percer

5e édition

PERCER.

v. a.
■  Faire une ouverture. Percer un ais, un morceau de bois. Percer un mur. Cette femme s’est fait percer les oreilles pour mettre des boucles. Percer de part en part. Percer d’outre en outre. Il reçut un coup de lance qui lui perça l’estomac. Le coup perçoit le crâne. Le coup perce la capacité de l’estomac.
En parlant d’Un homme qui a reçu plusieurs blessures, on dit, qu’On l’a percé de coups.
On dit par exagération, d’Un homme ou d’un animal fort maigre, que Les os lui percent la peau.
Percer, en parlant d’un muid de vin, signifie, Faire une ouverture au muid pour en tirer le vin. Percer un muid de vin, un demi-muid, une feuillette.
On dit aussi absolum. Percer du vin, pour dire, Percer une pièce de vin. Ce vin n’est pas bon, il en faut percer un autre, percer d’un autre. Percer du vin au-dessus ou au-dessous de la barre. Il a fait percer son meilleur vin pour régaler ses amis.
Percer, signifie encore, Pénétrer. La pluie a percé tous ses habits. Son manteau fut tout percé de l’orage. La pluie a percé la terre d’un pied. La pluie ne perce point cette étoffe.
Et l’on dit absolument dans le même sens, qu’Une étoffe, qu’un soulier ne perce point, pour dire, Que la pluie ne les pénètre point. Alors il s’emploie neutralement.
On dit par exagération, d’Un homme qui a été extrêmement mouillé de la pluie, ou de l’eau qu’on a jetée sur lui, qu’Il a été tout percé, qu’il a été percé jusqu’aux os.
On dit, Percer une croisée, percer une porte dans un mur, pour dire, Faire l’ouverture d’une croisée, d’une porte dans un mur.
On dit, Percer une forêt, un bois, pour dire, Y ouvrir des routes.
On dit en Vénerie, que Le Cerf perce, Quand il tire de long.
p. 264On dit, Percer les buissons, les halliers, les forêts, les forts, pour dire, Passer au travers des buissons, des halliers, etc.
On dit aussi, Percer la foule, percer un escadron, percer un bataillon, pour dire, Se faire passage à travers un escadron, un bataillon, etc.
Il se dit aussi absolument. La foule étoit prodigieuse, j’ai cependant trouvé le moyen de percer. Il faut tâcher de percer.
On dit aussi figurément : Le secret n’a pas percé. Rien n’a percé de l’aventure.
On dit aussi absolument : Le Soleil perce, le jour perce, la vérité perce. Le secret ne tarda pas à percer. Rien ne perce encore. Malgré sa modération apparente, son caractère perce.
On dit, que Le Soleil perce un nuage, pour dire, que Les rayons du Soleil passent à travers un nuage ; et figurément, que La vérité a percé les ténèbres de l’Idolâtrie.
On dit figurément, Percer l’avenir, dans l’avenir, pour dire, Prévoir l’avenir ; et, Percer le fond d’une affaire, percer dans le fond d’une affaire, pour dire, Pénétrer le fond d’une affaire.
On dit figurément, en parlant Des choses qui affligent, Cela me perce le cœur.
On dit aussi figurément, Percer les nuits à jouer, à étudier, pour dire, Passer entièrement les nuits à jouer, à étudier.
Percer, signifie encore, Se déceler, se manifester. Son intention perce à travers son silence. Son caractère perce dans tous ses discours.
Percer. v. n. Se faire ouverture. Les dents commencent à percer à cet enfant. Cet abcès a percé de lui-même. Le bois perce à ce jeune faon.
On dit, qu’Une maison perce dans deux rues, perce d’une rue à l’autre, pour dire, qu’Elle a issue dans deux rues différentes.
On dit aussi, qu’Un coup perce dans les chairs, pour dire, qu’Il entre dans les chairs.
Percer, se dit figurément, pour, Avancer dans les honneurs, se faire un chemin à la fortune.
On dit aussi Percer, pour dire, S’avancer dans un corps, dans le monde. Cet homme a percé par son mérite. Celui-ci a percé par sa persévérance.
On le fait tantôt absolu, Ce jeune homme pourra percer ; et tantôt actif, Il a percé tout le régiment, toute l’armée, depuis le simple rang de soldat.
Percé, ée. participe.
On dit qu’Une maison est bien percée, pour dire, qu’Elle a beaucoup de belles et grandes croisées, de grandes fenêtres bien placées, avec symétrie.
On dit aussi qu’Une forêt est bien percée, Quand elle est traversée par de grandes et belles routes.
On dit proverbialement et figurément d’Un homme qui n’a plus guère de bien, et dont les affaires sont en désordre, qu’Il est bas percé. Il est du style familier.
On dit aussi familièrement d’Un homme qui dépense tout ce qu’il a, et qui ne sauroit garder d’argent, que C’est un panier percé.
En termes de Blason, on appelle Pièces percées, Celles qui sont à jour, et qui laissent voir l’émail du champ de l’écu.
On dit substantivement un Percé, à peu près dans le même sens qu’on dit une Percée. Voyez Percée.
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