sujet, ette

4e édition

[I.] SUJET, ETTE.

adj.
↪ voir aussi : [II.] Sujet (n. m.)
■  Soumis, astreint, qui est dans la dépendance. Nous sommes tous sujets aux lois & aux coutumes des pays où nous naissons. Une femme est sujette à son mari. Un fils est sujet à son père. Une fille est sujette à sa mère. Je ne veux point être sujet à ces conditions-là.
Il signifie aussi, Être obligé à supporter quelques charges, & à payer certains droits. Il est sujet au logement des gens de guerre, sujet à la taille, sujet à telles corvées. Il est sujet à un tel devoir, à une telle rente.
Il signifie aussi, Qui est astreint à quelque nécessité inévitable. Tous les hommes sont sujets à la mort. La nature humaine est sujette à beaucoup d’infirmités.
On dit, Être sujet à l’heure, pour dire, Être obligé de se rendre exactement en quelque endroit à certaine heure précise. On dit proverbialement dans le même sens, Être sujet à un coup de marteau.
■ Sujet, s’emploie aussi absolument. Ainsi on dit, qu’Un Maître tient ses domestiques fort sujets, pour dire, qu’Il exige d’eux un service fort assidu ; qu’Un père tient son fils de court, & fort sujet, pour dire, qu’Il ne lui laisse presque aucune liberté ; &, qu’Une femme est fort sujette auprès de son mari, pour dire, qu’Elle se tient continuellement auprès de lui. Il est du style familier.
En ce sens, on dit d’Un emploi, d’un métier qui oblige à une grande assiduité, que C’est un emploi où il faut être extrêmement sujet : & absolument, que C’est un emploi fort sujet, pour dire, que C’est un emploi fort assujettissant. Ce dernier est populaire.
■ Sujet, signifie encore, Qui a accoutumé de faire quelque chose, qui s’y trouve porté par inclination ou par habitude. Il est sujet à boire, à s’enivrer.
On dit dans la même acception, Être sujet au vin, sujet à sa bouche, sujet aux femmes, sujet à ses fantaisies. Être sujet à ses goûts, sujet à ses plaisirs, à ses passions.
On dit, que Les hommes les plus parfaits sont sujets à faillir, pour dire, qu’Il n’y a point d’homme si parfait qui ne fasse quelque faute.
On dit, Être sujet à de grandes maladies, sujet à la goutte, à la gravelle, à la migraine, être sujet aux vapeurs, être sujet à tomber du haut mal, pour dire, Être souvent attaqué de grandes maladies, avoir souvent la fièvre, la migraine, &c.
■ Sujet, se dit à peu près dans le même sens, De plusieurs choses différentes. Ce pays est sujet aux inondations, aux tremblemens de terre. Cette vallée est sujette aux ravines. Ces couleurs sont sujettes à changer.
On dit, qu’Une démarche est sujette à bien des inconvéniens, qu’une entreprise est sujette à bien des difficultés, pour dire, qu’Il y a des inconvéniens à faire une démarche, qu’il y a bien des difficultés à surmonter pour réussir dans une entreprise. On dit aussi, qu’Un passage est sujet à plusieurs interprétations différentes, pour dire, qu’Il est susceptible de différentes interprétations.
On dit proverbialement d’Un homme auquel il ne faut pas trop se fier, qu’Il est sujet à caution.
■ Sujet, est aussi substantif, & signifie, Celui qui est sous la domination d’un Roi, d’une République, ou de quelque autre Souverain. Il est né Sujet du Roi. C’est un Prince qui aime ses Sujets. En prenant des Lettres de naturalité, on devient Sujet de l’État où l’on se fait naturaliser. Les Sujets de la République de Venise, des Suisses, &c.
Il se dit quelquefois par extension & abusivement, en parlant De ceux qui sont dans la dépendance d’un Seigneur Haut-Justicier. Un tel Seigneur a plus de cinq cents Sujets dans sa Paroisse.
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