moi

4e édition

MOI.

s. de t. g.
■  Pronom de la première personne, & dont Nous est le pluriel. On voit par cette définition, que Moi est un parfait synonyme réel de Je & de Me ; mais ce n’est pas un synonyme grammatical, puisqu’il s’emploie différemment, & que dans aucuns cas il ne peut être remplacé ni par Je ni par Me. Voilà ce qui sera éclairci par le détail suivant.
Moi, est l’opposition de Je, soit qu’il vienne après le verbe, comme dans ces phrases, Je dis moi. Je prétends moi : soit qu’il précède Je & le verbe, comme dans ces phrases, Moi je dis. Moi je prétends. Moi, dont il déchire la réputation, je ne lui ai jamais rendu que de bons offices. Moi, à qui il fait tant de mal, je cherche toutes les occasions de le servir. Moi, ne songeant à rien, j’allai bonnement lui dire....
Quelquefois Je ne paroît point, mais il est sous-entendu. Moi, trahir le meilleur de mes amis ! Faire une lâcheté, moi ! Phrases elliptiques, où il est aisé de suppléer, Je voudrois ! Je pourrois !
Moi, se met de même par opposition devant ou après Me. Voudriez-vous me perdre, moi votre allié ? Moi, vous me soupçonneriez de…
Il se met aussi par apposition avec Nous, lorsqu’il est accompagné d’un autre nom ou pronom. Vous & moi nous sommes contens de notre sort. Nous irons à la campagne lui & moi. Il est venu nous voir mon frère & moi. Dans ces phrases, Moi & le nom ou pronom qui lui sont joints, sont tout ensemble l’apposition & l’explication de Nous. Et il faut observer que Moi étant joint à un autre nom ou pronom, ne doit paroître qu’en second, Vous & moi, un tel & moi, à moins que le nom auquel il est joint, ne soit celui d’une personne très-inférieure. Ainsi un père dira, Moi & mon fils. Un maître, Moi & mon laquais.
■ Moi, est encore une sorte d’apposition qui détermine les pronoms indéfinis, Ce & Il. C’est moi qui vous en réponds. Qui fut bien aise, ce fut moi. Il y aura lui & moi d’un tel avis. Que vous reste-t-il ? Moi.
Après une préposition, il n’y a que Moi qui puisse être le pronom de la première personne. Vous servirez-vous de moi ? Pense-t-on à moi ? Ils auront affaire de moi. Cela vient de moi. Cela est à moi. Cela est pour moi. Je prends cela pour moi. Selon moi, vous avez raison. Vous serez remboursé par moi.
Il en est de même après une conjonction. Mon frère & moi. Mon frère ou moi. Mon frère aussi-bien que moi. Ni mon frère ni moi. Personne que moi.
Quand le verbe est à l’impératif, & que le pronom qu’il régit n’est point suivi de la particule En, c’est Moi qu’il faut employer après le verbe, soit comme régime simple, Louez-moi, récompensez-moi ; soit comme régime composé, où la préposition À est sous-entendue. Rendez-moi compte. Dites-moi la vérité. Et alors Moi se joint au verbe par un trait qu’on nomme division.
Quelquefois, mais dans le discours familier seulement, il se met par redondance, & pour donner plus de force à ce qu’on dit. Faites-moi taire ces gens-là. Donnez-leur-moi sur les oreilles.
■ À moi. Sorte d’exclamation, pour faire venir promptement quelqu’un auprès de soi. À moi, à moi Soldats.
■ De vous à moi. Façon de parler, dont on se sert pour témoigner à quelqu’un qu’on lui parle avec sincérité, mais qu’il garde le secret. De vous à moi, c’est un pauvre homme. De vous à moi, c’est un homme qui ne mérite pas l’opinion qu’on a de lui. De vous à moi, je ne crois pas que la chose réussisse.
■ Quant à moi. Autre façon de parler, dont on se sert pour donner plus d’emphase à ce qu’on dit. Vous en direz ce qu’il vous plaira ; quant à moi, je sais bien ce qui en est. Il n’est guère en usage. On dit simplement, Pour moi je sais bien....
On dit proverbialement & figurément, Se mettre sur son quant à moi, pour dire, Prendre un air fier. On lui a dit une telle chose, il s’est mis sur son quant à moi. Il est ironique.
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