Saigner un cheval à la machoire supérieure du palais, avec le bout d’une corne de cerf ou de chevreuil, pour lui donner de l’appétit.
■ Corne de cerf. On ne se sert jamais de cette expression en parlant du bois & de la tête d’un cerf, elle n’a d’usage que dans les phrases suivantes. L’enseigne de la corne de cerf. Un couteau emmanché de corne de cerf. De la raclure de corne de cerf. De la gelée de corne de cerf.
Corne de cerf, se dit aussi, d’Une espèce de plante dont on se sert dans la Médecine. Celle qui se cultive dans les jardins se mangent en salade.
On appelle aussi, Corne, La partie dure qui est au pied du cheval, du mulet, de l’âne, &c. En ce sens il ne se dit qu’au singulier. Ce cheval est difficile à ferrer, il a la corne mauvaise. Il a la corne bonne, la corne ferme, la corne dure, molle, sujette à s’éclater. Telle chose fait venir, fait croître la corne, endurcit, ramollit la corne.
On appelle, Corne d’abondance, ou Corne d’Amalthée, Une corne qu’on représente pleine de toutes sortes de fruits, & de fleurs, & que la Fable suppose avoir été arrachée ou de la tête de la chèvre Amalthée, qui avoit nourri Jupiter, ou de celle d’Acheloüs, lorsqu’étant transformé en Taureau, il fut vaincu par Hercule.
On appelle aussi, Cornes, Certaines pointes que les limaçons, quelques serpens, & quelques autres insectes portent sur la tête. Les limaçons montrent leurs cornes, resserrent leurs cornes. Les cerfs-volans ont des cornes.
On dit figur. qu’Un homme porte les cornes, qu’il a des cornes, pour dire, Que sa femme lui est infidéle.
On dit aussi, Faire les cornes à quelqu’un, pour dire, Faire par dérision avec deux doigts un signe qui représente les cornes. Il lui fit les cornes.
On dit figur. Montrer les cornes, pour dire, Se mettre en état de se défendre, & Lever les cornes, pour dire, Se mettre en état d’agir avec audace contre son Supérieur. Ces deux phrases ne sont que du style familier.
On dit prov. d’Un homme qui est fort surpris de quelque chose d’inopiné, qu’Il est aussi étonné que si les cornes lui venoient à la tête ; que si cornes lui venoient à la tête.
Dans un bonnet quarré tel que le portent les Ecclésiastiques, les Docteurs, les Magistrats, on appelle, Cornes, Certaines petites crêtes qui s’élèvent sur le bonnet. Un bonnet à trois cornes, à quatre cornes. Les cornes d’un bonnet quarré.
■ Corne, se dit aussi, De certaines pâtisseries faites à angle. Les cornes d’une talmouse, d’un pâté, d’un échaudé.
On appelle encore, Les pointes du croissant, Les cornes du croissant.
On appelle aussi, Le coin de l’Autel, La corne de l’Autel. Joab fut tué en tenant la corne de l’Autel.
En termes de Fortification, on appelle, Ouvrage à corne, Un ouvrage avancé hors du corps de la place, & qui consiste en une courtine & en deux demi-bastions.
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