tomber
I. TOMBER
conjugaison verbe intransitif et transitifÉtymologie : xiie siècle. Dérivé d’une forme onomatopéique tumb‑, évoquant le bruit d’une chute.
I.
I. Verbe intransitif. Conjugaison : (aux temps composés, ne se conjugue plus aujourd’hui qu’avec l’auxiliaire Être).
A.
Être entraîné de haut en bas par son propre poids.
1.
Être emporté d’un point élevé vers un point plus bas ; perdre son équilibre et se retrouver dans une position plus basse.
Tomber d’une fenêtre, par la fenêtre.
Le cavalier est tombé dans un fossé.
Tomber d’une échelle, de bicyclette.
L’enfant est tombé dans l’eau.
Tomber par terre, à terre.
Il s’est laissé tomber dans un fauteuil, sur son lit.
Faire tomber quelqu’un.
Tomber à la renverse.
Tomber sur les genoux.
Tomber de tout son long.
Il est tombé de tout son poids.
Il a failli tomber.
Par euphémisme.
Mourir dans un combat.
Il tomba sous les balles de l’ennemi.
Tomber au champ d’honneur, sur le champ de bataille.
Un soldat tombé pour la patrie.
Tomber les armes à la main.
▪ En parlant d’une chose.
Ce vase est tombé et s’est cassé.
Le fil se brisa et les perles tombèrent sur le sol.
Il a laissé tomber son téléphone.
La chaise est tombée.
Faire tomber le couperet, exécuter un condamné.
Laisser tomber l’ancre ou, simplement, laisser tomber, en termes de marine, jeter l’ancre, mouiller.
Spécialement.
En parlant de précipitations.
La pluie, la neige tombe.
Impers.
Il tombe de la grêle.
Il tombe des cordes, des hallebardes, il pleut abondamment et violemment.
▪ Loc. et expr.
Faire tomber les armes des mains de quelqu’un, le désarmer et, fig., apaiser sa colère.
Tomber de son haut, de sa hauteur, chuter de toute sa hauteur et, fig., être très étonné.
Fig.
Tomber de haut, subir une grave désillusion.
Être tombé bas, bien bas, avoir atteint un état de grande déchéance.
En tomber à la renverse et, pop., sur le derrière, sur le cul, être très étonné de quelque chose.
Il est tombé sur la tête (fam.), se dit de quelqu’un qui agit en dépit du bon sens.
Tomber comme des mouches, mourir en grand nombre.
Tomber de fatigue, de sommeil, d’inanition, en être si accablé, si affecté qu’on peine à tenir debout.
Tomber des nues, être extrêmement surpris, décontenancé par ce qu’on découvre.
Tomber du ciel, voir Ciel.
Tomber de Charybde en Scylla, n’échapper à un mal que pour tomber dans un autre, pire encore.
Tomber de son piédestal, perdre brutalement son prestige, son renom.
Tomber de l’armoire (fam.), être très surpris.
Être tombé du lit, s’être levé très tôt ou plus tôt que de coutume.
Tomber sous la table (fam.), succomber à l’ivresse.
Tomber dans les pommes (fam.), dans les vapes (pop.), s’évanouir.
Les écailles lui sont tombées des yeux, il reconnaît son erreur.
Tomber des mains, se dit d’un ouvrage si ennuyeux qu’on ne peut pas en poursuivre la lecture.
Tomber à plat, ne produire aucun effet.
Fam.
À tomber par terre, extraordinaire.
Laisser tomber quelque chose, y renoncer.
Laisser tomber (pop.), ne pas insister.
Laisser tomber une personne, l’abandonner.
2.
En parlant d’une chose qui est retenue par une de ses parties.
Se détacher.
Ses dents de lait sont tombées.
Ses cheveux tombent par poignées.
Les feuilles commencent à tomber.
Par extension.
Aller vers le bas, s’abaisser, descendre.
Un rayon coloré tombait du vitrail.
Laisser tomber sur quelqu’un un regard de pitié, de dédain.
Le soir, la nuit tombe.
Au participe passé, adjectivement.
À la nuit tombée.
▪ Sans idée de mouvement.
Pendre.
Ses cheveux tombent sur ses épaules.
Les branches des saules tombaient jusqu’au sol.
Un vêtement qui tombe bien, qui épouse harmonieusement la silhouette.
Spécialement.
En parlant d’une partie du corps, s’affaisser, se relâcher.
Des paupières qui tombent.
▪ Expr. fig.
Des têtes vont tomber, certains vont perdre leur poste.
Le rideau tombe sur…, se dit, par référence au rideau de scène, pour indiquer que s’achève une période, une histoire, etc.
Les bras m’en tombent, j’en suis extrêmement surpris.
3.
Se jeter en direction de quelqu’un, de quelque chose, souvent dans une intention déterminée.
Il tomba aux genoux de son père pour lui demander pardon.
Elle tomba au pied de la croix en signe de pénitence.
▪ Spécialement.
Suivi d’un complément introduit par sur.
S’abattre, se précipiter sur quelqu’un ou quelque chose, l’attaquer.
Il tomba sur lui avec fureur et le frappa.
Les ennemis, qui étaient en embuscade, tombèrent sur la patrouille.
Fig.
Faire de violents reproches à quelqu’un, en dire beaucoup de mal.
Son chef est tombé sur lui ou, plus souvent, fam., lui est tombé dessus.
▪ En parlant d’une chose.
Les coups tombaient sur lui.
La foudre est tombée sur la grange.
Fig.
Sa colère tomba sur ceux qui l’entouraient.
Un grand malheur est tombé sur elle ou, fam., lui est tombé dessus.
Le sort tomba sur lui.
Par affaiblissement.
C’est sur la veuve que tombèrent les soupçons.
La conversation est tombée sur vous, sur votre situation.
▪ Loc. et expr.
Tomber sur quelqu’un à bras raccourcis, voir Raccourcir.
Tomber sur quelqu’un, sur quelque chose comme la misère sur le pauvre monde ou, vulgaire, comme la vérole sur le bas clergé, s’abattre sur lui avec brutalité, avidité.
Tomber sur le râble de quelqu’un, voir Râble II.
Fam.
Tomber sur le dos de quelqu’un, arriver à l’improviste et mal à propos.
On lui est tombé sur le casaquin (vieilli), sur le paletot, sur le poil, on s’en est violemment pris à lui, physiquement ou en paroles.
B.
Être dans une situation nouvelle, changer d’état.
1.
Se trouver inopinément devant quelqu’un, quelque chose, ou dans une situation donnée.
Je suis tombé sur lui en sortant de la boulangerie.
Si vous continuez tout droit, vous tomberez sur ma maison.
En ouvrant le livre, je suis tombé sur le passage que je cherchais.
En parlant d’une chose.
Sa remarque tomba au milieu d’un grand silence.
Absolument.
Dans des locutions verbales qui indiquent une coïncidence heureuse ou malheureuse.
Vous tombez bien, mal.
Tomber à pic, à point nommé.
Tomber pile, voir Pile II.
Cela tombe à merveille.
Vous n’imaginez pas à quel point vos propos tombent juste.
Des calculs qui tombent juste, qui correspondent au bon résultat.
▪ Spécialement.
Être soudainement placé dans une situation désavantageuse.
Tomber dans une embuscade, dans un guet-apens.
Tomber au pouvoir de l’assaillant.
Tomber entre les mains, aux mains ou, fam., dans les pattes d’un imposteur.
Il est tombé sous la griffe, entre les griffes d’un escroc.
Fig.
Tomber dans le ridicule, dans l’opprobre.
Tomber dans la misère, le malheur.
Tomber en disgrâce.
En parlant d’une chose.
Son œuvre est tombée dans l’oubli.
Cette pratique est tombée en désuétude.
Cet acte tombe sous le coup de la loi.
▪ Loc. et expr.
Tomber comme un chien dans un jeu de quilles (fam.), survenir mal à propos.
Tomber sur un os, rencontrer une difficulté inattendue.
Tomber sous la coupe de quelqu’un, en venir à dépendre étroitement de lui.
Tomber dans le panneau (fam.), se laisser duper, abuser.
Tomber dans le lacs ou, fam. et par confusion, dans le lac, échouer, ne pas réussir.
Tomber en carafe, voir Carafe.
Tomber en rade (pop.), se retrouver en panne.
Tomber aux oubliettes, dans les oubliettes (fam.), se dit d’un projet écarté volontairement, que l’on ne soutient plus.
Tomber en quenouille, en parlant d’un patrimoine ou de l’exercice du pouvoir, passer par succession aux mains d’une femme (vieilli) ; être laissé à l’abandon, péricliter.
Marque de domaine : marine.
Tomber sous le vent, s’éloigner du lit du vent.
2.
Se retrouver, de façon plus ou moins soudaine, dans tel ou tel état.
Tomber en arrêt, en admiration devant quelqu’un, quelque chose.
Tomber en défaillance.
Tomber en syncope, en léthargie.
En parlant d’une chose.
Tomber en ruine, en morceaux.
Tomber en putréfaction.
Tomber en poussière, en miettes.
Tomber en charpie.
▪ Par extension.
Devenir tel ou tel.
Tomber malade.
Tomber amoureux (on dit dans le même sens, au Québec, Tomber en amour).
Fam.
Tomber enceinte.
▪ Loc. et expr.
Tomber en faiblesse, perdre connaissance (vieilli).
Tomber en pâmoison, être sous le coup d’une très vive admiration, éprouver une sorte de ravissement.
Tomber en enfance, perdre tout ou partie de ses facultés mentales, en retournant à un état proche de celui de l’enfance (on dit plus souvent Retomber en enfance).
Tomber d’accord avec quelqu’un, se ranger à ses vues.
Tomber raide mort ou, simplement, tomber raide, mourir brutalement.
3.
Se laisser aller à tel défaut intellectuel ou moral, à telle attitude blâmable.
Cet essayiste est tombé dans le galimatias.
Tomber dans l’affectation, dans le maniérisme.
Il est tombé dans l’erreur, dans la contradiction.
Tomber dans l’excès, dans le vice.
Dans le langage de la dévotion.
Tomber dans le péché ou, simplement, tomber, pécher.
C.
Décliner, déchoir.
1.
Baisser en intensité, en valeur ; diminuer jusqu’à cesser, disparaître.
Sa voix tombe à la fin de chaque phrase.
Le cours du baril de pétrole est tombé très bas.
Faire tomber la fièvre d’un malade.
La conversation est tombée peu à peu.
Le vent est tombé.
Mes illusions sont tombées une à une.
Cette rumeur tombera d’elle-même.
Toutes les difficultés tomberaient si vous étiez plus conciliant.
Le jour tombe, la lumière diminue à l’approche de la nuit.
▪ Spécialement.
En parlant d’une pièce de théâtre qui connaît un échec, cesser d’être représentée.
Cette pièce est tombée.
Par analogie.
Ce film est tombé très vite.
2.
Perdre sa position de pouvoir ; être vaincu, détruit.
Le ministre tomba quand le scandale fut révélé.
Les manifestants veulent faire tomber le gouvernement.
La place forte tomba après un long siège.
D.
En parlant d’une chose.
Avoir telle ou telle destination, se présenter d’une certaine façon.
1.
Être dévolu à quelqu’un, entrer dans ce qui lui revient.
Cette terre est tombée en partage au cadet.
▪ Expr.
Tomber dans le domaine public, se dit d’une œuvre, et notamment d’une œuvre littéraire, qui, après la mort de son auteur et à l’expiration d’une période fixée par la loi, cesse d’être la propriété des ayants droit et peut être librement reproduite, diffusée ou vendue.
2.
Arriver par hasard en la possession, à la vue, à la connaissance de quelqu’un.
Cette lettre m’est tombée entre les mains, est tombée entre mes mains.
Ce pamphlet est tombé entre les mains de la justice.
Elle a enfilé le premier chandail qui lui est tombé sous la main.
Cette annonce m’est tombée sous les yeux.
▪ Expr.
Cela n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, celui qui l’a entendu en fera son profit.
Tomber sous le sens, être évident, s’imposer à l’esprit.
3.
Rencontrer, rejoindre une chose en un endroit ; arriver à un moment, à une échéance, survenir.
À Paris, la rue Saint-Benoît tombe dans la rue Jacob.
Les débuts de chapitre doivent toujours tomber en page impaire.
Ces deux réceptions tombent en même temps.
Noël tombe un lundi cette année.
Son salaire tombe tous les vingt-six du mois.
La nouvelle vient de tomber, il ne sera pas candidat.
II.
II. Verbe transitif. Conjugaison : (aux temps composés, se conjugue avec l’auxiliaire Avoir).
1.
Marque de domaine : sports.
À la lutte, renverser un adversaire et le contraindre à garder les deux épaules au sol.
Tomber son adversaire.
▪ Par extension. Fam.
Lors d’une compétition, battre un concurrent jugé favori.
Il a tombé le tenant du titre.
2.
Pop.
Obtenir les faveurs d’une femme.
Il l’a tombée.
3.
Fam.
Enlever un vêtement.
Tomber la veste, la chemise.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- tomawak, n. m.
- tombac, n. m.
- tombal, -ale, adj.
- tombant, -ante, adj.
- tombe, n. f.
- tombé, n. m.
- tombeau, n. m.
- tombée, n. f.
- tombelier, n. m. [7e édition]
- tombelle, n. f.
- tomber [I], v. intr. et tr.
- tomber [II], n. m.
- tombereau, n. m.
- tombeur, -euse, n.
- tombola, n. f.
- tombolo, n. m.
- tome [I], n. m.
- tome [II], n. m.
- tomenteux, -euse, adj.
- tomette, n. f.
CONJUGAISON
je | tombe |
tu | tombes |
il, elle | tombe |
nous | tombons |
vous | tombez |
ils, elles | tombent |