ouvrir

4e édition

OUVRIR.

v. a. Conjugaison : J’ouvre, tu ouvres, il ouvre. Nous ouvrons, &c. J’ouvrois. J’ouvris. J’ouvrirai. Ouvre. Ouvrez. Que j’ouvre. Que j’ouvrisse. J’ouvrirois, &c.
■  Faire que ce qui étoit fermé ne le soit plus. Ouvrir une porte. Ouvrir une armoire. Ouvrir un coffre. Ouvrez ces fenêtres. Ouvrir une chambre. Ouvrir un jardin. Cette clef ouvre plusieurs serrures. Ouvrir un cadenas. Ouvrir une lettre. Ouvrir un livre. Ouvrir un chemin.
Il se met quelquefois absolument, pour dire, Ouvrir la porte. Qui est là ? Ouvrez, c’est un tel. Ouvrirai-je ? On va commencer l’Audience, on a ouvert. Et absolument encore on dit, Les Marchands n’ouvrent point les jours de Fête, pour dire, N’ouvrent point leurs boutiques, n’étalent point les jours de Fête.
On dit, Ouvrir boutique, pour dire, Commencer à tenir boutique. Ouvrir les ports, les mers, les chemins, pour dire, Les rendre libres. S’ouvrir un passage, pour dire, Se faire passage.
On dit, qu’Un remède ouvre le ventre, pour dire, qu’Il lâche, qu’il débouche le ventre ; & qu’Un mets, qu’un aliment ouvre l’appétit, pour dire, qu’Il donne de l’appétit.
On dit, Ouvrir les bras, pour dire, Étendre les bras ; &, Ouvrir les jambes, pour dire, Les écarter, ne les tenir pas serrées. Ce jeune garçon n’ouvre pas assez les jambes, il ne dansera pas bien.
On dit figurément, qu’Un homme n’ose ouvrir la bouche, pour dire, qu’Il n’ose parler ; qu’Il commence à ouvrir les yeux, pour dire, qu’Il commence à voir, à découvrir des choses qu’il avoit ignorées auparavant, pour n’y avoir pas fait d’attention ; & qu’On a ouvert les yeux à quelqu’un sur quelque chose, pour dire, qu’On lui a donné sur cela des lumières, des connoissances qu’il n’avoit pas auparavant.
On dit, que Le Pape ouvre la bouche aux Cardinaux nouvellement créés, en parlant de la cérémonie qu’il fait pour leur donner le pouvoir de parler dans les Consistoires.
On dit aussi figurément & familièrement d’Une personne qui par le motif de quelque intérêt commence à écouter favorablement la proposition qu’on lui fait, qu’Il ouvre les oreilles ; & qu’On ouvre de grandes oreilles, pour dire, qu’On écoute avec surprise, avec une grande curiosité.
On dit figurément, Ouvrir la porte aux désordres, aux abus, pour dire, Donner lieu, donner occasion aux abus, aux désordres. Ouvrir sa bourse à quelqu’un, pour dire, Lui offrir de l’argent. Ouvrir son cœur à quelqu’un, pour dire, Lui confier ses plus secrets sentimens. Et, S’ouvrir à quelqu’un, pour dire, Lui déclarer ce qu’on pense sur quelque chose. Il ne s’étoit jamais ouvert de cela à personne. Il faut que je m’ouvre à vous. Ce Juge s’est trop ouvert. Il est bien dissimulé, il ne s’ouvrira pas.
On dit figurément, Ouvrir l’esprit, pour dire, Rendre capable de mieux connoître, de mieux penser, de mieux raisonner, de mieux comprendre. Ces deux ou trois ans d’étude lui ont ouvert l’esprit. Les emplois lui ont ouvert l’esprit. Les voyages, les conversations, l’usage du monde ouvrent beaucoup l’esprit.
■ Ouvrir, signifie aussi, Entamer, fendre, faire une incision, percer. Ouvrir un corps mort. Ouvrir un abcès. Ouvrir la veine. Il lui fallut ouvrir la tête.
En termes de Maréchallerie, on dit, Ouvrir les talons d’un cheval, pour dire, Percer le pied d’un cheval. Il faut ouvrir les talons à plat, & non en creusant.
On dit dans la même acception, Ouvrir un melon. Ouvrir un pâté. Ouvrir des huîtres.
■ Ouvrir, signifie aussi, Commencer à creuser, commencer à fouiller. Ouvrir la tranchée. Ouvrir la terre pour faire un fossé. Ouvrir une mine. Ouvrir une carrière, pour dire, Commencer à en tirer de la pierre.
■ Ouvrir, se dit figurément pour Commencer. Ouvrir la campagne par un siége, par une bataille. Ouvrir les États. Ouvrir le Parlement. Ouvrir la dispute. Ouvrir le Jubilé. Dans cette pièce, c’est un tel personnage qui ouvre la scène. Un tel Seigneur a ouvert la lice dans le carrousel. Et en ce sens il est quelquefois neutre. Le Parlement ouvre tous les ans à la Saint Martin. La campagne ouvrira de bonne heure cette année-ci.
On dit, Ouvrir un avis, pour dire, Être le premier à proposer un avis dans une délibération. Ce fut un tel Conseiller qui ouvrit cet avis. Cet homme étoit d’une humeur sévère, il ouvroit toujours les avis les plus rigoureux. Quand cet avis fut ouvert, tout le monde s’y rangea.
On dit aussi au Brelan & aux autres jeux de renvi, Ouvrir le jeu, pour dire, Faire la première vade.
■ Ouvrir, est aussi neutre. Cette porte n’ouvre jamais. Les boutiques n’ouvrent point les jours de Fête.
Il est aussi réciproque. Cette porte ne s’ouvre pas aisément. Les tombeaux s’ouvrirent à la mort de Notre Seigneur. La terre s’ouvrit pour engloutir Coré, Dathan & Abiron. La mer rouge s’ouvrit pour laisser passer les Israëlites.
On dit, que Les fleurs s’ouvrent au Soleil, pour dire, qu’Elles s’épanouissent.
On dit aussi, que La foule, que la presse s’ouvrit devant quelqu’un, pour dire, que La foule, que la presse se serra de côté & d’autre, pour le laisser passer. On dit, en parlant à la multitude, Ouvrez-vous devant le Roi. Le bataillon s’ouvrit pour laisser tirer l’artillerie.
■ Ouvert, erte. participe. Porte ouverte. Livre ouvert. Recevoir à bras ouverts. Parler à cœur ouvert. C’est un homme ouvert. Il a l’ame ouverte à la joie. J’avois la bouche ouverte pour vous le dire. Dormir les yeux ouverts. Dès qu’il a les yeux ouverts, il demande à manger. Il a l’appétit ouvert dès le matin.
On dit, Chanter, jouer d’un instrument à livre ouvert, pour dire, Chanter, exécuter toutes sortes de pièces de musique sur la note, sans les avoir étudiées auparavant. Expliquer un Auteur à livre ouvert, pour dire, Entendre parfaitement un Auteur. Tenir table ouverte, pour dire, Tenir une table de plusieurs couverts, où l’on reçoit ceux qui se présentent, même sans avoir été priés.
On dit, qu’Un port est ouvert à tous les Étrangers, pour dire, qu’Ils peuvent venir y commercer librement & avec sureté ; & que La porte d’une maison est ouverte à tous les honnêtes gens, pour dire, que Tous les honnêtes gens y sont bien reçus.
On dit, que Le pari est ouvert, pour dire, que Chacun est reçu à parier, & qu’on est prêt de parier contre qui voudra.
On dit, qu’Un pays est ouvert, pour dire, qu’Il n’y a ni rivières, ni montagnes, ni places fortes qui empêchent d’y entrer ; qu’Une ville est ouverte, pour dire, qu’Elle n’est point fortifiée ; & qu’Un homme a le visage ouvert, qu’il a la physionomie ouverte, pour dire, qu’Il a l’air d’être franc & sincère.
On dit aussi, qu’Un cheval est bien ouvert, pour dire, qu’Il est bien traversé, qu’il a les jambes & principalement celles de devant, éloignées comme il faut l’une de l’autre.
On dit, qu’Une succession, qu’une substitution est ouverte, qu’elle est ouverte à quelqu’un, au profit de quelqu’un, pour dire, qu’Il est en état de recueillir la succession, d’entrer en jouissance de la chose substituée. Et on dit, qu’Un fief est ouvert en faveur du Seigneur, faute de droits non payés, ou de devoirs non rendus par le vassal, pour dire, que Dans ces sortes de cas le Seigneur est en droit de saisir féodalement, & de jouir du fief de son vassal.
On appelle en termes de Commerce, Compte ouvert, Celui qui n’est point arrêté, & auquel on ajoute journellement des articles.
On dit, Guerre ouverte, pour dire, Guerre déclarée. Et, À force ouverte, pour dire, Les armes à la main. Il est entré à force ouverte dans le pays ennemi. On dit aussi, Tranchée ouverte. La place ne capitula qu’au bout de deux mois de tranchée ouverte.
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