dormir

4e édition

DORMIR.

v. n. Conjugaison : Je dors, tu dors, il dort. Nous dormons, vous dormez, ils dorment. Je dormois. Je dormis. Je dormirai. Dors. Qu’il dorme. Que je dormisse.
■  Reposer, être dans le sommeil. Dormir d’un profond sommeil. Dormir le jour, la nuit, ou de jour, de nuit. Il dort profondément.
On dit, Dormir d’un bon somme, de bon somme, pour dire, Dormir d’un sommeil tranquille. Et Dormir un bon somme, pour dire, Dormir long-temps. Dans cette dernière phrase il est actif.
On dit, Dormir la grasse matinée, pour dire, Ne se lever que bien tard. Et Dormir de jour, pour dire, Dormir pendant le jour.
On dit figurément, quand on veut penser à quelque affaire pour prendre son parti, qu’Il faut dormir dessus.
On dit proverbialement & figurément, Qui dort dîne, pour dire, Que le sommeil tient lieu de nourriture.
■ Dormir, signifie figurément, Agir négligemment, laisser perdre ses droits faute d’agir.
On dit en matière féodale, que Quand le vassal dort, le Seigneur veille, & que Le vassal veille quand le Seigneur dort, pour dire, que Quand l’un des deux néglige d’user de ses droits, l’autre en profite.
On dit fig. qu’Un homme ne dort pas, pour dire, que Non-seulement il ne néglige pas ses intérêts, mais aussi qu’il cherche à se prévaloir de toutes les occasions dont il peut profiter.
On dit prov. & fig. qu’Il ne faut pas réveiller le chat qui dort, pour dire, qu’Il ne faut pas renouveler une méchante affaire qui paroît assoupie.
On dit proverbialement Des discours ennuyeux, & qui ne méritent point d’attention, que Ce sont des contes à dormir debout.
Les enfans disent, que Leur toupie, que leur sabot dort, Lorsque la toupie, que le sabot tourne d’un mouvement si vîte, qu’il est imperceptible.
On dit prov. & fig. Dormir comme un sabot, pour dire, Dormir profondément, & sans aucun mouvement.
On dit, qu’On laisse dormir un ouvrage, pour dire, qu’On le garde pendant quelque temps, afin de l’examiner plus à loisir.
On dit, qu’On laisse dormir une affaire, pour dire, qu’On ne la poursuit pas, qu’on ne la réveille pas.
■ Dormir, se dit figurément Des eaux qui n’ont point de mouvement, ou dont le mouvement est imperceptible. Il fait bon pêcher aux endroits où l’eau dort.
On dit proverbialement, Il n’y a point de pire eau que celle qui dort, pour dire, qu’Il n’y a point de gens plus dangereux que ceux qui ne font pas paroître leur mauvaise volonté, leur haine, ou qui sont taciturnes, mornes, mélancoliques.
On dit prov. en parlant d’Un homme à qui quelque bonne fortune arrive quand il y pense le moins, que Les biens lui viennent en dormant.
On dit, en parlant d’un usage pratiqué en certaines Provinces, Laisser dormir Noblesse, Lorsqu’un Gentilhomme qui veut faire commerce, déclare, pour ne point perdre sa Noblesse, qu’il n’entend faire le commerce que durant un certain temps.
■ Dormir, s’emploie quelquefois substantivement. Cela l’occupe à tel point, qu’il en perd le dormir.
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