traîner

TRAÎNER

conjugaison verbe transitif, intransitif et pronominal
Étymologie : xiie siècle. Issu du latin populaire *traginare, de même sens, lui-même dérivé de *tragere, altération de trahere, « tirer, traîner ; entraîner ».

I.

I. Verbe transitif.
1.  Tirer derrière soi une personne, une chose, souvent pesante, sans la soulever ; faire rouler ou glisser un véhicule derrière soi. Achille traîna la dépouille d’Hector derrière son char. Un bagnard traînant son boulet. Le tracteur traîne une remorque. Des chevaux traînaient une péniche le long du chemin de halage. Des wagons traînés par une locomotive. Il traîne un chariot après lui, derrière lui.
▪ Spécialement. Marque de domaine : bâtiment. Par métonymie. Traîner une corniche, une moulure, la façonner en faisant glisser un calibre sur le plâtre frais.
▪ Expr. fig. Traîner le boulet, être forçat (vieilli). Traîner un boulet, son boulet, avoir une charge ou une obligation pesante, contraignante. Traîner des casseroles (pop.), avoir une mauvaise réputation due à des affaires douteuses. Traîner quelqu’un dans la boue, l’injurier ou répandre des infamies à son sujet. Traîner quelqu’un plus bas que terre, le rabaisser, l’humilier cruellement.
▪ Fig. Il traîne une réputation de lâche, de voleur. En parlant d’une chose. Le repentir que le crime traîne après soi.
2.  Déplacer une partie du corps sans qu’elle quitte le sol, la mouvoir difficilement. Il traînait sa jambe paralysée. Un oiseau qui traîne l’aile, qui, blessé ou malade, a peine à voler.
▪ Expr. Traîner les pieds, la savate, marcher sans lever les pieds ou avancer avec peine et, fig., se faire prier, exécuter une tâche de mauvaise grâce. Fam. Traîner la patte, se déplacer difficilement et, fig., rechigner au moindre effort. Fig. Traîner ses guêtres, flâner sans but, par désœuvrement.
3.  Emporter, avoir avec soi un objet qui embarrasse. Il a dû traîner toute la journée ce grand parapluie.
▪ Par analogie. Elle doit traîner son petit frère chez ses amies.
▪ Fig. Devoir supporter longtemps une chose pénible. Elle traîne cette mauvaise toux depuis des semaines. Traîner son ennui.
4.  Faire avancer une personne de force ; contraindre quelqu’un à aller avec soi quelque part. Il fut traîné au poteau d’exécution. J’ai dû le traîner à son rendez-vous médical. Il l’a traînée à cette soirée.
▪ Expr. fig. Traîner quelqu’un en justice, lui intenter un procès. Traîner tous les cœurs après soi, susciter de nombreuses passions.
▪ Par affaiblissement. Être habituellement accompagné d’une ou de plusieurs personnes données. Il traîne à sa suite une foule d’admirateurs.
5.  Vieilli. Faire durer quelque chose plus que le temps habituel, plus que nécessaire. Ils ont traîné l’affaire en longueur, traîné l’affaire aussi longtemps qu’ils ont pu. Traîner ses phrases, sa voix, prolonger l’émission de certains sons.
▪ Par extension. Faire attendre quelqu’un. Il m’a traîné longtemps avant de me payer.

II.

II. Verbe intransitif.
1.  En parlant d’une chose, d’une partie du corps. Être tiré, entraîné sans être soulevé, sans quitter le sol. Sa cape traînait derrière lui dans l’escalier.
▪ Par extension. Sans idée de mouvement. Toucher le sol en s’étalant plus ou moins. Ces rideaux traînent, il faut les raccourcir. Dans le conte des frères Grimm, les cheveux de Raiponce sont si longs qu’ils traînent jusqu’au sol.
2.  Demeurer à l’état de traînée, de trace. Des nappes de brouillard traînaient dans la vallée. Son parfum traînait encore dans la pièce.
▪ Fig. C’est une erreur qui traîne dans tous les manuels.
3.  Être abandonné négligemment quelque part, ne pas être rangé à sa place. Des jouets qui traînent par terre. Ces papiers ont longtemps traîné dans mon cabinet. Laisser traîner ses clefs, son sac.
▪ Expr. fig. et fam. Avoir l’oreille qui traîne, laisser traîner ses oreilles, écouter une conversation sans y être invité, se montrer indiscret.
4.  Aller trop lentement, rester en arrière ; accomplir sa tâche avec trop de nonchalance. Il traîne toujours en chemin. Ne traînez pas, le taxi attend. Cesse de traîner et termine tes devoirs. Il traîne pour remettre son manuscrit.
▪ Par extension. Rester en un lieu sans rien faire de précis, d’utile ; errer sans but. Traîner au lit. Traîner dans un bar. Des enfants qui traînent dans la rue, dans les rues.
▪ Fig. Demeurer dans un état de grande faiblesse sans pouvoir se rétablir. Il traîne depuis des mois.
▪ En parlant d’une chose. Se prolonger, ne pas se terminer. Ce procès traîne en longueur, traîne. Sa maladie traîne depuis l’hiver. Faire traîner un repas. Ne pas faire traîner les choses, traiter une affaire sans tarder, s’acquitter rondement d’une tâche. Cela n’a pas traîné, c’est arrivé rapidement. Une voix, un accent qui traîne, qui se caractérise par l’émission lente de certains sons.

III.

III. Verbe pronominal.
1.  Se déplacer en rampant, le corps contre le sol. Le soldat blessé se traîna à travers les broussailles. Cette fillette se traîne encore par terre.
▪ Expr. fig. Se traîner aux pieds de quelqu’un, le supplier.
▪ Par extension. Se mouvoir avec difficulté, lenteur ; manquer d’énergie, de vivacité. Il se traîne du lit au fauteuil. Depuis son renvoi, il se traîne.
2.  Se dérouler, passer trop lentement. Les heures se traînent. Dans les deux premiers actes de ce drame, l’action ne fait que se traîner.
Orthographe
◇ Peut s'écrire traîner ou trainer, selon les rectifications orthographiques de 1990.
[règle §3] Les accents et le tréma • accents circonflexes sur î et û.
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