bout
5e édition
BOUT.
subs. mas.■
L’extrémité d’un corps, d’un espace, en tant qu’étendus en long. Le bout d’un bâton. Le bout d’une pique. Le bout d’une perche. Le bout d’une table. Les deux bouts d’une table. Le bout d’une galerie. Le bout d’une allée. Le bout d’un jardin. Le bout d’un champ. Il est logé à l’autre bout de la ville. Courir la ville d’un bout à l’autre. Il lui présenta le bout du mousqueton. Appuyer le bout du pistolet sur l’estomac de quelqu’un. Tirer un coup de pistolet à bout portant, à bout touchant. Le bout des doigts. Le bout du nez. Le bout de l’oreille. Toucher à quelque chose du bout du doigt, du bout du pied.
On dit, Rire du bout des dents, pour dire, S’efforcer de rire, quoiqu’on n’en ait nulle envie.
On dit proverbialement et figurém. qu’On sait une chose sur le bout du doigt, pour dire, qu’On la sait parfaitement bien ; et qu’On a un nom, un mot sur le bout de la langue, pour dire, que Dans le moment qu’on croyoit l’aller dire, il échappe de la mémoire.
On dit d’Une chose qu’on a oublié d’écrire, qu’Elle est demeurée au bout de la plume ; et d’Une chose qui est sur le point d’arriver, qu’On y touche du bout du doigt. Toucher du bout du doigt, se dit encore figurément, pour, User de légèreté, ne pas trop appuyer Il ne faut toucher cela que du bout du doigt.
On dit, Le bout de la mamelle, le bout du téton, pour dire, Le bout ou le mamelon qui est au milieu de la mamelle. Un enfant qui n’a pas encore pris le bout de la mamelle, ou simplement, le bout.
On dit d’Une nourrice dont la mamelle n’a pas de bouton saillant, et ne donne pas de prise à la bouche de l’enfant, qu’Elle n’a pas de bout ; qu’elle ne peut nourrir faute de bout.
On appelle Bouts d’ailes, Les extrémités des ailes de certains oiseaux bons à manger. Une terrine d’excellens bouts d’ailes.
Les Maîtres à écrire appellent Bouts d’aile, Les plumes qui se tirent du bouts des ailes, et dont on se sert pour écrire.
On dit, Un bout de flambeau, un bout de bougie, un bout de chandelle, pour dire, Ce qui reste d’un flambeau, d’une bougie, d’une chandelle. Et dans ce sens, on dit proverbial ment d’Une économie dont on ne peut tirer que très-peu de profit, que C’est un ménager de bouts de chandelle.
On dit aussi proverb. et figurément, Brûler la chandelle, sa chandelle par les deux bouts, pour dire, Consumer son bien en faisant différentes sortes de dépenses également ruineuses.
On dit d’Un grand voyageur, qu’Il a voyagé depuis un bout de la terre jusqu’à l’autre. Et par exagération, en parlant d’Un homme qui est logé dans un quartier fort éloigné de celui où l’on est, on dit, qu’Il est logé au bout du monde.
On dit aussi Du plus haut point où l’on puisse porter une chose dont on fait une espèce d’estimation, que C’est le bout du monde, que c’est tout le bout du monde, si elle peut valoir tant. S’il a cent écus chez lui, c’est le bout du monde. S’il a dix mille écus de cette succession, ce sera tout le bout du monde. Il est du style familier.
■
Bout, se dit aussi d’Un morceau, d’une petite portion de certaines choses à manger, comme boudins, saucisses, cervelas, etc. Il n’a mangé qu’un bout de boudin, qu’un bout de saucisse, etc.
Il se dit aussi pareillement d’Une petite partie de certaines choses, comme ruban, ficelle, corde, etc. Un bout de ruban, un bout de ficelle, etc.
Dans le style familier, on appelle par dérision, Bout d’homme, un petit bout d’homme, Un homme extrêmement petit. Ce n’est qu’un bout d’homme.
On dit adverbialement, À tout bout de champ, pour dire, À chaque moment, à tout propos. Il redit la même chose à tout bout de champ. Il s’arrête à tout bout de champ.
On dit De certaines choses dont les extrémités sont jointes, qu’Elles sont bout à bout l’une de l’autre ; coudre deux toiles bout à bout : et d’Un homme qui ne subsiste que difficilement, qu’Il a bien de la peine à joindre les deux bouts de l’année, ou simplement, Les deux bouts.
Mettre bout à bout, se dit aussi en parlant de l’énumération et de l’assemblage de certaines choses qui ne sont presque rien, à les prendre séparément ; mais qui font un tout considérable regardées ensemble. Si on mettoit bout à bout le chemin qu’il fait tous les jours dans son jardin, il se trouveroit qu’au bout de l’année il auroit fait plus de cinq cents lieues.
On appelle Le haut bout, La place qui est regardée comme la plus honorable ; et Le bas bout, Celle qui est regardée comme l’étant moins. Être au haut bout. Tenir le haut bout. Se mettre au bas bout.
On dit proverbialement et figurém. Au bout de l’aune faut le drap, pour dire, qu’Une chose durera ce qu’elle pourra. On dit à peu près dans le même sens, Au bout le bout.
On dit proverbialem. et figurém. De quelqu’un, qu’Il n’aura une chose que par le bon bout, pour dire, ou qu’Il ne l’obtiendra qu’à des conditions avantageuses à celui qui la donne, ou qu’On ne la cédera que par force. S’il en a envie il ne l’aura que par le bon bout. Et on dit, qu’Un homme tient le bon bout par-devers lui, pour dire, qu’Il est nanti, et qu’il a par-là de grands avantages dans l’affaire dont il s’agit.
■
Bout, se dit aussi De ce qui garnit l’extrémité de certaines choses. Mettre un bout d’argent, un bout de cuivre, un bout d’ivoire à une canne.
On appelle Bout de fleuret, Un bouton de cuir rembourré, qu’on met à la pointe d’un fleuret, de pour qu’il ne blesse ; Bout de fourreau, ou bout d’épée, La garniture de fer ou d’autre métal, qu’on met au bas d’un fourreau, de peur que la pointe de l’épée ne blesse. Et en parlant de souliers, on appelle Bouts, Les morceaux de cuir que l’on met à des souliers à l’endroit où ils sont usés.
On appelle Bâton à deux bouts, Une sorte d’arme offensive, qui consiste en un grand bâton ferré par les deux bouts.
■
Bout, se dit aussi en parlant Du temps et des choses qui ont de la durée, et il en signifie la fin. Au bout de l’an. Le bout de l’année. Au bout du mois. Au bout du terme. Un Fermier qui est au bout de son bail, au bout de sa ferme. C’est une affaire dont il ne verra jamais le bout. Il est à peu près au bout de son travail. C’est une bonne étoffe, de long-tems vous n’en verrez le bout.
On appelle Bout de l’an, Le service qui se fait pour un mort un an après le jour de son décès. Le bout de l’an d’un tel. J’ai assisté à son bout de l’an. Faire le bout de l’an.
■
Bout, se dit aussi de plusieurs choses qui renferment également l’idée de l’étendue, et celle de la durée. Le bout d’un sermon. Le bout d’un discours. Le bout d’une harangue. Il est au bout de son argent. Quand il auroit un million d’or, il en trouveroit bientôt le bout. Il faut l’entendre jusqu’au bout.
On dit d’Un homme qui est près de sa fin, ou qui a rempli jusqu’à la fin toutes les fonctions de sa place, tous les devoirs de son emploi, qu’Il est au bout de sa carrière ; et qu’Un homme est au bout de son rôlet, pour dire, qu’Il ne sait plus que dire, qu’il ne sait plus que devenir.
■
Bout, se dit quelquefois De la moindre partie de certaines choses qui ne devoient point se diviser. Et en ce sens il n’est guère d’usage que dans les phrases suivantes. Entendre un bout de messe. Entendre un bout de vêpres. Je n’ai pu entendre qu’un bout du sermon.
■
Au bout du compte. Façon de parler adverbiale et familière, dont on se sert à la fin d’un discours, d’un raisonnement, et qui signifie, Tout consideré, après tout. Au bout du compte, que lui en peut-il arriver ? Au bout du compte, il n’a pas trop de tort.
■
À bout. Façon de parler adverbiale, dont on se sert en diverses phrases. Ainsi on dit, Être à bout, pour dire, Ne savoir plus que devenir ; Mettre un homme à bout, pour dire, Le réduire à ne savoir plus que faire ni que dire ; Pousser un homme à bout, mettre, pousser sa patience à bout, pour dire, Le mettre eu colère à force d’abuser de sa patience ; Venir à bout d’un dessin, d’une entreprise, pour dire, Réussir dans un dessin, dans une entreprise. p. 166On dit aussi, Venir à bout de faire une chose, venir à bout d’une chose, pour dire, Parvenir à faire une chose, parvenir à la fin d’une chose, en trouver la fin. Il est venu à bout de l’épouser. C’est un livre si ennuyeux que je n’ai jamais pu venir à bout de le lire. Il est venu à bout de son argent, il n’en a plus. Ils sont venus à bout d’une douzaine de bouteilles de vin. On dit, Venir à bout de quelqu’un, pour dire, Le réduire à la raison, le réduire à faire ce qu’on veut. Il est venu à bout de ses ennemis.
■
De bout en bout. Façon de parler adverbiale. D’une extrémité à l’autre. Parcourir la France de bout en bout. Courir la ville de bout en bout.
■
D’un bout à l’autre. Façon de parler adverbiale. Depuis le commencement jusqu’à la fin. Il m’a conté d’un bout à l’autre, tout ce qui s’est passé.
■
Haïe au bout. Façon de parler adverbiale, et du style familier, dont on se sert pour signifier, Encore davantage. Il a dix mille livres de rente, et haïe au bout.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.
VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- bouse, n. f.
- bousier, n. m.
- bousillage, n. m.
- bousiller, v. intr. et tr.
- bousilleur, -euse, n.
- bousin [I], n. m.
- bousin [II], n. m.
- bousingot, n. m.
- boussole, n. f.
- boustrophédon, n. m.
- bout, n. m.
- boutade, n. f.
- boutant, adj. m. [7e édition]
- boutargue, n. f.
- bout-d'aile, n. f. [2e édition]
- bout-de-cul, n. m. [1re édition]
- bout-dehors, n. m.
- bout-de-l'an, n. m. [1re édition]
- bouté, -ée, adj.
- boute-en-train, n. m. inv.