tomber

5e édition

TOMBER.

v. n.
■  Être emporté, entraîné de haut en bas par son propre poids. Tomber lourdement. Tomber à plomb. Tomber à la renverse. Tomber de son haut. Tomber sur les genoux. Tomber à terre. Tomber dans l’eau. Tomber à plate terre. Tomber tout à plat. Tomber d’une fenêtre. Tomber de cheval. Tomber dans un fossé. Tomber dans un précipice. Il a voulu courir, et il est tombé. Les Poëtes disent que Vulcain est tombé du ciel pendant un jour entier.
On dit, qu’Un bâtiment tombe de vétusté, qu’il tombe en ruine ; que la maladie a fait tomber les cheveux à quelqu’un, que toutes les dents lui sont tombées ; qu’une fluxion, qu’un rhume tombe sur la poitrine ; que les larmes tombent des yeux.
On dit, que La pluie tombe, que le brouillard tombe, que le serein tombe, que la neige tombe, que la grêle tombe quelque part, que le tonnerre est tombé. On dit plus ordinairement à l’impersonnel, Il tombe de la pluie. Il est tombé ce matin beaucoup de pluie. Il est tombé de la neige pendant quatre jours de suite. Il tombe de la grêle. Il tombe de l’eau.
On dit figurém. Tomber aux pieds, aux genoux de quelqu’un, pour, S’y jeter, ou s’abaisser devant lui aux plus humbles supplications.
On dit, Tomber sur quelqu’un, sur quelque chose, pour, Se jeter sur, etc. Tomber sur l’ennemi. L’oiseau de proie est tombé sur une perdrix. On dit, Tomber sur un mets, sur un plat, pour dire, En manger avec avidité. On dit, que Quelqu’un est tombé sur quelque chose, pour dire, qu’Il l’a rencontrée : En ouvrant le livre, je suis tombé sur le passage que je cherchois ; et dans le même sens, qu’Il est bien tombé, pour, Il a bien rencontré, le hasard l’a bien servi. Sa femme étoit celle qui lui convenoit ; il est bien tombé.
On dit figurément, qu’Un homme ne peut tomber que debout, que sur ses pieds, pour dire, que Quoi qu’il arrive, ses affaires seront toujours en bon état.
On dit proverbialement et figurément, Tomber de fièvre en chaud mal, pour, Passer d’un état fâcheux dans un pire.
On dit, Tomber malade, pour dire, Devenir malade ; Tomber roide mort, pour, Mourir tout d’un coup en tombant ; Tomber du haut mal, pour, Avoir le mal caduc ; et Tomber de foiblesse, tomber d’inanition, pour, Être dans une extrême foiblesse, être près de se trouver mal, faute de nourriture.
On dit, Tomber dans une maladie, pour dire, Devenir malade ; et dans un sens à peu près pareil : Tomber en défaillance. Tomber en démence. Tomber en dévotion ou dans la dévotion. Tomber en syncope. Tomber en pâmoison. Tomber en enfance. Tomber en délire. Tomber en apoplexie. On dit figurément, qu’Un enfant est tombé en chartre, pour dire, qu’Il est devenu étique, qu’il ne profite pas.
On dit figurément, dans un sens approchant, Tomber dans la pauvreté, pour dire, Devenir pauvre : il est populaire ; Tomber dans le mépris, pour, Devenir un objet de mépris ; et Tomber en disgrâce, tomber dans la disgrâce, pour dire, N’être plus dans les bonnes grâces de quelqu’un, n’avoir plus de part à sa bienveillance, à sa faveur.
On dit, Tomber en faute, tomber en contradiction, tomber dans le crime, tomber dans le péché, pour dire, Faire une faute, se contredire, commettre un crime, un péché. Et on dit absolument dans le langage de l’Écriture, Tomber, pour, Pécher. Le juste tombe sept fois le jour. Sitôt que l’on est tombé, il faut songer à se relever. On dit aussi figurément dans le langage de l’Écriture, Tomber dans l’aveuglement, dans l’endurcissement, pour, Devenir insensible aux vérités de la Religion.
On dit, Tomber dans le ridicule, tomber dans quelque inconvénient, pour, Faire quelque action ridicule, faire quelque mauvaise démarche qui a des suites fâcheuses.
On dit, Tomber, au sens de Dégénérer en quelque chose de blâmable. Cela tombe dans le burlesque. Cet Auteur prétend au sublime, et tombe souvent dans le galimathias.
On dit de même, Tomber dans l’affectation, tomber dans le précieux. Ce Peintre tombe quelquefois dans la manière, Est maniéré.
On dit, Tomber à rien, pour dire, Se réduire à très-peu de chose. Tout ce grand étalage tombe à rien.
On dit, qu’Une dépense tombe en pure perte, pour, Ne produit rien.
Les Chimistes disent, qu’Une substance tombe en deliquium, pour, pour dire, qu’Elle se fond à l’humidité.
p. 667On dit, Tomber, au sens de Ne pas réussir. La pièce nouvelle est tombée, est tombée à plat, tout à plat.
On dit en termes de Chasse, qu’Un oiseau tombe sur une perdrix, pour dire, qu’Il fond tout d’un coup sur une perdrix ; et en termes de Guerre, Tomber sur les ennemis, pour, Fondre sur les ennemis, charger les ennemis, les attaquer vigoureusement. La Cavalerie de l’aile droite tomba sur la gauche des ennemis, et la tailla en pièces. Les ennemis ayant fait une sortie, tombèrent sur les travailleurs, et ne furent repoussés qu’avec peine. Six armateurs tombèrent tout-à-coup sur une flotte de vaisseaux marchands. Après le gain de la bataille, l’Armée tomba sur une telle Place.
En ce sens on dit figurément, Tomber sur quelqu’un, lui tomber rudement sur le corps, tomber sur sa friperie, pour signifier, Dire de quelqu’un des choses dures et désobligeantes, soit en sa présence, soit en son absence. Le dernier est populaire.
On dit aussi, S’il tombe jamais sous ma main, il se repentira de m’avoir offensé.
On dit, Tomber sur les bras de quelqu’un, pour dire, Se trouver inopinément à sa charge ; Tomber sous la main de quelqu’un, pour, Se trouver sous sa dépendance, ou à portée de sa colère, de son ressentiment.
On dit figurément, Faire tomber les armes des mains, pour dire, Fléchir quelqu’un, l’apaiser : Les soumissions de ses ennemis lui firent tomber les armes des mains ; et, Faire tomber la plume des mains, pour dire, Décourager quelqu’un, le dégoûter d’écrire ou l’arrêter d’étonnement. Cet ouvrage est si beau, qu’il a fait tomber la plume des mains à ceux qui vouloient traiter le même sujet. Le mauvais goût d’un siècle fait tomber la plume des mains à la plupart des bons Auteurs. Cette nouvelle funeste m’a fait tomber la plume des mains, de la main.
On dit, Tomber d’accord avec quelqu’un, pour dire, Convenir avec lui ; et simplement, Tomber d’accord, pour, Avouer, convenir que .... Je tombe d’accord que cela est ainsi. Je ne conteste point ce que vous dites, j’en tombe d’accord.
On dit aussi, Tomber dans le sens, tomber dans le sentiment de quelqu’un, pour dire, Être de même avis que lui, se rendre à son avis. Ils l’ont fait à la fin tomber dans leur sens, pour, Ils lui ont enfin persuadé de se ranger de leur avis.
On dit d’Une chose qui ne se comprend pas, qui paroît blesser le sens commun, qu’Elle ne tombe pas sous le sens.
On dit d’Une chose, qu’Elle tombe sous les sens, pour, Que les sens peuvent l’apercevoir.
On dit, qu’Une maison est tombée en quenouille, pour dire, qu’Il n’en reste que des filles ; et, qu’Une Couronne, qu’une Souveraineté tombe en quenouille, pour, que Les filles en peuvent hériter au défaut des mâles.
On dit proverbialement et figurém. Tomber de son haut, pour dire, Être extrêmement surpris de quelque chose : Quand je vois cela, je tombe de mon haut ; et, Les bras me tombèrent, pour, Ma surprise fut si grande, que je demeurai sans action.
On dit, qu’Un homme est tombé les quatre fers en l’air, pour dire, qu’Il est tombé à la renverse ; et figurément, pour dire, qu’Il a été frappé d’étonnement.
On dit aussi proverbialem. et figurément, Tomber des nues, pour dire, Être extrêmement surpris, étonné. Quand je vois, quand j’entends telle chose, je tombe des nues, il me semble que je tombe des nues. On dit dans un autre sens, qu’Un homme semble tombé des nues, pour, qu’Il est embarrassé de sa contenance, qu’il ne sait à qui s’adresser dans une compagnie ; et encore, qu’Un homme est tombé des nues, pour, qu’Il n’est connu ni avoué de personne.
On dit en parlant d’Un ouvrage d’imagination, qu’Un personnage, un incident, un dénouement mal amené, mal préparé, tombe des nues.
On dit proverbialement et figurém. Quand la poire est mûre, il faut qu’elle tombe, pour dire, Quand les affaires sont venues à un certain point, il faut nécessairement qu’elles éclatent.
On dit figurément, qu’Un mot, un propos n’est pas tombé à terre, pour dire, que Quelqu’un l’a remarqué, l’a retenu, l’a relevé pour le réfuter, en faire quelque autre usage. On dit, qu’Un bruit tombe, qu’il est tombé ; et on dit, Il faut laisser tomber cela, pour, Il faut empêcher qu’on n’y fasse attention, ou paroître n’y pas faire attention soi-même. Dans le même sens on dit : Laisser tomber des bruits. Laissez tomber tous ces mauvais propos.
■ Tomber, signifie aussi Échoir. Cette Terre est tombée en partage au cadet. Cela est tombé dans son lot. Le sort est tombé sur lui. Et on dit, qu’Une chose est tombée entre les mains de quelqu’un, pour, que Par hasard elle lui est venue entre les mains.
On dit dans un sens à peu près pareil : Cette Charge est tombée aux parties casuelles ; elle est entre les mains d’un habile homme. Cela est tombé en de bonnes mains. Ce Bénéfice est tombé aux économats. Tomber entre les mains de ses ennemis. Tomber dans une embuscade à la guerre. Ces vaisseaux marchands tombèrent dans une flotte de vaisseaux ennemis. Faire tomber la conversation sur quelque sujet. Le discours vint à tomber sur les affaires présentes.
On dit, qu’Une chose tombe dans l’esprit, pour dire, qu’Elle survient tout d’un coup dans la pensée.
On dit, que Les biens d’une Maison sont tombés dans une autre par un mariage, pour dire, qu’Ils sont passés dans une autre.
On dit, qu’Un chemin tombe dans un autre, qu’Une rivière tombe dans une autre, pour dire, qu’Un chemin aboutit à un autre, qu’une rivière se décharge dans une autre.
■ Tomber, signifie quelquefois, Cesser, discontinuer. Et c’est dans ce sens qu’on dit, que Le vent est tombé ; et figurément, que La conversation tombe, qu’on a laissé tomber la conversation.
On dit dans le même sens, que Le jour tombe, pour dire, que La nuit approche.
■ Tomber, signifie figurément, Déchoir de réputation, de crédit. Ce livre-là a eu quelque succès d’abord, mais il est tombé. Cet homme-là n’a pas été long-temps en crédit, il est bientôt tombé.
On dit d’Un homme affoibli de corps et d’esprit, que C’est un homme qui tombe, un homme qui est tombé.
■ Tomber, signifie aussi, Être pendant. Ses cheveux lui tombent sur les épaules. Son manteau lui tombe toujours sur les talons.
■ Tombé, ée. participe.
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