nu, nue

5e édition

NU, NUE.

adjectif.
■  Qui n’est point vêtu, qui n’est couvert d’aucune chose. Il ne se dit proprement que de l’homme. Un homme nu. Une femme nue. Tout nu. Toute nue. Il s’étoit déshabillé, il étoit tout nu. Il l’a dépouillé et l’a mis tout nu. Il l’a mis nu comme la main, aussi nu qu’il est sorti du ventre de sa mère. Les Sauvages vont tout nus Il avoit la tête nue. Il étoit nu-tête, nu-jambes. Il lui parle nu-tête. Il lui parle tête nue. Il a été condamné à faire amende honorable tête nue, etc. Il alloit pieds nus. La gorge nue. Les bras nus. Jambes nues. Nu comme un ver.
On dit, qu’Un homme va nu-pieds, nu-jambes, nu-tête, pour dire, qu’Il va les pieds nus, les jambes nues, la tête nue.
Et l’on dit aussi substantivement, familièrement et figurément, Un va-nu-pieds, pour dire, Un gueux, un misérable.
On dit, Nu en chemise, pour dire, N’ayant sur soi que sa chemise.
Et on dit par exagération, qu’Une personne est toute nue, pour dire, qu’Elle a de méchans habits tout déchirés, ou qu’elle n’est pas assez habillée pour la bienséance, ou pour la saison ; et fig. d’Un homme qui étoit sans bien, et à qui l’on a prodigué les bienfaits, Il étoit arrivé tout nu ; je l’ai pris tout nu.
■ Nu, se dit aussi d’Un cheval, lorsqu’on le vend ou qu’on l’achète sans selle ni bride. Ce cheval-là tout nu me coûte cent pistoles. La selle et la bride n’en sont pas, je vous le vends tout nu.
On le dit par extension, De certaines choses. Ainsi on dit, Une épée nue, pour dire, Une épée hors de son fourreau ; Une muraille nue, pour dire, Une muraille qui n’est point couverte de tapisserie, ni d’autre chose.
■ Nu, signifie figurément, Sans déguisement, et il se met ordinairement avec Tout. C’est la vérité toute nue. Il lui a montré son âme toute nue. On ne s’en sert guère que dans ces phrases, et dans le féminin.
Il signifie aussi figurément, Qui est sans ornement. Vous ne voulez ni dentelles, ni boutons, ni ganses, ni rubans sur votre habit, cela sera bien nu. Il n’y a nul ornement à la bordure de ce tableau, elle est trop nue. Il faudroit quelque enrichissement à ce portrait, il est trop nu.
On dit aussi, Un sujet, une composition nue, pour dire, Un sujet, une composition qui ne présente pas un nombre d’objets suffisant.
■ Nu, est quelquefois employé substantivement, et signifie en termes de Peinture et de Sculpture, Les figures non drapées, ou les parties des figures qui ne sont pas drapées. Ces figures sont bien dessinées, la draperie suit bien le nu. Il faut que la draperie n’empêche pas de voir le nu. Le nu de cette figure n’est pas correct. Ce Sculpteur a l’art de draper, mais il est foible quand il traite le nu.
On dit en termes d’Architecture, Le p. 171au du mur, pour dire, L’endroit du mur où il n’y a point d’ornemens qui excèdent. Voilà le nu du mur, c’est où il en faut mesurer l’épaisseur.
■ Nus, s’emploie substantivement au pluriel dans cette phrase, Vêtir les nus, pour dire, Donner des habits à ceux qui n’ont pas de quoi en avoir. C’est une des œuvres de miséricorde que de vêtir les nus.
On dit en Astronomie, en Physique, Observer quelque chose à l’œil nu, c’est-à-dire, Sans lunette, ou sans microscope.
■ À nu. phr. adv. À découvert. Il se dit Des choses qui sont ordinairement couvertes. Toucher un bras à nu. Toucher le corps à nu.
On dit, Monter un cheval à nu, ou à dos nu, pour dire, Monter dessus sans selle.
On dit figurément, Découvrir, faire voir son cœur à nu, pour dire, Ne rien cacher de ce qu’on a dans le cœur.
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