sens

I. SENS

Prononciation : (s final se fait entendre) nom masculin
Étymologie : xie siècle, au sens 2 ; xiie siècle, aux sens 1 et 3. Issu du latin sensus, « fait de s’apercevoir ou de percevoir ; sens, sentiment ; intelligence, idée », lui-même dérivé de sentire, « percevoir par les sens ; saisir par l’intelligence ; juger, avoir une opinion ».
↪ voir aussi : II. Sens (n. m.)
1.  Chacune des cinq facultés qui permettent d’éprouver les impressions causées par les objets extérieurs. Les cinq sens sont la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher. Les organes des sens. Au début des « Méditations métaphysiques », Descartes rappelle que, les sens étant trompeurs, leur témoignage doit être mis en doute. Le chien a un sens de l’odorat très fin.
▪ Par extension. Marque de domaine : physiologie. Marque de domaine : psychologie. Chacune des fonctions du système nerveux par lesquelles un organisme appréhende le monde extérieur ou des phénomènes intérieurs à son corps (on dit aussi parfois Sensation ou Sensibilité). Le sens qui permet à un individu de connaître la position relative des différentes parties de son corps dans l’espace est appelé proprioception. Sens de l’équilibre, qui associe des informations vestibulaires, proprioceptives et visuelles afin de stabiliser la posture et le regard. L’écholocation est le sens qu’utilisent certaines espèces de chauves-souris pour se diriger.
▪ Loc. et expr. Le sixième sens, désigne l’aptitude à deviner, à pressentir quelque chose. Rappeler ses sens (litt.), reprendre ses sens, revenir à soi après un évanouissement, sortir d’un état d’agitation et, par extension, se remettre d’une très forte émotion. Il lui manque un sens (vieilli), se dit de quelqu’un qui n’est pas accessible à certaines nuances de sentiment. Marque de domaine : théologie catholique. La peine des sens ou du sens, les souffrances sensibles.
▪ Au pluriel. Besoins, désirs, en particulier d’ordre sexuel. La satisfaction des sens. Assouvir ses sens. Les plaisirs des sens, les plaisirs du corps. Dans le langage de la dévotion. Mortifier ses sens, les soumettre, les dominer en vue de plaire à Dieu, de se racheter.
2.  Faculté de comprendre les choses, de juger selon la raison. C’est un homme de sens, de peu de sens. Il a perdu le sens. S’emploie surtout aujourd’hui dans des locutions et expressions. Tomber sous le sens, être évident, s’imposer à l’esprit. L’entreprise ne peut éviter la faillite, cela tombe sous le sens. Le bon sens, grâce auquel on pense, on raisonne, on agit avec justesse et discernement. Le bon sens populaire, paysan. Des paroles frappées au coin du bon sens. Ses propos sont une offense, un outrage au bon sens. Avoir un gros bon sens, être sensé mais peu subtil. Faire un travail en dépit du bon sens, le faire très mal, sans logique ni méthode. Être hors de son bon sens, avoir perdu la raison. Le sens commun, voir Commun I. Litt. De sens rassis, sans être ému, troublé. Dites-vous cela de sens rassis ?
▪ Suivi d’un complément déterminatif ou d’un adjectif. Disposition naturelle à comprendre, à apprécier, à pratiquer quelque chose. Il a le sens des affaires, de la famille. Le sens des réalités, le sens pratique. Il n’a pas le sens du ridicule. Développer son sens de l’observation. Avoir le sens de l’humour, de la repartie, voir Humour, Repartie. Sens moral, qui permet de juger de ce qui est conforme ou contraire à la loi morale. Il faut avoir perdu tout sens moral pour agir ainsi. Sens esthétique, par lequel on parvient à distinguer le beau du laid.
▪ Par extension. Façon de comprendre, d’envisager les choses ; avis, opinion. Selon mon sens (vieilli), à mon sens, à ce que je crois, d’après moi. Donner (vieilli), aller, abonder dans le sens de quelqu’un, l’approuver, lui apporter des arguments propres à renforcer son opinion.
3.  Ce que veulent dire un discours, une phrase, un mot, manière dont ils doivent être compris, interprétés. Ce ne sont pas ses propres termes, mais c’est le sens de ce qu’il a dit. Détourner, forcer le sens d’un texte. Des paroles à double sens, vides de sens. Dans quel sens faut-il prendre ses propos ? Verbe pronominal à sens réfléchi, à sens réciproque, à sens passif, voir Pronominal. Non-sens, Contresens, voir ces mots. Faux sens, signification erronée que l’on donne à un mot dans une traduction. Marque de domaine : linguistique. Le sens propre, littéral d’un mot, qui vient en premier, renvoie à des réalités tangibles, par opposition au sens figuré d’un mot, l’acception imagée, détournée qu’on lui donne. Ce terme est pris au sens propre, figuré ou, elliptiquement et subst., au propre, au figuré. Sens large, sens restreint. Ce mot admet plusieurs sens. Un glissement de sens. Sens allégorique, métaphorique. Le sens étymologique d’un substantif. Sens ancien, actuel.
▪ Par analogie. Le sens d’un symbole mathématique, chimique. Ce geste n’a pas le même sens selon les cultures. Le sens d’un tableau, d’une œuvre.
▪ Fig. Ils se demandent quel est le sens de son silence, de sa démission. Il veut donner un sens à son action, à son sacrifice. S’interroger sur le sens de la vie. Marque de domaine : philosophie. Marque de domaine : théologie. Signification réelle d’un évènement ou d’un phénomène, qui n’apparaît pas immédiatement, semble masquée. Le sens de la souffrance. Le sens de l’Histoire, désigne, chez certains philosophes, la signification et la finalité des évènements historiques envisagés dans leur succession. Le sens de l’Histoire dans la philosophie de Hegel, de Marx.
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