mêler

5e édition

MÊLER.

v. a.
■  Brouiller ensemble plusieurs choses. Mêler des grains ensemble. Mêler des drogues. Mêler des couleurs. Mêler l’eau avec le vin. Mêler l’or avec l’argent. Mêler diverses sortes de fleurs dans un bouquet. Mêler les lis avec les roses. Mêler du cuivre dans de l’argent. La Marne mêle ses eaux avec celles de la Seine. J’ai mêlé mes livres, mes papiers, ensorte que je ne puis plus trouver ce que je cherche.
On dit, Mêler le vin, pour dire, Mêler des vins de diverses sortes ensemble, frelater le vin.
On dit, Mêler du fil, mêler des écheveaux, pour dire, Les brouiller ensemble de telle sorte qu’on ne les puisse aisément dévider ou séparer. On dit dans le même sens, Mêler la fusée.
On dit, Se mêler dans la foule, se mêler parmi les ennemis, pour dire, S’engager dans la foule, s’engager au milieu des troupes ennemies.
On dit aussi, que Des troupes se sont mêlées l’épée à la main, pour dire, qu’Elles sont entrées les unes dans les autres l’épée à la main.
On dit en termes de Jeu, Mêler les cartes, et simplement Mêler, pour dire, Battre les cartes. Mêlez les cartes. C’est à vous à mêler.
On dit aussi figurément et familièrement, Mêler les cartes, pour dire, Embrouiller les affaires. Il a bien mêlé les cartes.
On dit, Mêler une serrure, pour dire, Fausser quelque pièce, quelque ressort d’une serrure, en sorte que la clef ne puisse ouvrir.
On dit, qu’On a mêlé un homme dans une accusation, pour dire, qu’On l’y a compris ; et qu’Il est mêlé dans une mauvaise affaire, pour dire, qu’Il y est. Et lorsqu’un homme veut témoigner à un autre qu’il n’est pas bien aise qu’il parle de lui comme il fait, il dit, Je vous prie de ne me point mêler dans vos discours, dans vos caquets. Ce dernier est du discours familier.
■ Mêler, se dit figurément Des choses morales ; et alors il ne signifie que Joindre, unir une chose avec une autre. Il sait mêler à propos la douceur à la sévérité. Cet Auteur a mêlé l’agréable et l’utile dans tous ses ouvrages.
En parlant de certains animaux de diverses espèces qui s’accouplent les uns avec les autres, on dit, qu’Ils se mêlent ensemble.
On dit, Se mêler de quelque chose, pour dire, S’occuper de choses qui ne sont pas de la profession qu’on a embrassée. Il est Médecin, et il se mêle de médailles. Il est homme de guerre, et il se mêle de peindre, de tourner, il se mêle de Chimie. Mêlez-vous de votre métier.
On dit figurément et familièrement, p. 86d’Un homme qui s’adonne à des choses pour lesquelles il peut être repris de Justice, qu’Il se mêle d’un méchant métier.
On dit aussi, Se mêler de quelque chose, pour dire, En prendre soin. Il a toujours réussi dans toutes les choses dont il s’est mêlé. Je ne me mêlerai plus de vos affaires. Se mêler d’un accommodement.
■ Se mêler, signifie encore, S’entremettre, s’ingérer mal-à-propos. Il se mêle toujours de ce qui ne le regarde pas. De quoi vous mêlez-vous ? Ne vous mêlez pas de ce qui me regarde, mêlez-vous de vos affaires. Il se mêle de juger ce qu’il ne connoît pas. Il ne se mêle de rien. Il veut se mêler d’intrigues.
On dit proverbialement d’Une chose qu’il n’est pas possible de faire, qu’Elle se fera si le diable s’en mêle ; et d’Une chose qui aura lieu malgré tous les obstacles, Cela se fera, quand le diable s’en mêleroit.
On dit aussi absolument et familièrement, Il aime à se mêler.
■ Mêlé, ée. participe. On dit Une compagnie mêlée, pour dire, Une compagnie moitié bonne, moitié mauvaise.
On dit dans le style familier, en parlant d’une Compagnie composée de personnes de différens états, de différens caractères, que C’est marchandise mêlée. Il se dit aussi en parlant d’Une personne qui rassemble de bonnes et de mauvaises qualités.
On dit familièrement d’Un homme qui, pour avoir trop bu, articule mal, qu’Il a les dents mêlées.
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