pratique

5e édition

[I.] PRATIQUE.

s. f.
↪ voir aussi : [II.] Pratique (adj.)
■  Terme didactique, qui n’est en usage qu’en parlant De ce qui se réduit en acte, dans un p. 342art, dans une science. Dans cette acception, il est opposé à Théorie. La pratique ne répond pas toujours à la théorie. Ce projet est beau, mais il sera difficile dans la pratique. Il a eu de grandes idées, mais il n’étoit pas aisé d’en venir à la pratique.
On dit, Mettre en pratique, pour dire, Mettre en exécution des préceptes, des projets, des idées, etc. Il ne suffit pas de savoir les Commandemens de Dieu, il faut les mettre en pratique.
On dit aussi, Pratiques de dévotion, pour signifier Certains exercices réglés de dévotion. Cette femme est fort exacte à toutes ses pratiques de dévotion. Un dévot à petites pratiques. Ce sont là des pratiques bonnes pour un Capucin.
On appelle La pratique du Théâtre, L’art de composer des pièces dramatiques. On dit aussi d’Un Comédien expérimenté, ou d’un homme qui a beaucoup suivi le Théâtre, qu’Il a la pratique du Théâtre.
■ Pratique, dans l’acception ordinaire, signifie, Usage, coutume, manière, façon d’agir reçue dans quelque Pays. La pratique de ce Pays-là est telle que je vous le dis.
■ Pratique, se prend aussi pour L’expérience des choses du monde. C’est un homme qui a la pratique des affaires. Cet emploi ne m’est pas propre, je n’ai aucune pratique de ces sortes d’affaires.
On dit figurément, Une Pratique éclairée, pour dire, Une exécution dirigée par les principes ; et au contraire, Une pratique aveugle ; Celle qui n’est pas éclairée, qui n’est qu’une routine.
■ Pratiques, au pluriel, se dit aussi Des menées et des intelligences secrètes avec des personnes d’un parti contraire. Faire de sourdes pratiques. Entretenir des pratiques avec le Commandant d’une place.
■ Pratique, se dit aussi De la chalandise que toutes sortes de Marchands, d’Artisans et d’Ouvriers ont pour le débit de leurs marchandises, et pour le fait de leur négoce. Ce Marchand a bien des pratiques. Cet Épicier a les meilleures pratiques de Paris. Un Boulanger, un Boucher qui a presque toutes les pratiques du quartier. Ce Tailleur est celui qui a le plus de pratiques.
Il se dit aussi en parlant De l’exercice et de l’emploi que les Procureurs et les Médecins ont dans leur profession. Ce Procureur a plus de pratiques que tous ses confrères. Ce Médecin a beaucoup de pratiques.
On dit, qu’Un homme a bien de la pratique, qu’on lui donne bien de la pratique, pour dire, qu’Il a beaucoup d’ouvrage, beaucoup de besogne à faire, qu’on lui donne beaucoup de choses à faire. Et l’on dit, par manière de menace, qu’On donnera bien de la pratique à quelqu’un, pour dire, qu’On lui donnera bien de l’exercice, bien de l’embarras.
On dit, en termes de Marine, Donner pratique à un vaisseau, pour dire, Lui permettre d’aborder et de débarquer.
■ Pratique, se dit aussi Des personnes mêmes qui donnent de l’emploi à un Marchand, à un Artisan, à un Ouvrier, à un Procureur, à un Médecin etc. Ce Marchand a perdu depuis peu une de ses meilleures pratiques. Toutes les pratiques de ce Procureur sont de Province. Il vient tous les jours de nouvelles pratiques à ce Procureur, à ce Marchand, à ce Médecin, etc.
On dit, qu’Un homme est une bonne pratique, pour dire, qu’Il y a à gagner avec lui, qu’il paye bien ; et que C’est une méchante pratique, pour dire, qu’Il paye mal.
■ Pratique, se dit encore De tous les papiers de l’étude d’un Procureur, de l’étude d’un Notaire. Ce Procureur, ce Notaire vendra bien sa pratique, quand il se défera de sa Charge. Sa pratique vaut mieux que sa Charge.
■ Pratique, se dit aussi De la procédure et du style des actes qui se font dans la poursuite d’un procès. Ce n’est pas assez qu’un Avocat connoisse les Lois, les Coutumes et les Ordonnances, il faut encore qu’il entende bien la pratique. Ce Procureur entend fort bien la pratique. Cela est contre toutes les règles de la pratique. Forclusion, contredits, salvations, etc. sont des termes de pratique.
On appelle encore Pratique, Un instrument d’acier ou de cuivre, que les Joueurs de marionnettes placent à l’entrée de leur gosier pour changer le son de leur voix.
On dit proverbialem. et populairem. d’Un homme qui a la voix très-enrouée, qu’Il a avalé la pratique de Polichinelle.
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