coucher

6e édition

[I.] COUCHER.

v. a.
↪ voir aussi : [II.] Coucher (n. m.)
■  Étendre de son long sur la terre, sur un lit, etc. Il le coucha sur l’herbe. On coucha le blessé sur un matelas. Saint Louis en mourant voulut qu’on le couchât sur la cendre. Saint Laurent fut couché sur un gril, sur des charbons ardents. On le dit aussi en parlant Des choses. Coucher une statue par terre. Coucher une armoire, une chaise, une poutre, une échelle, etc.
Coucher quelqu’un par terre, le coucher sur le carreau, L’étendre sur la place, mort ou très-blessé. Il coucha son homme par terre. Il lui donna un grand coup d’épée, et le coucha sur le carreau. Les ennemis s’avançaient on fit sur eux une décharge qui en coucha cinquante par terre.
Fig. et fam., Coucher une bouteille sur le côté, La vider en buvant.
Fig., Coucher quelqu’un sur l’état des pensions, sur une liste, etc., L’inscrire sur l’état des pensions, sur une liste, etc. Cette façon de parler vieillit : on dit ordinairement, Porter sur l’état des pensions, sur une liste, etc.
Fig. et fam., Coucher par écrit, Mettre par écrit. Il ne suffit pas de faire cette promesse verbalement, il faut la coucher par écrit.
Coucher une clause, un article dans un acte, etc., L’y insérer. La clause est couchée tout au long dans le testament, dans le contrat. Le greffier coucha cet article dans les registres, etc. Cette façon de parler vieillit : on dit ordinairement, La clause est portée dans le contrat, etc.
Coucher un article en recette, en dépense, Employer un article sur l’état de la recette, de la dépense. Cette façon de parler vieillit : on dit ordinairement, Porter un article en recette, en dépense.
Coucher en joue, Ajuster son fusil et viser, p. 423pour tirer sur quelqu’un, sur quelque chose. J’avais déjà couché l’animal en joue. Il le tenait couché en joue pour le tirer.
Fig. et fam., Coucher en joue, Observer, ne pas perdre de vue une personne ou une chose sur laquelle on a quelque dessein. Il était dans un coin, il la regardait, il la couchait en joue. Il aspire à cette charge, à cette place, il recherche cette fille en mariage, depuis longtemps il la couche en joue.
Coucher, signifie particulièrement, Mettre quelqu’un au lit, le déshabiller, l’aider à se mettre au lit. Coucher un enfant, un malade. Ce valet de chambre couche son maître. Ces femmes de chambre sortiront quand elles auront couché leur maîtresse. Les plus proches parentes couchent la mariée.
Il s’emploie souvent avec le pronom personnel, et signifie, S’étendre tout de son long sur quelque chose. Il s’est couché par terre. Se coucher sur un lit, sur un sofa. Se coucher sur le ventre, sur le dos, etc.
Il signifie particulièrement, Se mettre au lit. Ils se sont couchés fort tard. Allez vous coucher.
Il se dit figurément Du soleil et des autres astres, et signifie, Descendre sous l’horizon. Le soleil se couchera bientôt. Il y a une heure que la lune est couchée.
Prov., fig. et pop., Si vous n’en voulez point, couchez-vous auprès, se dit À une personne qui refuse une offre que l’on croit raisonnable.
Prov. et fig., Comme on fait son lit on se couche, Il faut s’attendre au bien ou au mal qu’on s’est préparé par la conduite qu’on a tenue, par les mesures qu’on a prises.
Fig. et pop., Allez vous coucher, Laissez-moi tranquille. Qu’il aille se coucher.
Coucher, s’emploie aussi neutralement, et signifie, Être étendu pour prendre son repos. Coucher dans un lit, dans des draps, entre deux draps. Coucher sur un matelas, sur la plume, mollement, durement. Coucher sur la dure, sur une paillasse, sur la terre, à terre, à plate terre, sur le ventre, sur le dos, sur le côté. Coucher tout habillé. Ils couchèrent ensemble. Coucher avec quelqu’un dans le même lit. Chambre à coucher.
Prov. et fig., Coucher dans son fourreau comme l’épée du roi, ou simplement, Coucher dans son fourreau, Coucher tout vêtu.
Coucher avec une femme, Avoir commerce avec elle.
Coucher, neutre, signifie quelquefois, Loger la nuit en quelque endroit. Il coucha dans une hôtellerie, à l’hôtellerie. Ils allèrent coucher à tant de lieues de Paris.
Il signifie également, Passer la nuit en quelque endroit, en y prenant du repos. Coucher dehors. Coucher dans la rue. Coucher à l’auberge. Coucher en ville. Il couche ordinairement où il soupe. Il ne put arriver en tel endroit, et fut obligé de coucher dans sa voiture. Le mauvais temps ne leur ayant pas permis d’aborder, ils couchèrent dans le bateau.
Fig. et fam., Coucher à la belle étoile, et pop., Coucher à l’enseigne de la lune, Coucher en plein air.
Prov., Pour boire de l’eau et coucher dehors, il ne faut demander congé à personne.
Coucher, actif, signifie quelquefois simplement, Pencher. Couchez un peu votre papier, vous écrirez plus commodément.
Il signifie également, Courber, incliner ce qui est naturellement droit. La grêle, la pluie et le vent couchent les blés, les herbes. Coucher un sarment, un cep de vigne. Coucher les branches d’un arbre en terre, pour faire de nouveaux plants. Coucher le poil d’un chapeau, d’une étoffe.
Coucher, se dit aussi en parlant Des dentelles, et autres choses semblables, qu’on étend sur quelque étoffe. Coucher des galons, coucher une dentelle sur une étoffe.
Il signifie de même, en parlant Des couleurs ou de l’émail, Étendre une couleur, en mettre une couche sur quelque chose. Coucher une couleur. Coucher de l’or, de l’argent sur…
Coucher des couleurs, signifie particulièrement, en termes de Peinture, Étendre des couleurs avec le pinceau l’une à côté de l’autre, avant de les fondre.
Coucher, signifie aussi, figurément, Mettre au jeu. Il est grand joueur, il couche mille écus sur une carte.
Coucher gros, Jouer gros jeu. Cette locution, qui a vieilli, signifiait aussi, Risquer beaucoup, dans quelque affaire que ce soit. Tenter une pareille entreprise, c’est coucher gros. Elle signifiait encore, Avancer quelque chose d’extraordinaire, d’excessif. Il dit bien des gasconnades, il couche gros.
Couché, ée. participe. Quand nous arrivâmes, tout le monde était couché, Était au lit.
À soleil couché, Un peu après que le soleil est couché. On dit aussi : Avant soleil couché. Après soleil couché.
Prov., On est plus couché que debout, Le temps que dure la vie est peu considérable au prix du temps qui la suit.
En Botan., Tige couchée, Tige qui ne s’élève point, qui reste étendue sur la terre ; telle est celle de la renouée.
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