connaître

8e édition

CONNAÎTRE.

Conjugaison : (Je connais ; nous connaissons. Je connaissais. Je connus. Que je connaisse. Que je connusse. Connu.) v. tr.
■  Avoir l’idée, la notion d’une personne ou d’une chose. Je ne connais cette personne que de nom, de réputation, de vue. Je connais bien un tel. Je le connais parfaitement. Je connais ce pays-là. Le monde connu des Anciens. Je ne connais rien de plus vil qu’une telle conduite. Faire connaître son opinion. Cet enfant ne connaît pas encore ses lettres. Connaître le bien et le mal. Il connaît son faible. Je ne lui connais point de défauts. Il connut alors que le danger devenait pressant. Par là vous pouvez connaître combien il est à redouter. On le dit également des Animaux. Ce chien connaît bien son maître. Ce cheval connaît le chemin. La plupart des animaux connaissent les plantes qui peuvent leur être nuisibles.
Fig. et fam., Je ne le connais ni d’Ève, ni d’Adam, se dit en parlant de Quelqu’un que l’on ne connaît pas du tout.
Fig., Ne point connaître, ne plus connaître quelqu’un, quelque chose, N’en pas faire acception, ne point le prendre en considération. Il veut que tous soient également soumis à la discipline et il ne connaît à cet égard ni parents ni amis. Quand il s’agit de ses intérêts, il ne connaît personne.
Ne plus connaître quelqu’un signifie aussi Le traiter comme un inconnu, l’oublier, le mépriser. Depuis qu’il est en place, il ne connaît plus ses amis, il ne connaît plus personne. J’estime qu’il s’est déshonoré : je ne le connais plus.
Se faire connaître, Dire son nom, sa qualité aux gens dont on n’est pas connu. Comme on lui refusait l’entrée, il se fit connaître. L’auteur de ce livre ne veut pas se faire connaître, Ne veut pas se nommer. On dit en des sens analogues Faire connaître qui on est. Ne vouloir pas être connu.
Il signifie aussi Faire ou Dire quelque chose qui décèle les dispositions, les qualités bonnes ou mauvaises que l’on a. Caton se fit connaître de bonne heure par son amour pour la liberté. Il s’est fait connaître avantageusement.
Il signifie encore Acquérir une notoriété, une réputation. Il s’est fait connaître par ses écrits.
Fam., Je ne connais que cela, se dit en parlant d’une Chose qui ne peut être éludée, ou qu’on ne doit pas balancer à faire. Il faut que vous obéissiez, je ne connais que cela. Il résiste, châtiez-le, je ne connais que cela. On dit à peu près de même Je ne connais qu’une chose, c’est d’agir franchement, c’est d’être sévère, etc.
Ne connaître que son devoir, que la règle, que la loi, etc., Ne point s’écarter de son devoir, de la loi, de la règle, etc., quelles que soient les circonstances où l’on se trouve et les personnes avec lesquelles on a affaire.
Il se dit aussi en parlant des Choses qu’on a étudiées, dont on a une grande pratique, un grand usage, auxquelles on s’entend bien. Il voudrait tout connaître. Connaître une langue, une science, un art. Il connaît les mathématiques. le grec, le latin. Connaître à fond une science, une affaire. Connaître les livres, les pierreries, les tableaux, etc. Je ne parle point de ce que je ne connais pas. Il connaît les ruses du métier, Ce que l’expérience nous apprend à connaître. Connaître ses intérêts. Il n’y a rien de si connu. Absolument, Le désir de connaître, Le désir de s’instruire, de s’éclairer.
Il se dit, dans un sens analogue, en parlant des Personnes. Je connais bien cet homme, et je peux compter sur lui. Je le connais pour ce p. 283qu’il est. Il a trompé bien du monde, on ne le connaissait pas. Cet homme gagne à être connu. Je le connais incapable de mentir. Je connais votre cœur. Vous me connaissez mal, si vous m’attribuez de telles intentions. Que vous connaissez peu les hommes ! C’est un homme qui connaît bien le monde.
Dans le même sens, mais avec une légère nuance, il se dit pour Apprécier, juger. Le siècle qui posséda ce grand homme ne le connut pas. On perdit cet écrivain lorsqu’on commençait enfin à le connaître. C’est un homme connu. Il est connu par son mérite. Ce nom m’est connu.
Fig. et prov., À l’œuvre on connaît l’artisan.
Il signifie en outre Avoir des liaisons, des relations avec quelqu’un. Connaissez-vous quelqu’un de mes juges ? Je n’en connais pas un. Il connaît tout le monde. Je vous le ferai connaître. Je ne connais point cet homme-là, ni ne veux le connaître. Nous vous connaissons depuis longtemps.
En termes d’Écriture sainte, Connaître une femme, la connaître charnellement, Avoir avec elle un commerce charnel.
Fig. et fam., Il ne connaît pas sa main droite de sa main gauche, Il est incapable d’aucun discernement.
Il signifie encore Sentir, éprouver ; et il se dit tant au sens physique qu’au sens moral. On ne connaît point l’hiver à la Martinique. Vous êtes heureux de n’avoir jamais connu le mal de dents, le mal de tête. Il ne connaissait plus le sommeil. Connaître le plaisir. Il n’a jamais connu la haine, la jalousie, etc. Son cœur allait bientôt connaître l’amour. Il ne connaît point la crainte. J’ai connu l’infortune.
Il signifie aussi Pratiquer une chose, l’admettre, s’y conformer, s’y soumettre ; et, dans ce sens, il se joint ordinairement avec la négation. En Angleterre, on ne connaît point la loi salique. Cet usage n’est point connu dans tel pays. Ce peuple ne connaît point les raffinements du luxe. Il ne connaît point ces vains ménagements. Sa rage ne connut plus de frein. Sa charité ne connaît point de bornes. On dit dans un sens analogue Ce cheval connaît la bride, les éperons, etc.
Ne point connaître de supérieur, de maître, N’avoir point de supérieur, de maître, ou Prétendre n’en point avoir, et ne pas vouloir obéir. On dit de même Je ne connais de maître que vous, que lui, etc. Je ne connais ici d’autre maître que moi, etc.
Il ne connaît plus rien, Sa passion le domine tellement qu’aucune considération n’est capable de l’arrêter. Sa fureur ne connaît plus rien.
Il signifie aussi Avoir autorité et compétence pour juger de certaines matières. En ce sens, il se construit toujours avec de ou un équivalent. Ce juge connaît des matières civiles et criminelles. Il en connaît en première instance. Il en connaît par appel. Il ne peut pas connaître de cela.
Se connaître signifie Prendre une juste idée de soi-même, de ses forces, de sa dignité, etc. « Connais-toi toi-même » est une des plus belles maximes de la philosophie antique. Je me connais, à sa vue il me serait impossible de me contenir. Apprenez à mieux vous connaître.
Ne point se connaître, ne plus se connaître, se dit d’une Personne que la passion met hors d’elle-même. Un homme sage et qui sait se connaître. Il ne se connaît plus.
Se connaître à quelque chose, en quelque chose, Savoir en bien juger. Il se connaît en mérite, en poésie. Vous connaissez-vous à cela ? Je m’y connais mieux que vous. Il ne s’y connaît point du tout.
Se connaître se dit aussi des Choses et signifie Être connu, être perçu d’une façon nette. Prov. et fig., L’arbre se connaît à ses fruits, Une doctrine se juge par ses conséquences.
Le participe passé Connu, ue, se dit comme nom des Choses que l’on connaît par opposition à celles qu’on ignore. Pour procéder méthodiquement, il faut aller du connu à l’inconnu.
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