perte

PERTE

nom féminin
Étymologie : xie siècle. Issu du latin perdita, « chose perdue », forme féminine substantivée du participe passé passif de perdere, « perdre ».

I.

I. Le fait de perdre quelqu’un ou quelque chose, d’en être privé.
1.  Par la mort ou la séparation. La perte d’un ami, d’un proche. Une perte cruelle. La perte d’un amant. Rien ne pourra le consoler de cette perte.
▪  Spécialement. Au pluriel. Ensemble des personnes tuées, blessées ou disparues lors d’une bataille, d’une guerre, lors d’un conflit, d’une catastrophe. Les pertes humaines de la Seconde Guerre mondiale. Cet assaut a causé de lourdes pertes à l’ennemi. Pertes civiles.
2.  Par la disparition, la destruction de ce que l’on possédait, de ce dont on avait la jouissance. La perte totale de ses biens. Il a été indemnisé pour la perte de son mobilier lors de l’incendie. La perte de territoires, de colonies.
▪  Des pertes d’argent ou, simplement, des pertes. Il a essuyé de grosses pertes en Bourse, au jeu. Le montant de ses pertes s’élève à plusieurs milliers d’euros. Être en perte de telle somme, l’avoir perdue au jeu. Les pertes d’une entreprise. Perte sèche, qui n’est compensée par aucun bénéfice. Vente à perte, pratique consistant à revendre un produit en l’état à un prix inférieur à son prix d’achat ou de revient. Travailler à perte, sans couvrir ses dépenses par ses recettes. Compte de profits et pertes, tableau qui enregistrait les pertes et les profits relatifs à des exercices antérieurs ou étrangers à l’activité ordinaire de l’entreprise et dont le solde servait à équilibrer l’actif et le passif d’un bilan. Le compte de profits et pertes est maintenant intégré au compte de résultat. Passer une créance au compte de pertes et de profits ou, elliptiquement, aux pertes et profits, la considérer comme définitivement perdue. Expr. fig. et fam. Passer quelque chose par pertes et profits ou par profits et pertes, y renoncer sans regrets excessifs.
▪  Par extension. En parlant d’un avantage moral, d’une position acquise. La perte de l’autorité parentale. La perte de la liberté. Une perte d’influence. La perte d’un emploi.
▪  Loc. et expr. En pure perte, sans recueillir aucun avantage, inutilement. Il a fait tous ces efforts en pure perte. À perte et à croît, voir Croît. Par litote, fam. Ce n’est pas une grosse, une grande perte, se dit de quelque chose ou de quelqu’un dont la disparition cause peu de désagrément, de regret.
3.  Par une atteinte de l’intégrité physique ou mentale. La perte d’une jambe. Perte de poids inquiétante. La perte de la vue, de l’ouïe. La perte du sommeil, de la motricité. Une perte de connaissance, un évanouissement. Le coma est une perte prolongée de conscience. Une perte d’assurance, de confiance en soi. La perte de ses illusions, de ses derniers espoirs.
▪  Par extension. En parlant d’animaux, de végétaux ou de choses. La perte annuelle des bois chez les Cervidés. La perte d’éclat d’une pierre précieuse. La perte d’adhérence d’un pneu.
▪  Loc. À perte d’haleine (vieilli), jusqu’à perdre la respiration (on dit plutôt À perdre haleine). À perte de vue, si loin que la vue ne permet plus de distinguer les objets. Fig. et fam. Discourir, raisonner à perte de vue, de façon interminable, sans aboutir à quelque conclusion.
▪  Spécialement. Marque de domaine : médecine. Au pluriel. Pertes de sang ou, elliptiquement, pertes, écoulement menstruel anormalement abondant. Pertes blanches, syn. usuel de Leucorrhée.

II.

II. Le fait de laisser échapper ce dont on disposait.
1.  Parce qu’on l’a égaré. Faire une déclaration de perte.
2.  Parce qu’on n’a pu le conserver, le retenir. Une perte d’altitude, de vitesse. Une perte de gaz dans un conduit. Des pertes d’eau par évaporation. Par métonymie. Perte d’un cours d’eau, lieu où un cours d’eau disparaît, totalement ou partiellement, dans le sous-sol, pour réapparaître plus loin. La perte du Rhône. Les pertes du Doubs.
▪  Loc. fig. En perte de vitesse, en recul, en déclin. Un secteur économique en perte de vitesse.
▪  Par extension. La perte des avantages acquis.
3.  Par un mauvais emploi, un gaspillage. Voilà une grande perte de temps. Quelle perte de place !

III.

III. Le fait de ne pas l’emporter sur un adversaire.
La perte de son procès, de son pari. La perte du dernier match leur a coûté le titre.
▪  Expr. Se retirer sur sa perte, quitter le jeu quand on perd et, fig. (rare), se retirer du monde ou des affaires après un échec.

IV.

IV. Ruine, anéantissement.
Ce qu’il a entrepris sera cause de sa perte, causera sa perte. Courir à sa perte. Jurer la perte d’un ennemi. La perte des récoltes est due à la sècheresse. La perte d’un navire.
▪  Spécialement. La perte de l’âme, la damnation éternelle.
▪  Loc. adv. Avec perte et fracas ou Avec pertes et fracas, en occasionnant de graves dommages et, fig., d’une façon expéditive et brutale, sans ménagement.
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