connaître

CONNAÎTRE

conjugaison verbe transitif Conjugaison : (je connais, il connaît, nous connaissons ; je connaissais, nous connaissions ; je connus ; je connaîtrai ; je connaîtrais ; connais, connaissons ; que je connaisse ; que je connusse ; connaissant ; connu).
Étymologie : xie siècle, conoistre, « fréquenter ». Du latin cognoscere, « apprendre à connaître, (re)connaître, avoir un commerce charnel ».

I.

I. Avoir l’idée, la notion d’une personne ou d’une chose.
1.  Être informé de l’existence de quelqu’un ou de quelque chose, directement ou indirectement, par soi-même ou par ouï-dire. Je le connais de réputation. Je le connais de nom, de vue. Je ne connais pas cet artiste, cet acteur, je n’en ai pas entendu parler. Je le connais par ses livres, ses articles. Il est connu comme le loup blanc, de tout le monde. Son nom m’est connu. Connaissez-vous la nouvelle ? D’où connaissez-vous cette histoire ? Je connais un excellent restaurant dans ce quartier. Un opéra peu connu du grand public. On ne lui connaît pas de famille, on ne sait pas s’il en a une. Faire connaître une chose, la révéler, la faire découvrir. Faire connaître son opinion, ses intentions, sa décision, les rendre publiques.
▪ Expr. Se faire connaître, se présenter, dire son nom, sa qualité. Comme on lui refusait l’entrée, il se fit connaître. L’auteur de ce livre ne veut pas se faire connaître, ne veut pas dévoiler son identité. Spécialement. Il cherche à se faire connaître, à faire parler de lui.
▪ Loc. adv. Ni vu ni connu, sans se faire remarquer, sans qu’on s’en aperçoive. Je me suis sauvé dès l’entracte, ni vu ni connu. Dans la foule, on lui a volé son portefeuille, ni vu ni connu.
2.  Avoir une idée claire de la personnalité, du caractère de quelqu’un. Connaître les hommes. Je le connais pour ce qu’il est. Le connaissant bien, je sais que je peux compter sur lui. Vous me connaissez mal si vous m’attribuez de telles intentions. On voit bien que vous ne le connaissez pas. Il gagne à être connu. Fam. Connaître son monde, savoir à qui l’on a affaire.
▪ Expr. Se faire connaître, faire ou dire quelque chose qui révèle ce qu’on est, ses dispositions réelles, ses qualités profondes. Caton d’Utique se fit connaître de bonne heure par son amour pour la liberté.
▪ Pron. Se connaître, avoir une juste idée de soi-même, de ses qualités, de ses défauts. Connais-toi toi-même, formule inscrite au fronton du temple d’Apollon à Delphes, devenue la devise de Socrate. Il est essentiel de bien se connaître. Je me connais : c’est une chose que je ne pourrais supporter. Spécialement. Se dominer. Un homme sage sait se connaître (vieilli). Ne point se connaître, ne plus se connaître, être hors de soi-même sous l’empire de la colère. Il m’a fait peur, il ne se connaissait plus.
▪ Par extension. Juger, apprécier. Stendhal n’a été vraiment connu que bien longtemps après sa mort. Un artiste toujours aussi mal connu.
▪  Prov. À l’œuvre, on connaît l’artisan, voir Artisan. C’est au pied du mur qu’on connaît le maçon, voir Maçon. L’arbre se connaît à ses fruits, voir Arbre.
3.  Avoir ou se faire une idée précise, approfondie de quelque chose. C’est une ville que je connais bien. Le monde connu des anciens. Je ne connais ce pays que par les livres, les reportages. Se trouver en pays connu. Connaître une région à fond, en long et en large et, fam., comme sa poche. Fam. Il connaît sa mythologie sur le bout du doigt.
▪ Discerner ; avoir une claire perception de quelque chose, prendre la juste mesure de. Connaissant les aléas de l’entreprise, il aurait dû y renoncer. Connaître ses intérêts. Connaître les possibilités, les limites de quelqu’un. Si seulement vous connaissiez votre bonheur, votre chance. Je connais mon devoir, mes responsabilités. Litt. Par là, vous pouvez connaître combien il est à redouter. Il connut alors que le danger devenait pressant.
▪ Expr. C’est un homme qui ne connaît pas sa force, il est si fort que, sans s’en rendre compte, il devient brutal. Il ne connaît pas sa main droite de sa main gauche, il ne les distingue pas l’une de l’autre, il manque de discernement.
4.  Savoir ; avoir des connaissances innées ou qui paraissent telles. Connaître le bien et le mal. La plupart des animaux connaissent les plantes qui peuvent leur être nuisibles.
▪ Avoir des connaissances acquises par l’étude, par la pratique et l’usage. Il connaît le grec et le latin, les mathématiques et la physique. Connaître une langue, une science, un art. Cet enfant ne connaît pas encore ses lettres. Un grand désir de tout connaître. Connaître les livres anciens, les pierres précieuses, les tableaux. On voit qu’elle connaît les bonnes manières. Connaître les ruses et, fam., les ficelles d’un métier. En parlant des animaux. Repérer, distinguer. Le cheval connaît le chemin de l’écurie.
▪ Pron. Se connaître à quelque chose ou, fam., s’y connaître, avoir les compétences nécessaires pour bien juger, pour bien faire. Il se connaît en poésie, en art, en héraldique. Il s’y connaît en vins. Vous connaissez-vous à cela ? Ce pauvre garçon ne s’y connaît pas du tout. Il se connaît à mentir, à tromper son monde. Expr. fam. Les jeux de cartes, il s’y connaît, ça le connaît, il y excelle. Ou je ne m’y connais pas, sert pour appuyer un jugement, une opinion. Ce gaillard est un escroc, ou je ne m’y connais pas.
▪ Expr. fig. et fam. Connaître la chanson, avoir déjà entendu maintes fois exprimer la même chose, être lassé d’une redite. Connaître la musique, savoir tous les moyens de parvenir à ses fins ; être capable d’apercevoir les habiletés, manœuvres ou détours d’autrui.
5.  Intransitivement. Marque de domaine : droit. Connaître de, avoir autorité et compétence pour juger de certaines matières. Ce juge connaît des matières civiles ou pénales. Le tribunal peut avoir à en connaître en première instance, en appel.

II.

II. Éprouver, subir ; faire ou avoir fait l’expérience de quelque chose ; considérer, pratiquer, fréquenter.
1.  Sentir, ressentir, éprouver ; expérimenter. Vous êtes heureux de n’avoir jamais connu la faim. Il connaît l’adversité, la gêne, la misère. Il a connu la captivité. Elle connaît de grandes joies dans sa vie familiale, elle connaît le bonheur. Ils ont connu des revers. Il n’a jamais connu l’envie. Connaître la peur, la honte, le doute. Il connut de précoces triomphes.
▪ En parlant de choses. Son œuvre a connu un juste succès. Cette industrie connaît des hauts et des bas. L’entreprise connaît de graves difficultés, un regain d’activité, un nouvel essor.
2.  Reconnaître, accepter, admettre. Cet usage est connu dans bien des pays. L’Angleterre ne connaît pas la loi salique. Il vous connaît pour son maître. Je ne connais ici d’autre maître que moi-même. Expr. Ne connaître ni Dieu ni maître, ou ni Dieu ni diable, n’agir qu’à sa guise, refuser toute autorité. Il ne connaît plus rien, il est dominé par la passion, rien ne peut l’arrêter. Il ne connaît ni foi ni loi, voir Foi. Ne connaître que la règle, que la loi, ne pas s’en écarter, quelles que soient les circonstances. Il ne connaît que le règlement, que la consigne. Fam. Il faut que vous obéissiez, je ne connais que cela, je n’accepte aucune autre attitude. Par métonymie. Sa rage ne connut plus de freins, de bornes.
▪ Par analogie. Le cheval connaît la bride, les éperons, il obéit aux mouvements de la bride, des éperons.
3.  Fréquenter une personne ; être en relation avec elle. Je le connais bien, très bien, intimement. Je la connais très peu. Je n’ai guère envie de le connaître. Nous nous connaissons depuis le collège. Ils se sont connus en captivité. Un homme qui connaît tout le monde, qui a beaucoup de relations.
▪ Expr. fam. Je ne le connais ni d’Ève ni d’Adam, pas du tout. Je ne connais que lui, je le connais très bien.
▪ Spécialement. À la forme négative. Ne plus connaître quelqu’un, le mépriser, refuser de le fréquenter, cesser toute relation avec lui. J’estime qu’il s’est déshonoré, je ne le connais plus. Depuis ce scandale, sa famille ne le connaît plus, elle a rompu avec lui. Quand il s’agit de ses intérêts, il ne connaît plus personne, il serait prêt à trahir tous ses amis.
4.  Spécialement. Dans la langue biblique. Connaître une personne, avoir avec elle un commerce charnel. Adam connut Ève, qui conçut et enfanta Caïn. Par périphrase. Connaître une femme au sens biblique du terme, bibliquement.
Orthographe
◇ Peut s'écrire connaître ou connaitre, selon les rectifications orthographiques de 1990.
[règle §3] Les accents et le tréma • accents circonflexes sur î et û.
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