perte

4e édition

PERTE.

s. f.
■  Privation de quelque chose d’avantageux, d’agréable, ou de commode, qu’on avoit. Grande perte. Perte légère. Perte de biens. La perte totale de ses biens. La perte de la vie. La perte de l’honneur. La perte de la parole. La perte de la vue. La perte de la grâce de Dieu. La perte des bonnes grâces de quelqu’un. Après la perte de ses proches. La perte de ses amis.
Faire une perte, une grande perte, se dit, tant De la perte qu’on a faite de ses proches ou de ses amis, que de celle qu’on fait de son argent. Ainsi on dit à un homme à qui on fait compliment sur la mort de quelqu’un de ses proches, Je prends part à la perte que vous avez faite, & absolument, à votre perte. C’est une grande perte que la mort d’un ami. Il a fait de grandes pertes au jeu.
En parlant De l’argent qu’on perd au jeu, on dit, Être en perte de dix pistoles, de vingt pistoles, pour dire, Perdre dix pistoles, vingt pistoles. Quand je suis sorti, il étoit en perte de tant, & absolument, il étoit en perte.
On dit aussi, Se retirer sur sa perte, pour dire, Quitter le jeu quand on perd.
La même chose se dit figurément d’Un homme qui se retire du commerce du monde ou des affaires, après un mauvais succès.
On appelle Perte de sang, Une maladie qui survient quelquefois aux femmes. Elle est sujette à des pertes de sang, à de grandes pertes de sang. Et dans cette acception on dit absolument, qu’Une femme est sujette à des pertes, à de grandes pertes.
On appelle Perte d’esprits, Une grande dissipation d’esprits.
■ Perte, signifie aussi Dommage. Perte considérable, inestimable, irréparable. Il y auroit trop de perte pour moi. Il a souffert de grandes pertes depuis peu. Quand il mourroit, il n’y auroit pas grand’perte.
Il signifie encore, Ruine dans les choses qui regardent le gouvernement, la fortune, la morale. Perte totale. Perte irréparable. Ce seroit la perte des affaires. Il pensa être cause de la perte de l’État. La perte de sa fortune est venue de là. C’est lui seul qui est la cause de la perte de sa famille. Ce qu’il a entrepris sera sa perte. Courir à sa perte.
On dit, La perte de l’ame, pour dire, La damnation éternelle.
■ Perte, se dit aussi d’Un mauvais succès, d’un événement désavantageux dans une affaire, dans une entreprise, &c. Ainsi l’on dit, La perte d’une bataille. La perte d’un procès. La perte d’une gageure.
On appelle Perte de temps, Le mauvais usage, ou l’emploi inutile que l’on fait du temps. Voilà une grande perte de temps.
■ À perte. Façon de parler adverbiale, pour dire, Avec perte. Ainsi on dit, Vendre à perte, pour dire, Perdre sur la marchandise que l’on vend.
■ À perte de vue. Façon de parler dont on se sert en parlant d’une vue si étendue, qu’il est impossible de distinguer les objets qui la terminent. Une allée à perte de vue.
On dit figurément, Raisonner, discourir à perte de vue, pour dire, Faire des raisonnemens vains & vagues, & qui n’aboutissent à rien.
On dit, Courir à perte d’haleine, pour dire, Courir en sorte que l’haleine vienne presque à manquer.
■ En perte, En pure perte. On dit, que La Charge d’un homme est tombée en perte de finance, en pure perte, Lorsque celui qui la possédoit étant mort sans avoir payé la paulette, la Charge est perdue pour ses héritiers. On dit aussi, Dans la poursuite du procès qu’il a gagné, il a fait beaucoup de frais en pure perte, qui sont tombés en pure perte, pour dire, qu’Ils ne lui seront pas remboursés. Et on dit, Tout ce qu’il a fait dans cette entreprise lui est tourné en pure perte, pour dire, Ne lui a causé que du dommage.
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