langue
LANGUE
nom fémininÉtymologie : xe siècle. Issu du latin lingua, de même sens.
I.
I.
1.
Organe musculeux mobile situé dans la cavité buccale de l’homme et de nombreux animaux, qui sert à la perception des saveurs, à l’ingestion de la nourriture, à la formation des sons du langage.
La langue de l’homme.
La pointe ou le bout de la langue.
Le dessus ou le dos de la langue.
Le filet ou le frein de la langue.
La muqueuse, les papilles de la langue.
Langue chargée, langue saburrale.
Pratiquer des tractions de la langue pour ranimer un asphyxié.
Tirer la langue à quelqu’un, en manière de grimace, de moquerie.
▪
La langue du cheval, du chien.
La langue d’un oiseau, d’un poisson.
La langue bifide de la vipère.
Certains animaux, comme le caméléon, l’échidné, le tamanoir ont une langue protractile et préhensile.
Spécialement.
Cet organe prélevé sur certains animaux pour servir d’aliment.
Un plat de langues de mouton, de veau.
Langue de bœuf à la sauce piquante.
Langue fumée.
Langue de porc à l’écarlate.
▪ Expr.
Ce chien tire la langue, a la langue pendante, se dit d’un chien haletant, qui laisse sa langue pendre hors de sa gueule.
En parlant de l’homme. Fig. et fam.
Tirer la langue, avoir très soif ; être dans la gêne.
Tirer une langue d’un pied de long, désirer vivement quelque chose ou en avoir grand besoin.
Faire tirer la langue à une personne, lui faire attendre indéfiniment ce qu’elle désire ou ce dont elle a besoin.
Marque de domaine : Chasse. Marque de domaine : équitation.
Donner de la langue, appeler, exciter le chien, le cheval par un bruit, dit Appel de la langue, qu’on obtient en faisant claquer la langue contre le palais (en équitation, on dit aussi Aides de la langue).
2.
Spécialement.
Cet organe, en tant qu’il sert, chez l’homme, à la parole.
Sa langue s’est embarrassée et il a dû s’arrêter dès les premiers mots.
La langue lui a fourché ou sa langue a fourché, il a prononcé une syllabe pour une autre, un mot pour un autre.
Être maître, n’être pas maître de sa langue, être capable, incapable de se taire et de parler à propos.
Sa langue le perdra, il parle trop.
▪ Loc.
Prendre langue avec quelqu’un, engager la conversation pour s’informer, pour se mettre au fait de quelque chose et, par extension, prendre contact avec quelqu’un.
Tenir sa langue, se taire à bon escient, garder le secret.
Avoir la langue nouée, liée, avoir une élocution embarrassée ou, fig., être tenu au silence.
Dénouer, délier la langue, les langues, voir Dénouer, Délier.
Les langues vont bon train, on se répand en commentaires, en commérages.
▪ Expr. fig.
Avoir un mot sur la langue, sur le bout de la langue, avoir le sentiment d’être tout près de le retrouver alors qu’il nous échappe.
La langue me démange, me brûle de dire cela, je suis fortement tenté de le dire.
Se mordre la langue, se retenir au moment de dire ce qu’on ne doit pas ou ce qu’on ne veut pas exprimer.
J’allais lui dire quelque chose de blessant, mais je me suis mordu la langue.
Se mordre la langue d’avoir parlé, s’en repentir.
Avoir la langue bien affilée, voir Affilé.
Avoir la langue dorée, voir Doré I.
Fam.
Jeter sa langue aux chiens (vieilli), donner sa langue au chat, avouer son impuissance à répondre à une question, à une devinette.
Il a perdu, avalé sa langue, se dit d’une personne qui ne peut ou ne veut parler, qui garde le silence.
Ne pas avoir sa langue dans sa poche, parler beaucoup, ou franchement et sans ménagement.
Avoir un bœuf sur la langue, ne pas révéler ce qu’on sait d’une affaire.
Avoir la langue bien pendue, avoir une grande facilité à parler ; parler beaucoup ou avec excès.
Expr. proverbiale. Il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, il faut mûrement réfléchir avant de parler.
▪ Par métonymie.
La personne qui parle.
C’est une fine langue, une personne spirituelle.
Une mauvaise langue, une méchante langue, une langue empoisonnée, une langue de vipère, une personne qui aime à médire, à flétrir la réputation d’autrui.
Quelle langue ! quel bavard, quelle bavarde !
3.
Par analogie.
Langues de feu, flammes de forme allongée.
Marque de domaine : religion chrétienne.
Le Saint-Esprit est descendu sur les apôtres sous la forme de langues de feu.
– Marque de domaine : géographie.
Langue glaciaire, partie inférieure d’un glacier, occupant le fond d’une vallée.
Langue de terre, étroite avancée de terrain dont une seule extrémité touche d’autres terres et dont les côtés sont bordés d’eau.
La langue de Barbarie sépare le cours du fleuve Sénégal de l’océan Atlantique.
Spécialement.
Isthme étroit.
La presqu’île de Quiberon n’est jointe au continent que par une langue de terre.
II.
II. Système d’expression verbale qui est d’emploi conventionnel dans un groupe humain et permet à ses membres de communiquer entre eux (on dit aussi Langue naturelle, par opposition aux langages symboliques).
1.
Système de signes vocaux, susceptibles de transcription graphique.
Les structures phonologiques, morphologiques, syntaxiques d’une langue.
Le vocabulaire, la grammaire d’une langue.
Ferdinand de Saussure a établi la distinction entre langue et parole.
Fixer, codifier, enrichir une langue.
2.
Un tel système considéré dans sa particularité, par différence avec les systèmes de même nature utilisés par d’autres communautés.
La typologie, l’histoire des langues.
Une langue isolante, agglutinante, flexionnelle.
Langues sœurs, qui dérivent d’une même langue, dite Langue mère.
Le français, l’italien et les autres langues romanes sont des langues sœurs qui ont pour langue mère le bas latin.
Le groupe des langues indo-européennes.
Langues germaniques, slaves.
Langue ancienne, employée dans l’Antiquité.
Le latin est une langue ancienne.
Langue morte, qui n’existe plus que dans les écrits, par opposition à Langue vivante, qu’un groupe humain parle actuellement.
▪
Langue maternelle, que l’on a parlée dès son plus jeune âge, dans son pays d’origine, par opposition aux langues étrangères.
Apprendre, étudier les langues étrangères ou, elliptiquement, les langues.
Marque de domaine : religion chrétienne.
Les apôtres reçurent le jour de la Pentecôte le don des langues, la faculté de les parler toutes.
▪
Langue nationale, commune à toute une nation.
S’emploie souvent absolument dans ce sens.
L’Académie française a reçu pour mission de donner des règles certaines à la langue, de la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences.
Dictionnaire de langue.
La langue est le premier instrument de culture.
Une langue n’acquiert le statut de langue nationale ou universelle qu’à partir du moment où elle produit une littérature.
▪
Langue régionale, qui n’est ou n’a été parlée que dans une province ou une région.
On parlait autrefois la langue d’oc dans le Sud de la France, la langue d’oïl dans le Nord.
Le breton, le basque, le catalan sont, en France, des langues régionales.
Il ne faut pas confondre dialecte et langue régionale, une langue régionale pouvant comporter plusieurs dialectes.
▪
Langue vernaculaire, à l’origine, langue locale, par opposition au latin ; désigne aujourd’hui, et par opposition à la langue nationale, un langage dialectal utilisé par une communauté dans la vie quotidienne.
▪
Langue véhiculaire, qu’utilisent pour communiquer entre elles des communautés dont les idiomes propres sont différents.
Le français est la langue véhiculaire de nombreux États d’Afrique.
▪
Langue officielle, la seule admise pour la rédaction des textes législatifs ou administratifs d’un État, d’un organisme international.
Les organismes internationaux reconnaissent ordinairement deux langues officielles ou plus.
▪
Langue diplomatique, langue choisie par un État pour ses rapports internationaux.
Le Vatican est un des États dont le français est la langue diplomatique.
▪
Langues de travail, celles qui sont autorisées dans les travaux des organismes internationaux, ou adoptées par accord dans les colloques et congrès.
▪
Langue artificielle, voir Artificiel.
Langue universelle, langue idéale qui serait commune à tous les peuples.
Leibniz avait conçu le projet d’une langue universelle.
Langue universelle se dit aussi d’une langue connue, enseignée, utilisée dans le monde entier.
Le latin fut longtemps la langue universelle.
L’anglais, le français, l’espagnol sont des langues universelles.
▪ Expr. proverbiale. L’usage est le tyran des langues, il prévaut parfois sur les règles qui devraient les régir.
▪ Marque de domaine : Écriture sainte.
La confusion des langues, voir Confusion.
Expr.
On ne s’entend pas, c’est la confusion des langues, se dit d’une conversation où tout le monde parle à la fois et, par extension, d’une discussion où l’on ne s’entend pas sur le sens des mots.
▪ Marque de domaine : histoire.
Jeunes de langues, s’est dit de jeunes gens originaires de la Méditerranée orientale, dont l’État monarchique assurait l’entretien pour leur permettre d’apprendre le français et de se perfectionner dans leur propre langue, en vue de servir comme consuls ou interprètes.
L’École des jeunes de langues est l’ancêtre de l’École des langues orientales.
Titre célèbre : Discours sur l’universalité de la langue française, de Rivarol (1784).
3.
Façon de s’exprimer et ensemble des termes qui sont propres à un domaine d’activité déterminé ou à un groupe social.
La langue de la philosophie, des mathématiques.
Langue liturgique.
Langue juridique, technique.
La langue du sport.
(Dans cet emploi, on dit aussi Langage.)
▪
Niveaux de langue, registres variés d’une même langue selon qu’elle est employée de façon plus ou moins châtiée, littéraire, savante, technique, ou familière, négligée, argotique, populaire, vulgaire.
Les niveaux de langue se distinguent par la correction ou l’incorrection de la syntaxe, le choix des mots, le respect ou l’omission des liaisons, la prononciation et l’accent.
Les abréviations lexicographiques comme litt., triv., fam., pop., indiquent des niveaux de langue.
▪
La langue écrite, la langue littéraire, l’ensemble des tournures, des acceptions héritées des bons auteurs, qu’on oppose parfois à la langue parlée, employée communément, dans les circonstances de la vie quotidienne.
Langue archaïsante.
Langue savante, désignait autrefois le latin, employé par les clercs et les lettrés, par opposition à la langue vulgaire, qui était parlée par la population.
Langue savante désigne aujourd’hui un ensemble de termes spécialisés relevant d’une science, d’une discipline d’étude.
▪ Spécialement.
Ensemble des mots, tournures et constructions habituels à un écrivain, qui caractérisent son style et le rendent immédiatement reconnaissable.
La langue de Racine, de Molière, de Proust.
▪ Fig.
Pour parler de l’expression d’un sentiment.
Personne n’a mieux parlé que Corneille la langue de l’honneur, et que Marivaux la langue de l’amour.
Voir aussi
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.
VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- laneret, n. m.
- langage, n. m.
- langagier, -ière, adj.
- lange, n. m.
- langer, v. tr.
- langoureusement, adv.
- langoureux, -euse, adj.
- langouste, n. f.
- langoustier, -ière, adj. et n.
- langoustine, n. f.
- langue, n. f.
- langué, -ée, adj.
- langue-de-bœuf, n. f.
- langue-de-bouc, n. f. [5e édition]
- langue-de-chat, n. f.
- langue-de-chien, n. f.
- langue-de-serpent, n. f.
- languedocien, -ienne, adj.
- languette, n. f.
- langueur, n. f.