grand-route

ROUTE

nom féminin
Étymologie : xiie siècle. Issu du latin rupta (via), « (voie) frayée », lui-même participe passé de rumpere, dans l’expression rumpere viam, « ouvrir une route, se frayer un chemin ».
1.  Voie de communication d’une certaine importance et généralement pourvue d’un revêtement, qui permet la circulation des voitures et d’autres véhicules, en particulier hors des agglomérations. Route pavée, empierrée, bitumée, goudronnée. Une route de terre. Une route à deux, à trois, à quatre voies. Une route fréquentée. Une route fermée à la circulation, une route barrée. La route bifurque, tourne à droite. La chaussée, les accotements d’une route.
▪ Loc. et expr. Route royale, nationale, départementale, voir Royal, National, Départemental. Route express, route pour automobiles, qui possède plusieurs voies, et permet une circulation rapide des véhicules (on dit aussi Voie express ou rapide). Route en corniche, voir Corniche. Route en palier, se dit d’un tronçon sans déclivité. La grand-route ou la grand route, désigne parfois à la campagne la voie de circulation principale. Prendre les petites routes, emprunter des axes secondaires. Marque de domaine : géographie. La route Napoléon, nom donné, à partir de 1932, à la voie de circulation reliant Golfe-Juan à Grenoble en passant par Grasse, Digne, Sisteron et Gap, et qui correspond à l’itinéraire emprunté par Napoléon lors de son retour de l’île d’Elbe en 1815. La route panaméricaine ou, elliptiquement et subst., la panaméricaine, voir Panaméricain. La route 66, nom de la route qui traversait une partie des États-Unis, d’est en ouest, joignant l’Illinois à la Californie.
▪ Par analogie. Grande allée percée dans un bois, une forêt pour la chasse, la promenade, etc. La route Dauphine, dans le bois de Vincennes. La route des Loges traverse la forêt de Saint-Germain-en-Laye.
2.  Au singulier, avec un sens collectif. Le réseau routier, l’ensemble des voies de circulation destinées aux voitures et autres véhicules. La route et le rail. Un accident de la route. Nous viendrons à Paris par la route. Cette épreuve cycliste se déroule sur route.
▪ Loc. et expr. Le code de la route ou, simplement, le code, l’ensemble des textes qui régissent la circulation routière. Police de la route, voir Police I. Feux de route, que l’on utilise de nuit lorsque la chaussée est dégagée, en raison de leur forte puissance (on dit aussi, familièrement, Pleins phares ou, elliptiquement, Phares). Prendre la route, commencer un trajet en voiture. Ils ont pris la route après le dîner. Faire de la route, parcourir une longue distance en voiture. Tenir la route, se dit d’un véhicule très stable. Cette voiture tient bien la route, a une bonne tenue de route. Fig. et fam. Sa version des faits ne tient pas la route.
 Titres célèbres : Les Forçats de la route, d’Albert Londres (1924) ; Sur la route, de Jack Kerouac (1957).
3.  Itinéraire, trajet que l’on suit pour aller d’un point à un autre, par terre, par mer ou par air ; direction prise à cet effet. Les routes terrestres, maritimes, aériennes. La flotte prit la route d’Alger. Choisir sa route. Le navire, l’avion a dû dévier de sa route. Je vous déposerai, c’est sur ma route. Inutile de me raccompagner, je connais la route.
▪ Par analogie. Litt. ou vieilli. La route du soleil, son déplacement dans le ciel. Ce fleuve se grossit sur sa route d’une infinité de petites rivières.
▪ Spécialement. Marque de domaine : histoire. La route des épices, nom donné à différents itinéraires qui reliaient, depuis l’Antiquité, l’Orient au bassin méditerranéen et par lesquels étaient acheminées les épices, par terre ou par mer. La route de la soie, réseau de voies commerciales terrestres puis maritimes allant de la Chine aux rives de la Méditerranée, par lequel transitait la soie du iie siècle avant Jésus-Christ jusqu’au xve siècle, et redevenu aujourd’hui une grande voie stratégique et économique. La route des Indes, voie maritime ouverte par Vasco de Gama à la fin du xve siècle, reliant le Portugal aux Indes par le cap de Bonne-Espérance. – Marque de domaine : tourisme. Itinéraire permettant de découvrir les lieux, les sites ou monuments qui, dans une région, ressortissent à un thème donné. La route des vins, des abbayes. – Marque de domaine : transports. Freinte de route, voir Freinte. – Marque de domaine : marine. Faire une route, faire route plein sud, à 180°. Compas de route, compas fixe qu’utilise l’homme de barre pour suivre le cap donné. Route sur le fond ou, elliptiquement, route fond, parcourue par le navire, correspondant au tracé de l’itinéraire sur la carte. Route sur l’eau ou route surface, que suit le navire sur l’eau et qui correspond au cap vrai corrigé par l’angle de dérive. Expr. Faire fausse route, se disait d’un bateau qui changeait d’itinéraire soit volontairement, pour tromper l’ennemi, soit par erreur ; fig., se dit d’une personne qui se méprend sur un propos ou se trompe sur la conduite à adopter dans une affaire. Fausse route désigne aussi figurément, dans la langue courante, le passage involontaire dans la trachée d’un liquide ou d’un aliment. – Marque de domaine : militaire. Anciennement. Indemnité de route, allouée à un soldat devant se déplacer isolément. Les militaires appelés à témoigner devant un tribunal pouvaient toucher des indemnités de route. Chanson de route, destinée à être chantée par les troupes lors de leur déplacement. Feuille de route, document délivré par l’autorité militaire à une troupe en voyage ou à un militaire voyageant isolément, et portant indication de son itinéraire, des étapes, des logements ; aujourd'hui, imprimé délivré à un militaire qui rejoint une nouvelle affectation, lui permettant d’obtenir le remboursement de ses frais de déplacement (on dit aussi, dans le langage administratif, Feuille de déplacement). Par extension. Programme détaillé d’une mission contenant les principales étapes à suivre.
▪ Loc. et expr. Tailler, tracer la route (pop.), partir. Couper la route à quelqu’un, passer devant lui en l’obligeant à ralentir, à s’arrêter. Barrer la route à quelqu’un, l’empêcher de passer et, fig., se mettre en travers de ses projets (on dit aussi Barrer le chemin à quelqu’un). Fig. Se mettre, être sur la route de quelqu’un, faire obstacle à ses initiatives. Frayer la route, donner les moyens ou l’exemple pour atteindre un but.
▪ Fig. Manière d’agir, ligne de conduite qu’une personne se fixe pour arriver à une fin. La route du pouvoir, des honneurs, du succès. C’est la route la plus courte, la plus sûre pour réussir. La route qu’il a choisie ne le mènera pas à la fortune. Spécialement. Destinée, existence. Nos routes se sont croisées à plusieurs reprises. Sa route est toute tracée.
 Titre célèbre : La Route des Flandres, de Claude Simon (1960).
4.  Action de se déplacer, de parcourir du chemin ; espace, distance ainsi parcourus. Interrompre sa route, reprendre sa route. Le château est à une heure de route à pied, à bicyclette. S’arrêter à mi-route.
▪ Loc. et expr. Faire route, voyager. Nous avons fait route ensemble. Faire la route, vivre une vie itinérante, faite d’aventures et de découvertes. Compagnon de route, personne qui voyage avec une autre ; désignait figurément au xxe siècle un sympathisant du parti communiste, qui participait à son action sans en être membre. Lénine qualifiait les compagnons de route d’« idiots utiles ». Carnet de route, voir Carnet. En cours de route ou, elliptiquement, en route. Nous en reparlerons en cours de route. Se mettre en route, être en route. Elliptiquement. En route ! se dit pour donner le signal du départ. En route, mauvaise troupe ! (fam.). Fig. Mettre en route un appareil, le faire fonctionner et, par analogie, mettre en route un projet, commencer de le réaliser.
 Titre célèbre : En route, de Huysmans (1895).
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